Chapitre 52 -Élisa

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LUNDI

Ce matin, je me réveille l'esprit et le cœur léger. J'ai dormie comme un bébé, ça m'a fait un bien fou. Pour la fin de la nuit, les cauchemars m'ont subitement quittés. La sonnerie du réveil est de ce fait difficile à supporter, j'aurais aimé rester quelques heures de plus au chaud sous ma couette. Je déteste les lundi matins, les profs désagréables et les autres lycéens qui ont encore la tête dans le cul. J'en ai marre de devoir réviser sans cesse pour maintenir mes notes assez haut, de devoir supporter cette réputation d'intello et donc de fille pas marrante. Pourquoi est-ce que le fait de vouloir réussir ses études rimerait avec le fait d'être une personne ennuyeuse? Ras le bol des stéréotypes, des cons, du gouvernement qui nous impose ces heures de tortures! On peut le dire, je suis bel et bien réveillée, en colère contre la terre entière mais finalement pas de si mauvaise humeur que je n'en ai l'air.

J'allume la petite lampe de chevet à ma droite et me redresse pour m'étirer. Tous mes membres sont endoloris, je pense que je vais avoir une belle marque d'oreiller sur ma joue. C'est alors que je sens quelque chose, ou plutôt quelqu'un bouger à côté de moi. Je hurle, comme j'ai pris l'habitude de le faire ces derniers temps dès que quelque chose me surprend ou va de travers. 

Je me lève d'un bond et attrape ma pantoufle en guise d'arme. C'est vrai qu'un chausson me sauverait la vie en cas de danger! J'aurais pu attraper n'importe quoi d'autre: un vase, la tringle à rideaux... mais non, il a fallu que je prenne un chausson.

-Du calme la tigresse, marmonne Tom en se levant.

Il baille bruyamment, se passe la main droite dans les cheveux l'air coupable et fini pas agiter le coussin blanc en signe de paix. Disons qu'on fait la paire lui et moi: l'un avec un coussin en guise de drapeau et l'autre avec un chausson plutôt qu'un bâton, un couteau ou une arme à feu. Imaginez si la guerre s'était déroulée comme ça, il y aurait eu beaucoup moins de victimes... Wow, je délire, les cours d'histoires me sont peut-être montés à la tête. 

-Je... j'avais oublié que tu étais là. Je sais pas trop quoi dire, on a l'air bête, non?

-On est ridicules.... mais je t'adore.

Il me tend les bras et je n'hésite pas une seconde avant de m'y jeter. J'aime ce genre de traité de paix! 

-Moi aussi je t'adore.

Nous restons comme ça quelques minutes jusqu'à ce que Tom ne déface subitement son étreinte et se faufile à toute vitesse dans a salle de bain. Qu'est ce qui ne tourne pas rond chez lui?

Je referme la porte et me laisse tomber en arrière sur le lit. Mon cœur bat bien trop fort, et ce foutu sourire ne veut pas disparaître de mon visage. Se pourrait-il que je sois en train de tomber amoureuse de lui? Non, ce doit être l'idée de retrouver mes amies ou le petit déjeuner que je suis sur le point d'engloutir... Je ne peux pas avoir de sentiments pour mon meilleur ami, de plus j'éprouve déjà quelque chose pour Noah. Ce matin, rien ne semble avoir de sens.

Perdue dans mes pensées je ne regarde pas l'heure et lorsque je tourne la tête vers mon réveil j'ai la mauvaise surprise de constater que cela fait presque vingt minutes que je suis installée de la sorte, à ne rien faire. Pour bien commencer cette semaine de cours harassante je vais être en retard! Quelle poisse!

J'attrape le premier jean qui me tombe sous la main, de même pour le tee-shirt et me précipite vers la cuisine ou un mug de thé m'attend sur le comptoir. Tom me souris de toutes ses dents. 

-Tu as fais un défilé? 

-Merci pour le thé, dis-je en évitant volontairement sa remarque .

Qu'est ce que j'aurais pue lui répondre d'autre? Je pourrais lui dire que je me suis affalée et je n'ai pas vue le temps passer mais j'ai trop honte pour l'avouer. Je déteste avoir honte, alors je préfère ne rien dire. Je préfère qu'il pense que j'ai perdue mon temps à chercher des vêtements plutôt qu'à ne rien faire.

J'attrape le mug encore chaud, j'en bois la moitié en quelques secondes et je croque dans un morceau de brioche. Ce matin: petit déjeuner expresse pour la tête en l'air que je suis.

Je me lave les dents à la va vite et  me précipite dans l'entrée. Tom, bien plus en avance que moi, a déjà enfilé ses chaussures et son manteau, il est assis sur le bord du canapé, la tête plongée sur l'écran de son téléphone.

-Merci de m'avoir attendue, tu n'étais pas obligé tu sais.

-Je ne voulais pas te laisser faire le chemin toute seule, pas après ce qui t'es arrivé.

-Il faudra bien qu'un jour ou l'autre je me débrouille toute seule. C'est très gentil d'y avoir pensé, mais je ne veux pas que tu perde ton temps pour moi.

-Je ne le perd pas, crois moi.

Mon cœur s'affole à nouveau, il faudrait peut- être que j'aille consulter un médecin, si ça se trouve je fais de la tachycardie... 

Sur le chemin, nous rions comme deux gamins, comme quand nous étions petits. Je pense surtout que Tom essaie de me changer les idées et je lui en suis reconnaissante. Quand je suis avec lui j'arrive à oublier tous les problèmes qui me pèsent sur les épaules, ils me soulage à chaque fois que j'en ai besoin. C'est comme si toutes mes peines, mes angoisses, mes peurs, mes traumatismes étaient rangées dans un sac à dos: seule il est bien trop lourd pour que j'arrive à avancer alors que lui, porte ce sac sans problème, m'allège de tout ce poids. Quand je suis avec lui je me sens légère, vivante.

Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant