Chapitre 14- Élisa

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Après avoir serré Tom dans mes bras pendant une bonne demi-heure, à l'écouter pleurer après m'avoir raconté son histoire, je l'ai laissé rejoindre sa salle de classe.
Cette histoire me rend folle, Mathieu et ses mensonges me mettent hors de moi et la tristesse de mon meilleur ami me fend le cœur, je suis dans tout mes états et tout ça à cause de quoi? À cause de Mathieu qui n'est pas capable de tourner la page et qui lance des rumeurs sans vérifier ses sources.

Je jette un coup d'œil à mon téléphone qui indique midi vingt. Je m'assois sur un banc à quelques mètres du foyer en attendant l'heure à laquelle Noah m'a donné rendez-vous.
Je regarde les gens passer devant moi, certains me regardent et je vois sur leur visage qu'ils se disent un truc du genre "oh elle n'a pas d'amis, elle est toute seule" et je dois avouer qu'ils ont raison. Camille, Léa et Clémence me détestent pour un crime que je n'ai pas commis. Même si je leur prouvais par a+b que je ne suis pas coupable et que par miracle elles me croyaient, notre amitié n'en sortirait pas indemne. La confiance est l'un des piliers de l'amitié et il s'est écroulé sans que j'ai pue faire quelque chose pour le soutenir.
Cette situation me désole, je n'ai rien demandé et tout ça me tombe dessus. Au départ, je suis juste sortie avec un garçon qui me plaisait et à qui je plaisais en retour. Tout était normal dans ma vie alors pourquoi une histoire de cul fout tout en l'air? Si il ne m'avait pas trompé ou si je l'avais pardonné tout serait différent, rien de tout cela ne serait arrivé.
Sa tromperie m'a fait mal, la séparation m'a fait mal mais ce qui me fait le plus souffrir c'est ce que je vis en ce moment.
Je me suis toujours imaginée que le plus dur c'était l'après, que ce serait plus simple quand je me serais remise de la trahison et de la rupture, je n'avais jamais imaginé que ce serait maintenant. Tout mon monde s'écroule, je croyais avoir des amis qui me faisaient confiance, un petit copain qui m'aimait mais non, je vivais dans le mensonge. Il ne me reste plus rien, je ne peux compter que sur moi-même. Un jour Tom lui aussi finira par me trahir si ce n'est pas déjà fait dans mon dos.

-Tu pleure?

Je relève la tête vers Noah qui me regarde avec un air légèrement inquiet.
Je passe ma main sous mon œil et oui je pleure, je ne m'en étais même pas rendu compte, j'étais trop occupée à me lamenter sur mon pauvre sort.

-Ça ne va pas?

-Si. J'ai juste une poussière dans l'œil.

Excuse bidon je sais. Mais je le connais à peine, je ne vais pas lui raconter ma vie de Caliméro. Je ne veux pas qu'il ai pitié de moi, assez de gens le font.

-Mouais.

Il n'a pas l'air très convaincu mais ne dit rien de plus. Il se doute sûrement que si j'ai utilisé une excuse c'est pour ne pas déballer mes déboires.

J'attrape mon sac que j'enfile sur mes deux épaules et replace ma mèche de cheveux en cavale.

-On y va?

-En route Simone!

Oups ça m'a échappé. Il va me prendre pour une vielle ringarde.

-T'as déjà oublié mon prénom c'est ça?

Je ris à sa question et en voyant son air sérieux je me ressaisis.

-Non, c'est une expression.

Heureusement qu'il vient d'un autre pays et que de ce fait il n'a pas compris. Sinon bonjour la réputation.

Je passe ma carte devant le lecteur après avoir lavé mes mains chose que très peu de lycéen font...

Ce midi c'est hamburger, la nourriture qui chie partout quand on la mange. À chaque fois j'en ai plein autour de la bouche et sur les doigts. Très sexy...

Il s'assoit à une table et je m'installe en face de lui.
J'enlève ma veste que je prend soin d'installer sur le dossier de ma chaise.

Je mange ma salade en veillant à ne pas manger la bouche ouverte et en essuyant le maigre filet de sauce qui en découle.
Je regarde ensuite mon assiette. Comment je vais manger ça sans passer pour une truie?
Je le regarde discrètement et il le prend à pleine main. La sauce coule partout.
Je crois que je suis folle, même comme ça je le trouve beau.

Je croque à pleine bouche dans mon repas et là: misère. La sauce lui gicle au visage. Merde! Quel boulet! C'est pas possible d'être aussi maladroite! Pourquoi ce genre de truc n'arrive qu'à moi?

Il relève la tête vers moi. Pose son repas dans son assiette. Trempe son index dans la sauce tomate et... rapproche son doigt de mon visage. Qu'est-ce qu'il fait?
Il étale la sauce sur mon nez avec un sourire radieux au visage. Et je me mets à rire tout comme lui.
C'est ce genre de moments que j'aime, des moments simples mais qui me semblent suspendus des autres.

-Ah oui d'accord. Mais t'es encore pire que j'imaginais en fait. Ça te suffit pas de te taper Tom, il faut en plus que tu t'en face un autre.

Je relève la tête vers cette voix arrogante que je reconnaîtrais entre mille. Mathieu est là, encore à chercher des problèmes. Je crois que j'ai parlé trop vite.

Noah et lui se dévisagent. Un duel de regard se lance, j'ai l'impression d'être une poule pour laquelle deux coq vont se battre.

Une veine du bras musclé de Noah se fait plus visible lorsqu'il ressert le poing.

-Ah oui, parce que t'es pas au courant. Sous ses airs de sainte nitouches se cache une grosse salope, ajoute Mathieu.

Je me lève et le gifle. Je peux accepter beaucoup de choses mais pas les insultes et les mensonges. Il me fait sortir de mes gonds, il a le don de me mettre hors de moi. Je ne le laisserai pas m'humilier une nouvelle fois et encore moins devant Noah.

-T'as vue, la fessée c'est son truc.

Les accompagnateurs de mon ex ricanent, fidèle à eux même, tout en sifflant. La fessée ça les excites c'est ça?

Mais quel idiot ce mec, ce n'est pas possible. Une claque ne lui suffit pas, il en veut une autre?
Non, il n'attend que ça, je ne vais pas lui donner cette satisfaction. Je vais lui répondre en adulte et il va s'en mordre les doigts.

-Peut-être mais aujourd'hui ça ne te concerne plus. Plus rien de moi ne te concerne. Et la grosse salope comme tu dis, tu l'aimais bien à une époque. La seule raison pour laquelle tu continue de m'emmerder c'est parce que t'es encore accro et que t'es dégoûté que je t'ai largué comme une merde. De toute manière je me demande encore comment j'ai pue aimer un débile pareil, enfin si je t'ai aimé un jour.

Noah étouffe un rire à l'aide de sa main alors que les amis de Mathieu rient à gorge déployée. Je crois que mon discours à fait son petit effet.

-Moi non plus je ne t'aimais pas, c'était juste pour le sexe.

-C'est pour ça que t'es revenue en chialant comme une merde? Parce que t'es pas capable de satisfaire tes envies tout seul?

-Pff, Conasse.

Il tourne les talons. Incapable de trouver un argument, il s'en est remis aux insultes mais ça ne m'atteint pas.

-Ça va? demande Noah.

-Oui.

-Tu sais que t'as fait ton discours avec de la sauce sur le nez? ricane t-il.

J'avais complètement oublié. J'ai due perde toute ma crédibilité. Tant pis, le ridicule ne tue pas, heureusement.
Alors, je rie avec le beau gosse avec qui j'ai la chance de partager ce repas, je profite de l'instant sans me soucier e tous les problèmes qui m'entourent.

Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant