Banale !

31. Et toi, à quoi tu joues ?

Adam ouvre la bouche pour parler sauf qu'il est interrompu par le bruit de pas dévalant l'escalier.

— Alors, y'a pas de cadavre à enterrer, au moins ? s'esclaffe Ilyès en arrivant.

— Non, ça a l'air d'aller, lui répond Mattéo.

— Oh, mais, Matt, regarde ça ! On les a laissés au bord de l'étripage mutuel, or voilà qu'on les retrouve tranquillement assis l'un à côté de l'autre ! Adam a même prêté sa veste à Nathalie !

— C'est surprenant, en effet. Qui aurait cru que sous ses airs grognons se cachait un véritable gentleman ?

— Vous avez fini, tous les deux ? s'agace le chevelu. Dîtes-nous plutôt si vous avez ramené un PC en plus ?

— On a ramené plein de trucs !

Tout en disant ça, le bouclé déballe fièrement son butin : des chips, des curly, de la bière, des sodas, et également un petit sachet transparent contenant ce qui ressemble à des boules d'herbe séchée. Le délégué écarquille grand les yeux en voyant ça :

— Putain ! s'exclame-t-il. Le temps que je fouille ma chambre t'as été acheter de la beuh à cet enfoiré de Raphaël ?

— T'inquiète, je suis pas entré directement en contact avec l'ennemi, c'est ta reuss qui m'en a refilé. Elle a dit que tu la rembourserais en tâches ménagères.

— Ce foutage de gueule ! Elle sait très bien que je fume pas, en plus.

Ilyès hausse les épaules puis entreprend aussitôt de se rouler un joint, ignorant royalement les complaintes de son ami. Ce dernier finit par laisser tomber, dépité, avant de déposer à son tour ce qu'il a rapporté de sa chambre, à savoir un ordinateur portable que l'intello s'empresse d'installer, et surtout... un sweat-shirt.

Très excitée à l'idée de porter un vêtement appartenant à Mattéo, je n'hésite pas longtemps avant de rendre la veste qui m'a été prêtée à son propriétaire.

— Il est pas trop grand ? s'enquiert notre hôte. Sinon garde la veste, Adam prendra mon sweat...

— Non, non, c'est parfait ! je mens en me dépêchant de l'enfiler.

Je dois me faire violence pour ne pas humer avec délectation les résidus de parfum qui en émanent.

— Tu joues aux jeux vidéo, Nathalie ? me demande Mattéo.

— Euh... Bah... Je joue aux Sims.

— Un truc de meufs, quoi ! rigole Ilyès.

— N'importe quoi ! rétorque Adam. J'aimais bien y jouer avant, je construisais des maisons.

— Ah..., je réponds. Moi, je préfère le mode "vie", inventer des histoires, ce genre de choses...

— Ouais, c'est les Barbies version numérique quoi, me rétorque le bouclé.

— Mais tais-toi ! s'agace le délégué. Ecoute pas ce vieux misogyne, Nat. Nous, on joue en ligne, à un MMO... World of Warcraft, tu connais ?

— De nom, seulement...

Mieux vaut ne pas leur dire que je pensais que seuls les no-life et autres cas sociaux y jouaient...

Mattéo entreprend de m'expliquer les rudiments de ce jeu. J'ai du mal à suivre tant il se perd à travers trois million d'explications, cela dit je vais tenter de vous faire un résumé.

En gros, ça se passe au coeur d'un univers fantasy, à une époque plus ou moins médiévale, sur une planète dénommée "Azeroth", pour le contrôle de laquelle deux factions ennemies de longue date s'affrontent : l'Alliance et la Horde. Après avoir choisi auprès de laquelle va notre allégeance, nous pouvons incarner l'une des treize races disponibles.