Chapitre 51 -Tom

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LUNDI

Alors que je dormais profondément, je suis réveillé en sursaut par un cri. Je me lève précipitamment et m'empare de l'un des sabres qui trône en décoration en plein milieu du mur au dessus de mon bureau. J'allume avec précipitation la lumière du salon, jette un rapide coup d'œil à la porte d'entrée qui est bel et bien fermée et cours jusqu'à la chambre d'Élisa d'où sortent les hurlements. Lorsque je l'entend crier "au secours", mon cœur manque un battement. Et si Mathieu était revenu? Et si cette fois j'arrivais trop tard? Et si il tentait de la tuer pour se venger d'avoir été balancé à la police? En ouvrant la porte, je m'attend au pire, je respire anormalement, secoué par la peur et l'adrénaline qui s'emparent tour à tour violemment de mon corps. Mais le spectacle auquel j'assiste est bien différent de celui que je m'étais imaginé, heureusement je retrouve ma coloc demeurant seule dans son lit.  Je pousse un immense soupire de soulagement, content de la trouver seine et sauve. Mais alors pourquoi criait-elle?

-Lâche moi! hurle t-elle.

Son corps entier tremble, elle semble secouée par la panique et s'agite dans tous les sens, coincée sous la couette. Plus les secondes passent plus elle semble être terrifiée. Les traits de son visage se déforment, on peut y lire la douleur et la terreur. Ses battements de jambes semblent mimer une course veine, une bagarre inégale... Pourquoi se débat-elle de la sorte?

-Non! Non! s'écrie t-elle à nouveau. Je ne veux pas!

Ses cris s'intensifient à mesure que son cauchemar dure. Ce dernier lui fait sans doute revivre le choc qu'elle a subit, le souvenir effroyable que lui a laissé Mathieu s'introduit jusque dans son sommeil. Il ne la laissera jamais donc tranquille... Quelle pourriture! Jamais il ne la laissera... Il hantait déjà ses journées mais ça ne lui a pas suffit, il fallait aussi qu'il s'attaque à ses nuits, à ses rêves paisibles, à son cœur léger, libéré des soucis qu'apporte le soleil en se levant.

Ses cris me brisent le cœur, je ne supporte pas de la voir comme ça, pas encore. Je décide donc de la réveiller. Je dépose le sabre à mes pieds pour éviter de blesser quiconque puisque visiblement nous ne sommes que deux dans cette chambre et je m'approche d'elle. L'une de ses mains, quelle ne contrôle plus me frappe violemment le visage. Aïe. Mais à sa place j'en aurais certainement fais autant, Mathieu mérite bien de se prendre quelques claques supplémentaires. Je pose ma main sur son épaule et elle ouvre les yeux en hurlant, surprise par ce contact qui doit lui rappeler des atrocités. Son corps s'éloigne à l'autre bout de la pièce en une fraction de seconde, enveloppée dans sa couette qu'elle semble utiliser comme bouclier.

-C'est moi, Tom, dis-je en levant les mais au ciel en guise de signe de paix.

Elle se cache derrière son linge de lit et se laisse glisser le long du mur avec un soupir. Des sanglots lui échappent et son si jolie visage se retrouve rapidement envahit de larmes. Est ce qu'elle pleure à cause de son cauchemar? Ou bien est-ce à cause de moi? Lui aurais-je fais peur? Ou pleure t-elle de soulagement car ce n'était qu'un cauchemar?

-Désolée, sanglote t-elle.

Son visage est rougi par les larmes tout en étant blanchi par l'effroi.

-Non, c'est moi. Je n'aurais pas du te réveiller de cette manière.

Je m'en veux de l'"avoir réveiller en la touchant, j'aurais du savoir que ça lui rappellerai Mathieu, que son cauchemar prendrait vie. J'aurais du anticiper.

-Et comment tu m'aurais réveillée? Tu as bien fait. Je préfère ne pas dormir que de faire ce cauchemar atroce.

-Je t'ai entendu crier depuis ma chambre, j'ai cru qu'il était revenu...

Si elle savait que j'ai eu plus peur pour elle que pour ma propre vie, si elle savait que je ferais tout pour elle... Non, elle le sait et ça ne changera rien. Être inquiet pour sa meilleure amie c'est normal.

-Dans mon rêve en tout cas il était là, et tu n'arrivais pas alors il me faisait les pires atrocités...

-J'avais pris mon sabre au cas où il soit réellement là, dis-je en désignant l'arme au sol.

-Tu comptais me sauver avec ça? Tu aurais fais quoi? Comme à la renaissance tu lui aurais coupé la tête? ajoute t-elle avec un léger rictus.

TOUT, je lui aurais tout coupé, la langue, les mains, le sexe, je lui aurais arraché les yeux et coupé la tête. Si il avait fallu que je me retrouve en prison, je l'aurais fait, sans hésiter, sans regretter.

-Si cet enfoiré avait reposé les mains sur toi, j'aurais été capable de tout...

-Mais il n'est pas là. En tout cas, merci d'avoir volé à mon secours.

-Bonne nuit, dis-je en m'éloignant.

C'est alors que j'appuie sur l'interrupteur qu'elle se relève et m'interrompt. Quelques peu surpris, je me retourne vers elle un sourcil arqué.

-Non, reste. Reste avec moi, je me sentirai plus en sécurité si tu es là.

Sa voix sonne comme un supplice. Elle est pour moi une douce caresse qui parvient à mes oreilles. Sa proposition me surprend, elle d'habitude si forte et indépendante me demande de l'aide, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Les derniers évènements doivent encore plus l'affecter que je ne l'imaginais pour qu'elle me supplie de rester auprès d'elle. Sa proposition n'est pas pour me déplaire, au contraire mais je sais que si elle me demande ça c'est parce qu'elle ne va pas bien du tout, c'est cela qui me fais le plus de peine.

-Tu es sure de toi?

Pour toute réponse elle hoche la tête et regagne son lit en me faisant une large place du côté de la porte. Je m'installe au près d'elle sous l'immense couette blanche imprégnée de son odeur de Monoï si envoutante. J'espère que ma présence l'aidera à fermer ses beaux yeux verts. J'aimerai lui permettre de s'endormir l'esprit tranquille pour les quelques heures qui nous séparent d'un réveil matinal avant une énième journée de cours harassante.


Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant