— Ah ! Bon sang de bois !
J'amène machinalement la main à mon oreille droite qui, sans raison apparente, s'est soudain mise à bourdonner de manière particulièrement aiguë. Je vois Aurore froncer les sourcils dans l'écran de mon smartphone.
— Qu'est-ce qui t'arrive ? s'étonne-t-elle.
— Je sais pas, j'ai l'oreille qui arrête pas de siffler, ce soir !
— La droite ou la gauche ?
J'amène mon index à ma bouche pour l'humidifier avant d'en insérer l'extrémité à l'intérieur de mon conduit auditif en répondant distraitement :
— La droite, pourquoi ?
Sentant le sifflement s'atténuer, je m'adosse contre ma tête de lit en poussant un soupir de soulagement. Lorsque je baisse à nouveau les yeux vers mon smartphone situé dans le creux de mes jambes ramenées en tailleur, c'est pour voir Aurore secouer la tête d'un air désapprobateur.
— Hum, c'est pas bon, ça. Ça veut dire que quelqu'un dit du mal dans ton dos !
Même si je reste dubitative quant à cette croyance populaire, je ne peux m'empêcher de marmonner d'un air sombre :
— Sûrement Fiona. Ou sa meilleure amie, là, cette Léa. Ou peut-être les deux à la fois !
Loin de me rassurer, ma cousine hoche la tête en confirmant :
— Hum, considérant que t'as joué les briseuses de ménage, je dirais que c'est fort probable...
— J'ai rien brisé du tout !
Ma protestation déclenche l'hilarité d'Aurore, comme chaque fois qu'elle ramène ce sujet sur le tapis depuis que je lui ai parlé de ma dernière conversation téléphonique avec Fiona.
Deux semaines se sont écoulées depuis et je suis toujours aussi perdue et perplexe. En temps normal, mon côté impulsif aurait eu tendance à vouloir confronter Adam sur-le-champ, lui demander pourquoi il a menti à Fiona au sujet de notre non-rencard, et aussi pourquoi il ne m'a pas avoué la vérité lorsque nous nous sommes disputés, ce soir-là. J'aurais mieux compris son empressement à vouloir rentrer, ainsi que sa mauvaise humeur qui a suivi les jours d'après.
Mais c'est précisément en me remémorant l'aura particulièrement sombre dans laquelle il s'était enveloppé toute la journée que j'ai préféré éviter de jeter de l'huile sur le feu.
A la place, j'ai donc décidé de demander conseil à Sarah ; puis je me suis souvenue à quel point cette bavarde est incapable de tenir sa langue, et me suis ravisée. Ne pouvant évoquer ce sujet avec Mattéo ou Ilyès, je me suis finalement rabattue sur la seule source extérieure à tout ce drama à qui je pouvais me confier : à savoir Aurore, laquelle s'est royalement foutue de ma gueule lorsque je lui ai demandé ce que, selon elle, l'attitude d'Adam pouvait bien signifier.
— Genre tu te poses vraiment la question, Nat ? a-t-elle rigolé. Moi, ça me semble plutôt évident... il est clair et net que ton ami a développé des sentiments ambigus à ton sujet !
Sur le moment, j'ai détesté la façon moqueuse qu'elle a eu de prononcer le mot "ami" tout en mimant des guillemets avec ses doigts.
Néanmoins, même si j'ai beaucoup nié au début, à force d'en discuter ensemble et de retourner la situation dans tous les sens, j'ai fini par accepter cette possibilité — sans toutefois en être parfaitement convaincue.
C'est pourquoi j'ai procédé attentivement, au cours des derniers jours, à une observation minutieuse du sujet dans le but de rassembler des indices pouvant confirmer ou infirmer cette théorie. Du moins, j'ai essayé ; car, dans les faits, cela s'est avéré plus compliqué que prévu, étant donné que ledit sujet n'a eu de cesse de m'éviter...
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Banale !
Fiksi RemajaDepuis toujours, Nathalie a la sensation d'appartenir à la catégorie des "personnages secondaires". Lycéenne timide, sans saveur, aux parents et à la vie terriblement ordinaires, elle n'a rien d'une héroïne ! Plutôt que de se résigner, elle décide...