Chapitre 30 -Élisa

44 4 0
                                    

Ce soir, je suis seule à l'appartement. C'est perturbant de se retrouver seule, d'habitude Tom est toujours là. Et même si je suis en colère contre lui, j'aimerai qu'il soit ici. Sa présence dans l'appartement me rassurerait. J'ai toujours eu peur des voleurs, des kidnappeurs et même si je ne crois pas aux fantômes chaque petit bruit m'affole. Et l'histoire avec Mathieu ne me rassure pas, au contraire elle m'inquiète encore plus. Si il était là je ne serai pas inquiète car il serait là pour me protéger si quelque chose arrivait. Il n'a pas peur du moindre petit bruit et il est assez costaud contrairement à moi. J'ai plus de graisse que de muscle... Je me sens plus en sécurité quand il est là, mais je ne lui admettrai jamais.  Il se venterait que j'ai peur d'un rien, ce qui n'est pas tout a fait faux. Il me dirait que je suis incapable de me débrouiller sans lui et il se croirait indispensable. Et même si j'aime rire avec lui, je n'ai pas envie qu'il trouve de nouveaux moyens de se moquer de moi. Je n'ai pas vraiment le cœur à ça, en particulier à cause de ce qui s'est passé ce midi. En ce moment c'est bien plus compliqué que je ne l'aurai imaginé. Dans les romans d'amour que je lis le meilleur ami est là pour la fille qui souffre, mais dans ma vie ce n'est pas le cas. Mon meilleur ami préfère me faire la misère plutôt que de me soutenir quand j'en ai le plus besoin. Mais de quoi je me plain? Je voulais être autonome, me prouver que je n'ai besoin de personne et surtout pas de lui. Alors pourquoi je suis dans cet état à chaque fois qu'il ne rentre pas? Non! Je dois arrêter de penser à lui, il ne le mérite pas! Je suis certaine qu'il doit bien s'amuser sans penser à moi... 

Pour me changer les idées ou du moins essayer je vais me faire à manger. Voyons ce qu'il y a dans le frigo! Des œufs, du beurre, de la crème et... mon assiette de ce midi qui est dans un bien meilleur état que celui dans lequel je l'ai laissée en partant. C'est Tom qui l'a enveloppée dans du film étirable? Ce n'est pourtant pas son genre de ranger si proprement, en fait dès qu'il le peut il ne range pas. Alors pourquoi? Pour une qui voulait se changer les idées j'en suis très loin. En fait, chaque recoin de cet appartement me rappelle que je n'y vis pas seule mais avec lui. Chaque pièce regorge de souvenirs, heureux ou non. Alors ce n'est pas en restant cloitrée ici que je vais réussir à penser à autre chose. Et si pour une fois je sortais? Plus j'y pense et plus j'ai envie d'accepter la proposition de l'ami de Noah. Ce n'est pas bon de rester enfermé à se morfondre... J'engloutis mon assiette et je débarrasse la table avant d'aller me changer. Pour une fois que je sors, je vais m'apprêter comme il se doit. A bas le pilou et à moi la robe noir sexy accompagné de ses collants fins et bottes à talons. Je regarde le trajet à faire avec google maps et puisque c'est à cinq minutes à pied je décide de marcher. Très vite, je suis guidée par une musique qui pourrait être celle d'une boite de nuit. En arrivant je regrette déjà d'avoir choisi de mettre des bottes à talons. Mais peu importe, ce soir c'est le style avant tout! La porte de la maison est grande ouverte et certains bravent la fraicheur pour boire un verre à l'extérieur qui est plus calme, si on peut dire ça. Ce sera un miracle si je ne perd pas l'audition. J'hésite à rebrousser chemin, me disant que je ne suis pas à ma place dans ce genre de fêtes mais je ne le fais pas. Je rentre dans la pseudo boite de nuit en balayant ces pensées futiles de ma tête.  Me frayant difficilement un chemin je rejoint ce qui me semble être le salon. Je me pose sur un fauteuil libre, qui d'ailleurs est très confortable pour observer ce qui m'entoure. La plupart discutent, accoudés au bar avec un verre à la main, d'autres se déchainent sur la piste de danse et puis certains s'embrassent sans retenu au beau milieu des autres. Et dans tout ça il y a moi, assise seule à regarder les autres s'amuser et se souler. Je me demande vraiment ce que je fais là... Je voulais voir Noah,  mais il à l'air d'être bien au milieu de son groupe avec lequel il rit et joue. Toutes les filles qui l'entourent ne cessent de ricaner à chaque fois qu'il ouvre la bouche. Quelle bande de bécasses! Je préfère de loin rester seule ici plutôt que de me mélanger à ce genre de personnes. Je me plonge dans mon écran de téléphone, lassée de ne rien faire.  Je sens un poids supplémentaire sur le fauteuil et j'ai la mauvaise surprise de tomber nez à nez avec Mathieu.

-Alors ma belle petite Éli, qu'est ce qui t'amène ici?

-Certainement pas toi.

-Je n'y crois pas une seconde, je suis certain que tu rêve de te retrouver dans mon lit, dit-il en faisant glisser sa main sur ma cuisse. 

À ce moment précis, mon corps se contracte. Instinctivement je serre mes cuisses un peu plus fort en espèrant qu'il retire ses sales pates  de moi.

-Alors? chuchote t-il au creux de mon oreille. 

Malgré la musique, je l'entend. Mon cœur bat aussi fort qu'une grosse caisse.  Je veux partir, je n'aurai jamais du venir.

Et sans que j'ail le temps de me rendre compte de quoi que ce soit la main de Mthieu se détache de moi et il finit au sol, heurté par le poing de mon sauveur. Je relève les yeux pour me rendre compte que cette personne n'est autre que l'hôte de la soirée qui m'a si gentiment invité ce midi.

-Putain, de quoi tu te mêle bouffon! Tu veux crever connard?!

Les grossièretés de Mathieu ne m'étonnent plus, c'est devenu monnaie courante.

-Et puisque je suis un connard, autant l'être jusqu'au bout. Dégage de chez moi!

Il le vire à coup de pied au cul de chez lui avec l'aide de Noah et d'un autre que je n'ai jamais vu au lycée.

Tous les yeux sont braqués sur eux et à leur retour vers moi je me sens mal à l'aise d'être si observée. Je déteste être au centre de l'attention. Noah qui m'a remarqué seulement à cause de cet incident s'assoit sur la table basse, de manière à être en face de moi. J'ose à peine lever les yeux, je sens les regard sur nous et je manque de courage pour les affronter. 

-Élisa, ça va?

-Je vais rentrer, dis-je timidement.

Je me lève et traverse la foule qui s'écarte pour me laisser passer. Je déteste voir la pitié et la compassion dans leur regard. Noah me suis jusque dehors.

-Je te raccompagne.

-Non. J'ai besoin d'être seule. Retourne t'amuser. 

-Je ne veux pas te laisser dans cet état et qui plus est seule en pleine nuit.

-Ne fais pas comme si tu en avais quelque chose à faire de moi, tu ne m'avais même pas remarqué jusqu'à ce que ton pote dégage Mathieu de sa fête.

-Bien sur que si mais...

-Mais tu préfère avoir un harem plutôt que de perdre ton temps avec moi. Ne t'inquiète pas, j'ai très bien compris alors fou moi la paix.

Je pars sans le laisser en dire plus. Je ressens un léger pincement au cœur mais ce n'est pas grave. Ce soir j'ai compris que pour lui aussi je ne suis qu'une conquête parmi tant d'autres. Mais je suis heureuse d'avoir appris ça avant qu'il ne se passe quoi que ce soit entre lui et moi.


Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant