Depuis que mon réveil a sonné ce matin, le cours de sport est celui que j'appréhende le plus. En effet : les équipes de volley-ball ayant été constituées lors de la semaine précédant les vacances, je me savais condamnée au groupe de mes amis, donc autrement dit dans l'incapacité d'échapper à Mattéo.
Sauf qu'à présent, l'appréhension a été remplacée par de la colère. Une colère noire et profonde, telle que je n'en ai jamais ressenti, au point d'en avoir les mains qui tremblent de rage !
C'est portée par les ailes de ma fureur que je me dirige d'un pas rapide vers le gymnase, devant lequel les élèves de ma classe sont déjà attroupés lorsque j'arrive.
Mes yeux glissent sur le Cerbère et je me demande si Anaïs a commencé à répandre la nouvelle de mon râteau monumental. J'ai l'impression que tout le monde me dévisage, chuchote ou ricane derrière mon dos ; toutefois, sur le moment, je m'en fiche complètement.
Sans le vouloir, je me mets à grincer des dents quand j'aperçois le briseur de coeurs, au loin, en train de discuter avec les autres. Les poings serrés, je me précipite à travers la foule tel un boulet de canon dès que le prof nous ouvre.
— Nathalie ? m'interroge le délégué, interloqué, lorsque je le percute d'un coup d'épaule.
Sans daigner répondre, je me contente de lui jeter un regard noir avant de me rendre d'un pas rapide aux vestiaires, où j'entreprends de me changer, bientôt rejointe par le reste des filles qui arrivent au compte-goutte. A peine Tricia a-t-elle mis un pied dans la pièce qu'elle s'empresse de me balancer une pique :
— Tiens, Rateaulie, t'es pressée de jouer au volley, aujourd'hui ? Ce serait bien la première fois !
Si ce nouveau surnom me fait tressaillir, il déclenche un ricanement digne de vraies hyènes chez les deux autres têtes du Cerbère. Fronçant les sourcils, je les ignore et continue de m'habiller.
En voyant la scène, Sarah hésite un instant, pousse un long soupir d'exaspération, puis se traîne vers moi à contrecoeur.
— Nat..., commence-t-elle, mais je lui lance une oeillade si dure que cela suffit à la couper dans son élan.
— Garde tes leçons de morale pour toi, je suis pas d'humeur, là ! je lance d'un ton acerbe.
— J-Je voulais pas te faire la leçon... Je voulais m'excuser, j'ai été un peu dure tout à l'heure. Je sais que t'es triste et...
— T'inquiète, je suis plus triste, j'objecte. Plus maintenant.
— Qu'est-ce que... t'entends par là ?
Avant que je ne puisse m'expliquer, Anaïs se met debout sur un banc d'où elle interpelle l'assemblée :
— Ecoutez-moi toutes ! J'ai une annonce à faire !
M'attendant au pire, je déglutis.
— Oh non..., gémit mon amie. Elle va quand même pas...
— Jetez un oeil à vos smartphones ! reprend la rouquine à la voix nasillarde. Un ragot bien juteux a été posté sur le groupe Facebook de la classe ! Vous serez pas déçues !
Inutile de vérifier : les regards moqueurs ou compatissants que me lancent les autres après avoir consulté leurs portables sont loin d'être équivoques. Les voir me prendre ainsi en pitié m'est soudain intolérable.
Ni une, ni deux, voilà que je bondis en direction d'Anaïs, attrape son insupportable tresse puis tire dessus de toutes mes forces. A mon entière satisfaction, celle-ci bascule en arrière avant de se retrouver les quatre fers en l'air.
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Banale !
Teen FictionDepuis toujours, Nathalie a la sensation d'appartenir à la catégorie des "personnages secondaires". Lycéenne timide, sans saveur, aux parents et à la vie terriblement ordinaires, elle n'a rien d'une héroïne ! Plutôt que de se résigner, elle décide...