C'est une vision complètement floue qui m'attend quand j'ouvre les yeux, mais je reconnais le plafond de l'infirmerie. Sur le moment, je ne comprends pas ce que je fais là. Et puis, l'ensemble de cette journée me revient en mémoire, m'arrachant une grimace.
Je me suis étalée comme une cruche devant Mattéo ! Sans parler du fait que je n'ai même pas réussi à articuler un mot en sa présence ! Tu parles d'un tête-à-tête ! J'ai absolument tout gâché.
— Nathalie ? T'es réveillée ? Tiens.
Je reconnais la voix de Sarah puis accepte les lunettes qu'elle me tend.
— Je... Je me suis évanouie ? je demande d'une voix faiblarde.
— Pas longtemps, t'inquiètes pas. T'as juste fait un petit malaise. Tu as de la fièvre apparemment. T'as dû tomber malade.
— Malade... oui, on va dire ça..., je marmonne.
— L'école a appelé tes parents, ils vont venir te chercher. Tu te sens mieux, là ?
J'acquiesce et, à ce moment-là, je vois son visage, jusque-là inquiet et compatissant, se durcir. Ses sourcils se froncent, ses yeux se plissent, puis elle me demande sèchement :
— Bon, si ça va mieux, tu vas me dire la vérité sur ce qu'il s'est passé dans le couloir, avec Miléna.
Je me ratatine sur mon lit.
— Euh, finalement, je me sens plus très bien..., je balbutie. On devrait peut-être appeler l'infirmière...
— Na-tha-lie, gronde-t-elle.
Je pousse un long soupir de lassitude.
— Bon, d'accord. En fait, il ne s'est rien passé du tout, voilà. Tout ça n'est qu'un malentendu, et c'est ce que je voulais aller expliquer à la CPE... En vérité, Miléna a même essayé d'être sympa avec moi, c'est le surveillant qui a tout compris de travers... C'est de ma faute, aussi. Je suis une cruche timide, incapable d'articuler deux mots avec les inconnus ! Je panique, je m'affole, et je me mets à pleurer, ou je m'évanouis. Tu as vu comment j'ai réagi en présence de Mattéo ! C'est pathétique ! Enfin bref... Comme j'arrivais pas à parler, Anthony a cru que Miléna m'avait embêtée...
— Alors, tu n'as jamais été harcelée ?
Je n'ose pas la regarder en face.
— Désolée... Je voulais pas te mentir, Sarah. Mais comme c'est à cause de ça que tu as voulu devenir mon amie... J'avais peur que tu te désintéresses de moi si je te disais ce qu'il s'est réellement passé.
— C'est pour ça que t'as rien voulu me dire ? T'avais peur que je veuille plus traîner avec toi ?
Je lève timidement les yeux vers elle avant d'hocher la tête, en signe affirmatif. Je vois son air fâché fondre en un grand, très grand sourire attendri.
— Ça alors ! Je devrais être en colère contre toi... Sauf qu'en fait, je trouve ça mignon.
— Mi... Mignon ? Tu m'en veux pas ?
Elle croise les bras.
— Oh, ne t'imagine pas que tu vas t'en tirer de cette manière ! Tu m'as quand même menti et, pour une entrée en matière, on a fait mieux.
— J'ai pas exactement menti, je réponds d'un air innocent. Je t'ai pas dit : Oui, Sarah, Miléna m'a harcelée. J'ai simplement attendu plusieurs heures avant de dissiper le malentendu...
Elle hausse les sourcils. Je vois à son air qu'elle est en train de considérer sérieusement la question.
— Hmm... C'est vrai, dans le fond.

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Banale !
Roman pour AdolescentsDepuis toujours, Nathalie a la sensation d'appartenir à la catégorie des "personnages secondaires". Lycéenne timide, sans saveur, aux parents et à la vie terriblement ordinaires, elle n'a rien d'une héroïne ! Plutôt que de se résigner, elle décide...