Chapitre 33- Élisa

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Après ces quelques heures au commissariat, le cauchemar semble toucher à sa fin. Ma plainte est déposée et Mathieu en détention provisoire.
Noah à témoigné et je lui en suis reconnaissante. Il est peut-être différent finalement, en fait j'ai beaucoup de mal à le cerner. 

-Comment tu m'as retrouvé?

-J'avais pas envie de te laisser rentrer seule alors j'ai tant bien que mal essayé de me souvenir du chemin pour aller chez toi et j'ai entendu crier alors j'ai suivi la voix et je t'ai trouvée.

-J'aurais du te laisser me raccompagner dès le début. Nous n'en serions pas là si je n'en avais pas fait qu'à ma tête.

-J'aurais du aller te voir plus tôt dans la soirée. Ce n'est absolument pas de ta faute.

Il a certainement raison. 
Un policier nous indique que nous pouvons partir.

-Je te raccompagne?

-Oui, dis je sans hésitation.

Cet mauvaise expérience m'aura au moins appris que je ne dois plus rentrer seule chez moi en plein milieu de la nuit.

Il est plus de quatre heures du matin quand nous arrivons chez moi. Ce serait complètement malpoli de le laisser repartir chez lui.

-Reste dormir ici, Noah. Après tout ce qui vient de se passer je ne peux pas te laisser repartir. Tu dois être fatigué, c'est ma façon de te remercier.

-Ça me gêne.

-T'as pas le choix. Allez rentre.

Il fait ce que je lui demande, certainement pour ne pas me vexer ou peut-être que je lui fait peur.

L'américain retire ses chaussures et reste debout planté au milieu du salon. 

-Tu veux boire quelque chose?

-Non, merci.

-Installe toi sur le fauteuil. Je vais faire ton lit, dis-je en baillant de manière disgracieuse.

Quand je reviens avec les draps et que je commence à déplier le canapé Noah m'arrête.

-Laisse, je vais le faire. Tu as besoin de repos et d'une douche après ce qui s'est passé alors occupe toi de toi. 

-Tu es mon invité, ce n'est pas à toi de faire le lit.

-Ne t'inquiète pas, je peux au minimum faire ça pour toi.

-Mais non...

-Chut, soupire t-il en attrapant mes mains. Va dans la salle de bain sinon c'est moi qui t'y pousse et je ne pense pas que tu ai envie que je t'y accompagne.

-Qu'est ce que tu en sais? je soupire en rougissant.

-C'est une invitation?

Mon souffle devient plus lent suite à sa question. Son regard est plongé dans le mien puis il m'embrasse sur le front avant de me lâcher.

-Pourquoi tu as arrêté? 

-Élisa, tu tremble. Et même si je sais que ce n'est pas de ma faute au départ, je sais aussi que la proximité avec un homme n'est pas envisageable pour le moment.

-J'ai peur de tout gâcher, sangloté-je.

Il prend ma main dans la sienne et la caresse à l'aide de son pouce. 

-Tu as besoin de repos.

J'acquiesce, consciente  qu'il à raison. Je me lève et pars à la douche. Je laisse couler l'eau sur moi sans me soucier de l'heure qu'il est ou du gaspillage que je suis en train de faire. J'attrape un gant de toilette que j'imbibe  de savon et je le frotte si fort que je m'en arracherait la peau. Même après un temps interminable passé sous l'eau je me sens sale, souillée. J'ai l'impression qu'il m'a pris le reste de dignité qu'il me restait, il me détruit petit à petit et jour après jour. Malgré mes efforts pour me reconstruire je me sens de plus en plus mal, c'est bien simple, à chaque fois que j'essaye d'aller mieux il en rajoute pour m'enfoncer. J'ai toujours la gorge nouée et les yeux embués quand je sors de la salle de bain. Noah a raison, j'ai peur. Pas parce qu'il est ici mais parce qu'un homme m'a fait du mal et qu'il en est un aussi. J'ai peur d'être déçu ou que le schéma se reproduise. Peut-être que je suis aussi effrayé que mon agresseur revienne à la charge ou qu'il ne subisse aucune sanction. 

C'est l'esprit embrouillé et le cœur lourd que je pars me coucher en jetant un dernier coup d'œil à Noah qui à l'air si paisible quand il dort. Je tourne et vire dans mon lit pendant un peu moins d'une heure et je fini par me relever pour boire un thé qui a la réputation de faire dormir. D'habitude ça ne marche pas avec moi mais peut-être qu'avec toute la fatigue accumulée ça marchera.

Quand je passe dans le salon Noah me regarde, j'espère que je ne l'ai pas réveillé avec mes pas d'éléphant.

-Je t'ai réveillé?

-Oui; mais ne t'inquiète pas je suis matinal.

Sa voix pâteuse et mal réveillée rend son accent plus doux, ce qui lui donne une tout autre allure.

-Je suis vraiment désolée. Tu veux un café? un thé? dis je en allumant la lumière de la cuisine.

-La même chose que toi ce sera très bien.

Je trouve sa manière de ne pas vouloir déranger tellement mignonne. Ses cheveux blonds désordonnés me donne envie d'y passer la main pour les recoiffer. Mais je n'oserai pas, je suis trop timide pour ça.

Je lui apporte une tasse de thé à la menthe fumante et m'assois à côté de lui sur le lit de fortune installé  une heure plus tôt. Il me remercie tout en arborant un sourire radieux.

-Si ça ne te dérange pas je vais retourner me coucher, je n'ai pas réussi à fermer l'œil et je ne pense pas pouvoir tenir toute la journée.

-Ne t'occupe pas de moi, vas-y.

Je dépose nos tasses vides dans le lave- vaisselle et retourne sous ma couette qui a perdu de sa  chaleur pendant mon absence. De légers coups retentissent contre la porte de ma chambre.

-Hum, oui?

-Tu as oublié ton téléphone.

-Ah, merci. Tu peux le poser là, dis-je en indiquant ma table de chevet.

Il le dépose et ressors discrètement de la pièce. Je recule l'heure ou mon réveil sonnera étant donné que j'ai déjà pris une douche. Et maintenant j'attend que les bras de morphée m'emportent au pays des rêves.







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