Chapitre 28 -Tom

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Depuis le violent départ de ma colocataire, je ne fais que de repenser à mes mauvaises actions et à cette gifle qu'elle m'a donné. Je me repasse en boucle cette scène digne d'un film et ça me donne mal au crane. Je n'ai qu'une seule envie en ce moment précis: me vider la tête. J'aimerai pouvoir appuyer sur le bouton off de la télécommande et recommencer à zéro mais malheureusement ce n'est pas aussi simple que ça... Alors, à défaut de pouvoir remonter le temps ou d'effacer les mémoires, j'enfile mon jogging ainsi que mes baskets et je sors de l'appartement pour un footing. Selon moi, courir est le meilleure moyen de réfléchir, de se libérer de ses émotions négatives. De toute manière je n'ai rien à perdre. C'est la première fois que je me lance sans avoir de but précis, en temps normal je me fixe toujours un temps de course ou un parcourt mais aujourd'hui je ne sais pas ou je vais, je laisse mes jambes me guider. Mon esprit s'évade et même si mon cœur s'accélère et que ma respiration se fait plus courte je ne m'arrête pas, je me déchaine encore et encore jusqu'à ce que la sonnerie de mon téléphone coupe la musique qui résonnait dans mes écouteurs. Je sors mon téléphone de ma poche et appuie sur le bouton rouge sans même regarder le nom qui s'affiche à l'écran mais la personne à l'autre bout du fil n'a pas l'air décidé à abandonner et retente une nouvelle fois. Je m'arrête en me disant que si celui ou celle qui est derrière son écran insiste autant c'est que ça doit être urgent ou important. Je ressors une nous fois mon téléphone de ma poche et observe le nom de Camille. Elle à peut-être oublié quelque chose à la maison.

-Allô, mon cœur? Qu'est ce qu'il y a? J'ai pas l'habitude que tu m'appelle. À moins que je ne te manque déjà et que tu voulais entendre ma voix...

-Arrête ton char deux minutes s'il te plaît. J'ai besoin de te parler en face. Est-ce que ce soir tu peux venir devant le lycée?

-Tu ne veux pas plutôt venir à l'appartement? J'ai beaucoup aimé hier soir, j'adorerai remettre ça... Ton attitude de tigresse, c'était juste... waw! 

-Désolée, j'ai des choses plus importantes à faire, lâche t-elle d'un ton qui se veut impassible mais qui est sec.

Outch! Ça fait mal d'entendre ça et surtout dit de cette manière là. Je ne sais pas ce qu'elle veut me dire mais ça n'annonce rien de bon.

-Je viendrais devant le lycée alors. À quelle heure est-ce que tu finis?

-À seize heure quarante-cinq.

-Je serai là. À tout à l'heure. Je t'aime.

-À toute.

Et elle raccroche sans même me dire qu'elle m'aime. Nous ne nous appelons que très rarement mais elle m'avais toujours dis "je t'aime" avant de raccrocher. Son attitude est différente de celle de d'habitude, malgré le fait qu'elle n'étais pas à côté de moi j'ai senti comme un froid entre nous, elle a mis de la distance. Je la sentais peinée et en colère, ce n'étais pas la Camille joueuse et joyeuse que j'ai l'habitude de voir. Il a du se passer quelque chose et même si j'ai peur de ce qu'elle va me dire, j'ai très envie que ces quelques heures passent pour que je la rejoigne. Ma curiosité  me perdra!

Je reprend ma course, un peu essoufflé mais il est hors de question de faiblir. Je ne sais pas combien de temps je ère dans ce bois. Mais quand je regarde l'heure sur mon portable, je vois que je dois être devant le lycée dans quarante minute! Je fais donc demi-tour mais le chemin est long et j'ai beau avoir un bon cardiaux, je ne suis plus en capacité de courir. Je regarde régulièrement l'heure et le temps passe plus vite que je ne l'aurai imaginé. Quand j'arrive à l'appartement il est seize heure quarante. Je ne serai jamais à l'heure! En plus, je dois me changer, je ne peux pas la rejoindre en étant tout transpirant. Je passe rapidement à la douche et à peine cinq minute plus tard, je redescend les escalier et me presse sur le chemin. Je devrais déjà être là-bas depuis quelques minutes. Déjà qu'elle n'avait pas l'air de bonne humeur, ça va être pire avec mon retard...

Quand j'arrive devant le lycée il est un peu plus de seize heure cinquante. Je cherche autour de moi et finis par apercevoir ma tigresse. Je le rejoins et ce n'est que lorsque je lui prend la main qu'elle me remarque mais elle dégage son bras. Ça sent les embrouilles et ne me dit rient qui vaille. Je sent que je vais me prendre une réflexion.

-Tout à l'heure au téléphone, tu m'avais dis que tu serais là mais tu es en retard! Est-ce qu'au moins une fois dans ta vie tu seras capable de faire les choses correctement?!

-Je suis vraiment désolé, j'étais parti courir et je ne me suis pas rendu compte que j'étais allé si loin. Pour être à l'heure il aurait fallu que je vienne sans faire de détour par l'appart' pour prendre une douche mais je n'allais pas venir ici en étant dégoulinant de sueur.

-Désolé, mais t'es tout le temps désolé! J'en ai marre d'entendre cette phrase sortir de ta bouche! J'aimerai qu'à la place de t'excuser tu fasse les choses bien.

Moi aussi j'aimerai bien faire mais cette phrase qu'elle déteste que je prononce, c'est ma porte de sortie, mon dernier recourt en cas de connerie. J'ai conscience que ça doit être pénible de l'entendre mais si je ne m'excusais pas elle m'en voudrait tout autant voir même plus.

-Pourquoi tu reste muet?! Je te demande de bien agir mais toi tu ne me parle même pas d'une exclusion!

-Mais bien sur que si je t'en ai parlé. Je t'ai envoyé un message mais tu ne l'as très certainement pas reçu comme c'est arrivé avec Élisa.

-T'as toujours une excuse. C'est pitoyable de se servir des autres comme bouclier. Assume un peu pour une fois, ça changera. 

Elle se lève du banc sur lequel elle était assise et s'en va mais il est hors de question qu'elle s'enfuit.  Elle ne peut pas me reprocher de fuir les problèmes car c'est toujours elle qui part. Comme les fois précédentes, je lui attrape le poignet mais contre toute attente elle ne me demande pas de la lâcher, elle me caresse la joue de sa main libre puis m'embrasse. Je lâche son poignet pour mettre ma main dans ses cheveux et elle profite de ce moment pour s'éloigner.

-T'es plus facile à manipuler que je ne le croyais.

Quelle fourbe! Elle vient de m'embrasser pour que je sois surpris et qu'elle puisse s'en aller tranquillement. Mais elle ne s'enfuit pas assez vite car c'est moi qui la rattrape et qui l'embrasse mais elle me gifle. Deux claques dans la même journée, ça commence à faire pas mal. Qu'est-ce qu'elles ont à réagir avec de la violence? Je ne suis pas très bien placé pour parler de ça...

-Alors toi tu as le droit de m'embrasser mais pas l'inverse! Les fessés je veux bien mais pas les tartes en pleine gueule, dis-je sur le ton de l'humour.

-Pourquoi tu transforme tout en blague?! Arrête de tout prendre à la rigolade, je commence à en avoir marre.

-Marre de quoi?!

Elle baisse le regard et fixe le sol comme si elle avait peur de prononcer tout haut les mots qu'elle pense tout bas. Et peu à peu j'appréhende sa réponse. Et si c'était de moi tout entier dont elle se lassait?

-T'en a marre de quoi Camille?

-J'en ai marre de ton comportement enfantin, immature et complètement irréfléchi. Je t'aime Tom mais je n'arrive pas à m'imaginer faire ma vie avec toi. Nous serons bientôt majeur et j'ai peur que tu sois plus proche d'un écolier que d'un fonctionnaire. Je voudrais tellement pouvoir croire que tu vas changer et enfin agir comme quelqu'un de responsable, mais je n'y arrive plus.

-Tu me demande d'agir comme quelqu'un de responsable et j'y travaille chaque jour. J'essaye tant bien que mal de devenir quelqu'un de meilleur et en particulier pour toi. Je prend mes responsabilités quand je t'invite dormir à l'appart', quand je te cours après parce que je tiens à toi. Tu ne peux pas me reprocher d'agir comme un irresponsable, tu n'est pas irréprochable non plus. C'est toi qui fuis les problèmes, c'est toi qui vient de m'embrasser à la dérobée pour pouvoir une nouvelle fois t'échapper d'un conflit. Personne n'est parfait, je sais que le fait de prendre les choses à la rigolade peut être énervant pour toi mais ce n'est pas mon but. Si je fais des blagues c'est pour me rassurer, c'est mon bouclier, ma carapace. Et hier soir dans ma chambre, tu me voyais comme un écolier ou comme un fonctionnaire?

Elle esquisse un sourire en entendant cette question qui détend un peu l'atmosphère.

-Comme un PDG, rit-elle. Disons que niveau maturité nous sommes quittes. Et bien que je ne m'imagine pas faire ma vie avec toi, je ne me l'imagine pas non plus sans toi.

Cette fois nous échangeons un baiser qu'aucun de nous deux n'a volé à l'autre. C'est un baiser de réconciliation comme nous en prenons l'habitude.







Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant