Chapitre 22 -Élisa

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Je me sers un thé quand je vois Camille arriver dans la cuisine avec un tee-shirt de Tom sur le dos. Quelque chose me dis qu'elle n'a pas passée l'entièreté de la nuit à dormir  mais jamais je n'oserai poser la question, c'est trop intime, ça ne me regarde pas.

-T'as bien dormie?

-Oui. Merci, dit-elle quand je lui tend un café.

J'avais préparé cette boisson chaude pour Tom mais elle est arrivée avant lui, il n'aura qu'à se débrouiller tout seul pour s'en faire un.

-Est-ce que tu pourrais me prêter des vêtements pour aujourd'hui s'il te plait?

-Oui mais à une condition, ne les laves pas. Si il y a un accident de lessive je préfère que ce soit moi la responsable.

Si jamais les vêtements décolorent, s'abiment ou autre je veux ne pouvoir m'en prendre qu'à moi-même. Si c'est à elle que ça arrive je sais que ce ne serait pas volontaire mais je lui en voudrais et je ne pourrais pas m'empêcher de lui crier dessus ce qui la ferait encore plus culpabiliser.

-OK.

-Tu préfères quoi? 

-Un jean et un pull fin ça ira très bien.

Je pose ma tasse dans le lave vaisselle et je pars m'habiller, j'en profite pour lui trouver ce qu'elle m'a demandé. Quand je sors de ma chambre je tombe sur Tom et Camille en train de s'embrasser. Ça me dégoute, pas dans le sens sal mais dans le sens émotionnel. De voir cette scène ça me rappelle mes déboires sentimentaux. Quand ils entendent qu'ils ne sont pas seuls, ils s'écartent instinctivement et deviennent aussi rouges que des tomates. Mais c'est trop tard, je les ai vues et mon cœur saigne de douleur. J'espère seulement que mes sentiments ne sont pas lisibles sur mon visage. Je n'ai pas envie de gâcher leurs retrouvailles et je ne veux pas non plus qu'ils aient pitié de moi...

-Je te pose les vêtements là, dis-je à Camille en lui montrant l'accoudoir du canapé.

-Merci.

Je m'enfuis dans la salle de bain et me lance dans un exercice de respiration pour ne pas me mettre à pleurer, je ne dois pas céder à la tristesse. Ils sont heureux, je dois me réjouir pour eux au lieu de penser à mes problèmes. Je ne devrais pas réagir comme ça, cette histoire avec Mathieu c'est du passé et ressasser ne fait qu'agrandir cette blessure qui avait commencé à cicatriser.

Je sèche les quelques larmes qui ont réussis à se frayer un chemin malgré mes efforts et me maquille pour cacher mon visage rougis. Honteuse de me mettre dans des états pareils pour des bêtises.

J'enfile mon manteau et mes chaussures puis je me lance en direction du  lycée, seule comme j'en ai pris l'habitude. Je sais que j'aurais pue marcher accompagnée de Camille et Tom mais je ne veux pas m'immiscer entre eux alors qu'ils se sont à peine réconciliés, ils ont besoins d'espace et je ne veux surtout pas les étouffer.

Étant donné que je suis en avance, je m'assois sur un banc dans le hall de mon bâtiment et j'attends l'heure de rejoindre mon cours avec mon téléphone. Mais je m'ennuie, j'ai la tête ailleurs, mon esprit divague jusqu'au moment ou quelqu'un claque des doigts devant moi, certainement pour me faire sortir de ma rêverie.

-Ah enfin, dit Camille, ça fait trois fois que je t'interpelle mais que tu ne me réponds pas, je commençais à m'inquiéter. À quoi tu pensais? Tu peux me le dire si quelque chose ne va pas.

-Je pense à la vie, à tout et rien à la fois. Je m'occupe en attendant mon cours. Et toi? Pourquoi t'es pas avec Tom?

-Il est parti aux toilettes, je n'allais pas le suivre. Il est quelle heure? demande t-elle avant de regarder sa montre. Sept-heure cinquante, suis moi, je sais comment t'occuper l'esprit jusqu'à ce qu'il soit l'heure.

Sa phrase éveille ma curiosité mais je ne suis pas certaine de vouloir "m'occuper l'esprit", de plus nous n'avons que moins de dix minutes. J'ai beau réfléchir mais je ne vois pas ce qu'elle mijote alors je la suis, bien trop curieuse pour renoncer et elle le savait c'est d'ailleurs pour ça qu'elle ne m'en a pas dis plus.

Elle me tire par le bras jusque dehors, l'air frais est bien moins agréable que la chaleur qu'il faisait dans le hall ou j'étais assez confortablement installée. À l'extérieur, j'aperçois Clémence et Léa qui discutent et c'est vers elles que Camille m'entraine, en comprenant ce qu'elle essaie de faire je me stop immédiatement.

-Qu'est-ce que tu fais? Pourquoi tu t'arrêtes?

-Je sais très bien ce que tu as l'intention de faire mais je ne suis pas sure de vouloir me réconcilier avec elles.

Leurs mots envers moi ont étés si dures, leurs paroles si violentes et leur attitude si désobligeante. Elles ont étés méchantes et hautaines avec moi. Elles se sont emportés sans preuves, elles n'avaient pas à s'en mêler. En quelques minutes notre amitié à volée en éclats. Je n'ai plus l'envie ni même la force de me battre, je ne veux pas me réconcilier avec elles maintenant que je connais leur vrai nature, leur comportement médiocre et leur incapacité à savoir gérer une situation de façon mature et responsable. Elles ne valent pas mieux que Mathieu.

-Pour en avoir le cœur net, il faut que tu viennes avec moi, juste pour essayer. Si ça ne marche pas ce n'est pas grave mais au moins tu ne pourras pas regretter de ne pas avoir tenté.

Je ferme les yeux et prend une grande inspiration, je pèse le pour et le contre et je me dis que même si je suis incapable de retisser un lien avec Clémence et Léa je peux au moins rétablir la vérité. Alors je rouvre les yeux et je me remet en route.

Quand nous arrivons à leur niveau Camille me lâche le bras et salut celles que je considérais comme mes amies. Puis je sens leurs regards se poser sur moi, mais je ne baisse pas les yeux, je ne suis pas faible, je ne suis pas ici pour me faire humilier mais pour remettre les choses dans leur contexte sans faire plus de vagues.

-Qu'est-ce que tu fais là?! demande sèchement Léa.

-Je viens prouver mon innocence. Que tu me crois ou pas, ça m'est égal, je te demande seulement de m'écouter. Camille l'a fait et aujourd'hui ça se passe bien mieux entre nous. Je n'est pas couché avec Tom, bien que cela ne vous regarde pas. Notre relation se limite à une amitié peut-être parfois ambigüe mais ça s'arrête là. C'est Mathieu qui s'est fait des idées et qui a répandue cette rumeur stupide.

-Et la photo alors? Ça aussi il l'a inventé peut-être?

-Non. C'est juste un soir ou une nouvelle fois il est venue me harceler. J'étais en pyjama et Tom revenait d'une soirée ou il avait taché sa chemise qu'il venait d'enlever pour la nettoyer.

Elles m'observent, les lèvres pincées et le regard froid. Visiblement elles ont du mal à me croire. De toute manière je me fiche de ce qu'elles pensent. Je savais que c'était une mauvaise idée, mais j'aurai au moins essayé.

-Oh et puis je me fiche de ce que vous pensez! Je ne vois pas pourquoi je suis encore là, à essayer de vous expliquer quelque chose qui ne vous concerne pas!

Je pars, j'en ai plus que marre de toujours devoir me justifier, elles peuvent penser ce qu'elles veulent, ça m'est égal, elles ne font plus partie de ma vie à présent.

Comme d'habitude, mes émotions n'en font qu'à leur tête et je me surprend une nouvelle fois à pleurer pour quelque chose qui n'en vaut pas la peine.

Mais à ma grande surprise, elles me rattrapent et me serrent dans leurs bras.

-Si tu savais comme on s'en veut de t'avoir dis tout ça. On est vraiment désolées d'avoir réagi comme  ça, sans de réelles preuves en plus. On aurait due t'écouter. 

Je disais que je me fichais de ce qu'elles pensaient, qu'elles ne faisaient plus parties de ma vie mais je me rend compte que je me suis trompée. Ma rancœur m'a aveuglée et j'ai pensée des choses que je regrette. Ce lien qui nous unis est trop fort pour que des bêtises pareilles le rompe. Il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine et nous venons de repasser du bon côté de la frontière.



Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant