Chapitre 42 -Tom

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Ce matin, c'est avec un mal de crâne atroce que je me réveille. En me redressant, je souffre le martyre, ce n'est qu'en me regardant dans le miroir et en voyant d'énormes bleus et coupures que je comprend pourquoi j'ai aussi mal. Au fur et à mesure que les minutes s'écoulent, de vagues moments de ma soirée me reviennent en mémoire. Je me rappelle être partie pour ne pas faire de bêtise avec Élisabeth, mais c'est en me retrouvant seul que j'en ai le plus fait. Je suis un idiot, un gamin incapable de se retrouver seul et d'être sage. J'ai bu comme un trou, un problème :une solution et avec moi évidemment c'était l'alcool. Mes vieux démons refont surface. Mis à part cela, je ne me rappelle plus de grand chose, je ne sais pas comment je suis rentré, ni  pourquoi je ne suis plus dans la même tenue qu'hier. Je jette un rapide coup d'oeil a mon téléphone qui ne veut pas s'allumer, évidemment il est déchargé. Je le branche en priant pour ne pas l'oublier avant de partir en cours et me dépêche d'aller me préparer en voyant l'heure qu'il est. C'est avec un jean et un sweat que je me retrouve à courir jusqu'à la cuisine ou je retrouve Élisa qui finit son petit déjeuner. 

-Tiens tiens, qui voilà, c'est notre grand écorché.

-Comment tu sais?

-Ca se voit sur ta tronche, lâche t-elle en souriant.

Elle est de bonne humeur ce matin. Quelle sadique ! Elle se réjouit de mes malheurs.

-Comment je suis rentré hier?

-Avec les flics, lâche t-elle avec un petit sourire.

Mais qu'est ce que j'ai fait pour en arriver là? Plus jamais je ne sors tout seul et je me réfugie dans un bar. Je suis vraiment trop con. Que ce soit avec l'aide de l'alcool ou non je ne sais que m'attirer des ennuis qui cette fois se terminent chez les flics qui plus est.

-Hein?!

-Mais non idiot, tu m'as appelé et je t'ai traîné jusqu'ici.

Oh la salope, elle aime vraiment se moquer de moi. Je n'aime vraiment pas quand elle est de bonne humeur a ce point. Mais je suis rassuré de m'être inquiété pour rien.

-C'est toi qui m'a aidé à me changer? 

-Je dirais que c'est toi qui ne m'a pas aidé à te changer. On aurait dit un bébé tellement tu était cuit. J'ai due tout faire, limite te changer la couche.

 Quel boulet je fais, je suis vraiment un incapable. J'ai vraiment l'impression d'être un poids pour elle. Elle n'est pas ma baby-sitter et pourtant elle doit veiller sur moi comme si j'étais un nourrisson.

-Et tu as une idée de comment je me suis fait ces bleus et coupures?

-Non, je comptais te le demander ce matin mais visiblement tu ne t'en souviens pas... La mémoire te reviendra, en tout cas je doute que tu te sois fait ça tout seul même si pour les conneries tu n'as besoin de personne.

Elle a raison, c'est l'une des seules choses pour lesquelles je n'ai besoin de personne. Mal agir, ça je sais faire, mais réfléchir semble moins à ma portée.

-merci de me rappeler que je suis un minable.

-Caliméro le retour! Ne te vexe pas.

Je me frotte le visage, histoire de réveiller ma peau endormie. J'espère vraiment retrouver la mémoire, je veux savoir comment j'en suis arrivé là. Lorsque ma main passe sur la blessure de ma joue, que l'espace d'une minute j'avais oublié, je m'accroche dans ma croûte de sang qui s'arrache en relançant ma douleur et un beau filet rouge s'écoule de ma joue..

-Ne te gratte pas! Tu vas arracher la croûte.

-Mais je ne me gratte pas...

-Menteur!

-Enquiquineuse!

-Sale gosse!

-Tu vas voir le sale gosse! Attend que je t'attrape.

Mon attitude de gamin reprend le dessus, je ne peux m'en empêcher. Il n'y a qu'elle que je connais à ce point, il n'y a qu'avec  elle que je peux me montrer si puéril et enfantin. Parfois, rien qu'en un regard je comprend que le jeu est lancé et malgré l'heure qui tourne et l'heure des cours qui approche elle me donne son feu vert. Trois! deux! un! c'est partit! Je m'élance à sa poursuite autour de l'îlot de cuisine, puis dans le salon. Elle se faufile derrière le fauteuil, évite les coussins que je lui lance telle une gymnaste. On se croirait dans mario kart mais sans les kart et mes carapaces sont des coussins de canapé... Elle se dirige ensuite dans le couloir ou je finis par l'attraper par la taille. Je suis fière de constater que je suis toujours plus rapide qu'elle. A mon contact, elle pousse un léger cri de surprise et glousse tout contre moi. Sa tête contre mon torse, sa respiration saccadée, son pyjama au minishort, tout son être se révèle en un instant changé. Elle n'est plus la petite Élisabeth dont je tirais les couettes, elle est cette superbe fille dont les cheveux balayent mon visage. Lorsqu'elle se retourne en souriant, mes doigts froids frôlent la peau douce de son ventre. Elle frissonne légèrement à mon contact. Et moi je suis figé, glacé par cette beauté que je m'efforce d'ignorer depuis des années. Je me surprend à imaginer... Non, je ne peux pas!Je ne dois pas! Elle a beau être si... non non et non. C'est une amie, celle avec qui tu as pratiquement été sur le pot! Je ne dois pas la voir autrement, elle est juste Élisabeth, ma plus vieille amie d'enfance, ma meilleure amie...

-Hé t'as les mains froides!

-Dé-désolé.

-Bon, on s'est bien amusés mais je dois aller à la douche avant d'aller en cours.

Je la lâche et elle passe la porte de la salle de bain mais au dernier moment je l'empêche de la fermer. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée, tout ce que sais c'est que je ne veux pas qu'elle s'éloigne. Ma tête me dit de la lâcher mais mon cœur m'en empêche. Mes sentiments l'emportent une nouvelle fois sur ma raison.

-Quoi?

-T'as oublié ça, dis je en la plaquant contre la porte de la sale de bain et en posant mes lèvres sur les siennes.

Je passe l'une de mes mains dans ses cheveux indisciplinés et légèrement emmêlés. Mon autre bras entoure sa taille. Ses baisers son doux et torride la fois, j'aime le goût qu'ont ses lèvres, le contact de sa langue. J'aime ce goût d'interdit que représente un baiser avec elle. Je donnerai tout pour elle, je la protégerait plus que tout au monde.  Hier, c'est en la protégeant que je me suis blessé. La mémoire me revient, elle est vraiment un antidote, grâce à cet instant ma soirée d'hier devient beaucoup plus clair. Mais malgré ce désir et cette passion qui nous dévore nous ne pouvons pas faire cela, je n'en ai pas le droit. Ma raison reprend le dessus sur mes sentiments même si c'est certainement trop tard...

-Eli, tu vas être en retard...

- c'est toi qui m'empêche d'aller à la douche.

- Et bien vas y.

-Sors de là d'abord. Tu veux pas la prendre avec moi pendant qu'on y est?

J'aimerais tellement dire oui mais je ne peux pas tromper Camille, je ne peux pas faire ça avec ma meilleure amie qui plus est.

-Je suis désolé mais je dois renoncer à cette proposition alléchante.

-Jamais je ne t'aurais laissé me suivre. Cours toujours!

C'est justement vers elle que j'aimerais courir. Tout ce que je voudrais en cet instant, c'est la prendre par la main, et fuir avec elle loin de ce monde, de nos résponsabilitées, de tout nos problèmes mais surtout je voudrais m'enfuir loin de tout ce qui m'empêche d'être avec elle.

Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant