— Salut, Nathalie.
Je me retourne et arque des sourcils étonnés en voyant Antoine déposer son pichet à côté du mien.
Pff, manquait plus que lui... Il a un sacré culot de venir me parler ! Je me demande bien ce qu'il me veut...
J'ai une furieuse envie de l'insulter de tous les noms et de l'envoyer paître. Cependant, lorsque j'ouvre la bouche, le seul son qui en sort est un banal :
— S-Salut.
— Tu vas bien, depuis la soirée ?
Tandis qu'il me parle, il veille à conserver les yeux rivés sur son pichet ; ses lèvres, quant à elles, remuent à peine. J'en déduis qu'il essaye de rester discret afin d'échapper aux regards de ses amis.
Voilà à quoi ressemblerait notre relation si on sortait ensemble, donc. Des moments d'échange discrets dans la journée, à craindre que ses potes ne nous découvrent ensemble.
J'ai un sourire amer en songeant que c'est à peu près ce que doivent ressentir Mattéo et Ilyès au quotidien. Sauf qu'eux, au moins, ils peuvent se fréquenter en tant qu'amis.
— A merveille, je réponds d'un ton plus sec que ce que j'aurais voulu.
— T'avais tout de même l'air bien contrariée, quand t'es partie. Et t'as répondu à aucun de mes messages ensuite.
Je pince les lèvres, agacée. Il est vrai qu'Antoine a essayé de me contacter plusieurs fois par la suite, mais j'ai suivi les conseils d'Adam et décidé de l'ignorer.
— Et là, pendant le repas, tu donnais l'impression d'être prête à assassiner le lycée tout entier, continue-t-il.
Je tressaille à ces mots.
— Ça se voyait tant que ça ? je grimace malgré moi.
— Ça se voyait pour qui sait regarder..., souffle-t-il.
Il me jette un coup d'oeil agrémenté d'un petit sourire en coin, et je sens mon coeur accélérer à ce simple échange.
— Je serais même pas surpris si j'entends qu'il y a une alerte intrusion demain parce que tu t'es pointée avec une kalash.
Même si cette plaisanterie est d'assez mauvais goût, je ne peux m'empêcher de pouffer bêtement. Le sourire d'Antoine s'élargit en entendant mon rire, et de vieux papillons que je croyais morts et enterrés se remettent à virevolter à l'intérieur de mon estomac — or, franchement, je les plains car vu la quantité de pommes noisettes que je viens d'avaler, ça doit être un véritable champ d'astéroïdes, là-dedans !
— J'avoue qu'en ce moment j'aimerais bien avoir un Death Note, j'admets à demi-mots.
— Un Death Note ? répète-t-il sans comprendre.
— Ça vient d'un manga.
— Ah, je lis pas de manga, désolé...
Je hausse les épaules, pas vraiment surprise par cette révélation. Le jour où je rencontre un beau gosse à la fois sportif et intelligent et qui, en prime, lit des mangas, je crois que je demande à l'épouser direct. Mais bon, quelque chose me dit qu'il se terre dans une autre histoire que la mienne...
— Et c'est quoi, du coup ? insiste-t-il.
— Un cahier dans lequel les gens dont on écrit le prénom meurent.
Antoine arque les sourcils.
— Hum, ça a l'air sympa, ouais, ironise-t-il. Du coup, t'écrirais qui, dedans ?
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Banale !
Ficção AdolescenteDepuis toujours, Nathalie a la sensation d'appartenir à la catégorie des "personnages secondaires". Lycéenne timide, sans saveur, aux parents et à la vie terriblement ordinaires, elle n'a rien d'une héroïne ! Plutôt que de se résigner, elle décide...