Chapitre 41 -Élisa

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Je ne me suis rendu compte que je m'étais endormie que lorsque mon téléphone s'est mis à sonner pour me réveiller. Pendant quelques secondes j'ai eu l'impression qu'il était l'heure de se lever pour retourner en cours mais je me suis vite aperçue que je ne m'étais assoupie qu'une heure environ. Je décroche, à moitié réveillée, sans prêter attention à qui je vais m'adresser.

-Allô! dis-je dans un baîllement.

-Éli, viens me chercher...

La voix de mon interlocuteur est pâteuse, est ce que la personne s'est trompé  de numéro? Tom est rentré, non? Heu, oui, enfin je crois. Je n'en suis pas certaine finalement.

-Tom? j'ôse timidement.

-hum.

Au fur et à mesure que je me réveille, mes sens se reconnectent et je reconnais sa voix qui m'a l'air bien différente. Il n'est pas dans son état normal.

-T'es bourré? 

-Bah un peu que je suis bourré, tu verrais tout ce qui me servait dans c'te bar.

-Putain, mais t'es complètement pété en fait. Mais qu'est ce que tu faisais dans un bar? Tu devais aller prendre l'air, te promener, pas te bourrer la gueule espèce d'idiot!

-J'ai mal, viens me chercher.

-T'es où?

- Au parc pour enfants, je me suis planqué juste à côté.

Mais pourquoi s'est il planqué? J'espère qu'il ne va pas effrayer de pauvres enfants venus pour s'amuser et non pour trouver mon ivrogne d'ami. 

Ni une ni deux, je me précipite vers la sortie. J'attrape vite fait un manteau, des gants et une écharpe que j'enfile dans l'ascenseur. 

-Mais qu'est ce qu'il est lent cet ascenseur! grommelé-je seule comme une folle.

Je cours environ dix minutes avant d'arriver au parc mais pas d'idiot aux alentours.

-Tom? Tom?! Tom! 

Mais je ne reçois aucune réponse de sa part. Je décide donc de l'appeler mais sur son téléphone cette fois, en espérant qu'il décroche ou qu'il ai laissé le son pour que je puisse m'y fier pour le retrouver.  Lorsque je l'appelle pour la première fois, il ne décroche pas et je n'entend pas non plus son téléphone sonner. Je commence sérieusement à m'inquiéter, je n'aurais pas due le laisser sortir tout seul. Mais qu'est ce qui lui est passé par la tête? Pourquoi n'est il pas rentré au lieu d'aller dans un bar? Ah les mecs, jamais je ne les comprendrais.

Mes quelques minutes de recherches semblent durer des heures, je sens mon coeur tambouriner dans ma poitrine et mon souffle froid battre mon visage. Mais ou est-il? Je fais le tour du parc en vain, excédé par toutes ces bêtises que je croyais avoir depasées depuis longtemps je décide de m'assoir sur une balançoire, ça fait des années que je n'étais pas monté sur une. Ce léger balancement avec cet air frais qui me frappe le visage m'avait tellement manqué. J'ai l'impression de redevenir une petite fille. J'en oublierais presque que je suis ici, non pas pour me remémorer de vieux souvenirs mais pour retrouver mon colocataire, je compose donc une nouvelle fois son numéro et entend la sonnerie du téléphone de mon ami, je suis la mélodieuse voix de Dan Lewis en fredonnant cet extrait de Be alright, une chanson que nous adorons écouter à fond et qui nous donne envie d'y croire quand tout va mal. Cette mélodie me porte jusqu'à lui et je le découvre endormie dans la cabane pour enfants. On dirait un SDF, et encore c'est une insulte pour ces pauvres gens. Tom ressemble vraiment à une épave, je me demande comment je vais faire pour le ramener jusqu'à la maison. Il doit avoir tellement froid, il n'a pris qu'un manteau, et cette position ne doit pas être confortable pour dormir, ce banc est beaucoup trop petit pour lui. 

Je m'approche de lui et pose ma main sur sa joue, il grogne. Ce devrait être à moi de râler, ça fait une heure que je suis dehors dans le froid pour le ramener chez nous puisqu'il est incapable de le faire seul. C'est moi qu'il a réveillée et obligée à sortir dans le froid alors que j'étais sous ma couette bien chaude. 

je le tire légèrement par le bras, et découvre de l'autre coté de son visage qui était caché par son bras un bleu et du sang seché qui a coulé d'une coupure qui court le long de sa joue gauche.

-OH mon dieu! Mais Tom tu saignes! Comment tu t'es fait ça?

-C'est rien...

-Non, ce n'est pas rien, tu m'as appelé en me disant que tu as mal et là je vois que tu es blessé. Comment tu t'es fait ça? Tu t'es battu?

-hé p't-être.

Génial, j'adore devoir me traîner des mecs bourrés sur des centaines de mètres.

Après l'avoir traîné et menacé à plusieurs reprises de l'abandonner sur le trottoir nous sommes enfin arrivés à l'appartement. Je remercie le bon dieu de ne pas avoir fait tomber en panne l'ascenseur aujourd'hui.
Je l'aurais laissé en bas des escaliers, je n'aurais pas eu la force de le porter jusqu'en haut.
Après être rentrés, je lui soigne ses blessures du visage et l'aide à changer de haut sur lequel alcools et tâches de sang se mélangent. C'est alors que je découvre sur son torse d'énormes bleus.
Je ne l'interroge par sur le pourquoi ou le comment tout ça est arrivé, je lui demanderai demain lorsqu'il se sera reposé et qu'il aura réfléchi à son comportement.

-Bonne nuit Tom, dis-je en embrassant son front.

-Bonne nuit mon amour, marmone t-il.

Mon... amour? Quoi? Ai-je bien entendue ? Non, j'ai due me tromper. Peut-être que sous l'effet de l'alcool il a confondu la voix de Camille avec la mienne. Oui, ce doit être ça, ça ne peux pas en être autrement.

Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant