Chapitre 19 -Élisa

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Quand j'arrive enfin dans le hall de l'immeuble, je suis trempée jusqu'aux os. J'ai eu beau courir et mettre ma capuche, les gouttes d'eaux ont quand même réussis à se frayer un chemin. Saleté de pluie! Je hais l'automne, la seule chose que je trouve bien en cette saison ce sont les couleurs de rouge, de jaune et de orange que prennent les arbres avant de perdre leurs feuilles. Bon, il y a Halloween mais ça fait des années que j'ai arrêté d'aller chercher des bonbons chez les gens en utilisant la fameuse phrase "des bonbons où un sort?". Je me rappelle qu'une fois, après avoir sonné chez un voisin, il avait ouvert la porte avec un masque tout droit sorti d'un film d'horreur et nous avait fait la plus grosse peur de notre vie à Tom et à moi. Mais maintenant, les soirées de trente et un octobre, nous regardons un film d'horreur, enfin surtout lui parce que moi, je passe la soirée avec la tête dans un coussin et lui il s'amuse à me faire encore plus peur en me pinçant ou en criant tout d'un coup comme il aime si bien le faire.

J'empreinte l'ascenseur pour rentrer mettre des vêtements secs le plus vite possible. Je sors ma clef avant même d'être arrivée. Quand j'entre dans l'appartement, je m'empresse de retirer mon manteau et mes chaussures puis je m'enferme à clef dans ma chambre au cas ou mon idiot de colocataire arriverait et ouvrirait la porte sans frapper comme l'autre jour. J'enfile un jean et un sweet-shirt, je n'ai pas de raison particulière de bien m'habiller et puis pour une fois je vais me détendre dans des vêtements confortables. 

Une fois habillée, je m'installe dans le canapé avec le livre que le prof de français nous a dis de lire. Je suis certaine que la moitié de la classe ne fera même pas l'effort d'ouvrir le livre et que certain ne liront que les premières pages, se disant qu'il y aura quelqu'un d'assez gentil ou bête qui leur fera un résumé. Moi je fais l'effort de lire mais je n'en fais pas profiter les autres. J'estime que le temps que je passe à lire, c'est le temps que je ne passe pas à sortir et à m'amuser alors je ne vois pas pourquoi ceux qui passent du bon  temps pourraient profiter du travail des autres. En même temps, pour moi ce n'est pas un choix très difficile à faire, je ne sors plus parce que je n'ai plus d'amis et parce que j'ai peur de tomber sur Mathieu. J'essaie d'être impassible quand je le vois, j'essaie de lui montrer que ses actes ne m'atteignent plus mais à l'intérieur je dois bien avouer que la blessure qu'il m'a causé n'est pas totalement guérie. Par sa faute, j'ai peur de me rapprocher de Noah, j'ai peur de revivre la même expérience catastrophique, de ressentir la même douleur, la même colère, la même tristesse...

Je tourne les pages du livre "Le malade imaginaire" de Molière en essayant de comprendre ce que je lis, ce qui n'est pas facile étant donné que ce livre à été écrit il y a plus de trois-cent cinquante ans.

Je suis interrompue dans ma lecture par le bruit des clefs dans la serrure. Je décide de me replonger dans ma lecture sans prêter attention à l'arrivée de Tom. Mais quand j'entends la voix de Camille, je relève immédiatement la tête. Qu'est ce qu'elle fait ici? Je croyais qu'ils avaient rompus. Qu'est ce que c'est que ce bazar?

Il se passe bien trop de choses dans ma vie en ce moment. Je ne sais plus où donner de la tête avec tout ça.

-Bonjour, dit la rousse à mon intention.

Je ne répons pas. Je ne vois pas pourquoi je serrais polis et agréable avec elle alors que je me suis fais insulter et rabaisser sans avoir eu le temps de dire quoi que ce soit pour prouver mon innocence. Ce n'est pas elle qui à parlé cert mais elle ne m'a pas défendue non plus, elle a crue aux mensonges de mon ex alors qu'elle savait parfaitement qu'il avait une dent contre moi depuis notre rupture.

-Tu ne réponds pas? demande Tom sur un ton irrité. La politesse c'est pour les chiens? Déjà ce matin j'ai eu l'impression de te l'arracher de la bouche. Et tu osais me donner des cours de savoir vivre alors que dire bonjour c'est la moindre des choses et que tu ne le fais même pas. 

Alors là, trop c'est trop. Je referme mon livre et le pose sur la table basse en face de moi. Comment peut-il me dire ça? Il ne sait pas ce qu'elles m'ont dis. Il ne sait pas pour quel genre de personne je suis passée. Il ne sait pas combien je me suis sentie mal. Comment oses t-il se mêler de ça? C'est une affaire entre elle et moi alors il n'a pas son mot à dire.

-De quoi tu te mêles? Si je n'ai pas envie de lui répondre ça me regarde mais tu n'as pas à la ramener! Tu ne sais pas ce que j'ai enduré, tu ne sais pas combien leurs mots ont étés durs alors tu n'as rien à dire!

-Et bien si justement je la ramène parce que tu m'énerves à faire la gueule et à t'en prendre aux autres! Et ça me regarde parce que j'aimerais bien que tu traites ma copine mieux que ça. Tu n'es pas la seule à souffrir de cette situation alors arrête de t'en prendre aux autres!

Pourquoi est-ce qu'il s'en prend à moi comme ça? Alors oui, je ne suis peut-être pas la seule à souffrir de la situation mais je suis la plus grande victime dans cette histoire alors j'ai le droit de râler et de faire la tronche si j'en ai envie. Et puis, il habite chez moi alors il devrait s'estimer heureux que je ne vire pas sa chère copine de mon appartement.

-T'as souffert toi?! Regarde comme j'ai eu mal regarde toutes les merdes qui me sont arrivés et compare ça avec ta petite souffrance personnel, tu comprendras peut-être pourquoi je fais la gueule! Maintenant arrête de  crier tu me fais mal à la tête.

Je sais que c'est un peu déplacé de lui demander d'arrêter de crier alors que je viens de le faire mais c'est lui qui a cherché les embrouilles avec son histoire de politesse à deux balles.

Je m'enferme dans ma chambre et commence à pleurer. J'ai les nerfs en boule, j'explose, il faut bien que ça sorte à un moment. J'en ai simplement marre de passer mon temps à sangloter les larmes coulants sur mes joues.

Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant