Chapitre 17 -Tom

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Ce matin, le réveille est difficile, j'ai passé une mauvaise nuit à me torturer l'esprit. Je me suis repassé en boucle les pires moments de ma journée d'hier, en fait, il n'y avait que des mauvais moments, il ne s'est rien passé de bien à part peut-être le hamburger que j'ai englouti en quelques secondes. Mes amis pourtant habitués à me voir manger comme un glouton m'ont regardés de travers en particulier quand j'ai gobé le flanc au caramel. Mais là n'est pas la question...

Je me lève et me dirige dans la salle de bain en frottant mes yeux et en craquant mes doigts. Si Élisa était à côté de moi, elle me dirait "arrête de faire ça, sinon, plus tard tu auras de l'arthrose". Mais je ne l'écoute pas, je ne l'écoute jamais d'ailleurs, enfin presque. Je ne crois pas à toutes ces histoires d'arthrose...

Je regarde mon reflet dans le miroir et ce qu'il me renvoie n'est pas terrible. J'ai une tête de déterré, on dirait que je me suis transformé en l'un des morts vivants de mon jeu d'hier soir.

J'ouvre le robinet et passe de l'eau froide sur mon visage. Et c'est encore pire qu'avant, je suis aussi rouge qu'une pivoine et j'ai les yeux cachés derrière des cernes que je n'avais jamais eu auparavant.
La journée commence bien...

Quand j'entre dans la cuisine, Élisa a le nez sur son téléphone, elle lève les yeux en entendant l'eau du robinet couler mais elle abaisse les yeux sans même un bonjour. Je pense qu'elle n'a pas envie de me parler.
C'est vrai que j'ai été égoïste, mais ce n'était pas volontairement. J'avais oublié que Élisa était elle aussi dans cette histoire de tromperie.

J'attrape dans le placard un paquet de céréales que j'ai rangé vide hier matin. Je me résous donc à une tartine de beurre, les biscuits diététiques de Éli ne m'enchantant pas. Il me faut du beurre, du sucre et de la farine, que ce soit gras et riche pour me tenir au corps toute la journée. J'ai déjà essayé ses biscuits de régime mais j'ai eu faim toute la matinée.

-Bonjour, dis-je en m'asseyant en face d'elle.

Elle ne répond pas, je sais qu'elle le fait exprès et qu'elle m'a entendue, mais la colère n'empêche pas la politesse. C'est pas mon genre de donner des leçons de conduite, alors pour une fois, je ne vais pas m'en priver.

-Tu pourrais répondre quand je te parle.

Elle se lève comme si de rien était et range ses boîtes dans leur placard respectifs, puis elle pose son verre dans le lave-vaisselle.
Elle attrape son téléphone et le met dans la poche arrière de son jean.

-Bonjour, finit-elle par dire avant de sortir de la pièce.

Et bien, elle en a mis du temps. Mais mieux vaut tard que jamais.

En temps normal, en me voyant entrer dans la pièce, elle aurait mis son téléphone en veille et se serait levée pour me serrer dans ses bras et elle m'aurait posé une question du genre "tu as bien dormi?" ou "alors pas trop fatigué?" ou elle m'aurait dit sur le ton de la rigolade "tu ressemble à Gollum".
Mais ce matin rien de tout ça, m'adresser la parole lui écorchait les lèvres et elle fuyait mon regard.
Elle m'en veut beaucoup de ne rien avoir essayé d'arranger avec Camille. Quel lâche je suis. En plus de perdre ma copine, je suis en train de perdre l'une des choses qui m'est la plus précieuse au monde: mon amitié avec Élisabeth.
Le matin, elle est comme un rayon de soleil qui me met de bonne humeur et quand ça ne va pas qui illumine ma journée mais aujourd'hui les nuages cachent les rayons du soleil et je me retrouve perdue dans le brouillard.

Quand j'entre dans la salle de bain après avoir débarrassé mon petit déjeuner, elle sort de la pièce. Elle me fuie...

Et c'est à ce moment là, en voyant son air triste et sa mine renfrognée que je me rends compte que si je n'essaie pas d'arranger les choses pour moi, je dois le faire pour elle. Je ne peux pas me permettre de la perdre.
J'ai la force d'endurer tout ça, je peux encaisser ma rupture avec Camille mais Éli est trop fragile surtout en ce moment, avec tout ce qui nous est arrivé en moins d'une semaine.
Je ne veux pas regretter d'être resté les bras croisés alors je vais agir!

Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant