La semaine s'achève un peu mieux qu'elle n'a débuté. Malgré mon coeur toujours en morceaux, ma réconciliation avec Aurore m'aide à aller de l'avant ainsi qu'à mettre mon chagrin de côté pendant un temps.
Malgré tout, ma cousine a, à son grand dam, du mal à me sortir de la maison, même si je cède quelques fois afin de lui faire plaisir.
La veille de son départ, le samedi soir, on décide de déplacer son sac de couchage à côté de mon lit histoire de passer la dernière nuit ensemble. Elle me pousse à lui raconter les aventures que j'ai vécues depuis la rentrée ; je finis par céder en dépit de mes réticences.
C'est ainsi que, pour la première fois en presque quinze ans d'existence, les rôles entre Aurore et moi s'inversent. C'est elle qui, allongée sur le lit, m'écoute lui narrer les dernières péripéties que j'ai traversées, un sourire rêveur aux lèvres.
Je fais le choix de ne rien omettre. En m'appuyant sur mon journal intime, je lui relate absolument tout ce qui m'est arrivé, y compris les moments gênants ou mes pensées les plus honteuses. Au fur et à mesure de mon récit, Aurore rit, pleure, est embarrassée en même temps que moi.
— Bah dis donc ! siffle-t-elle une fois que j'ai terminé. Il t'en est arrivé des choses ! On dirait l'un de ces personnages de roman coincés au milieu d'une interminable situation initiale... Puis soudain, un auteur débarque de nulle part et introduit un élément perturbateur pour pimenter leur existence !
— Ça alors, c'est fou ! C'est exactement ce que je me disais, figure-toi !
Aurore et moi passons la nuit à papoter ainsi, à rire ou se chamailler de manière amicale, jusqu'à ce que ma mère finisse par venir nous intimer de dormir au vu de l'heure tardive.
Malgré ce savon, nous continuons de discuter à voix basse jusqu'à cinq ou six heures du matin, trop contentes d'avoir tissé à nouveau un lien, plus solide que le précédent, entre nous.
Contrairement à ce que je pensais, évoquer mes souvenirs de ces derniers mois ne m'a pas abattue. Au contraire, cela m'a fait plaisir, me faisant envisager la rentrée de manière plus apaisée que je ne l'aurais cru...
... Du moins, jusqu'à ce que le jour de la reprise soit bel et bien là. Après une nuit passée à me tourner et me retourner sous ma couette, sentant l'angoisse me ronger morceau par morceau, j'ai la désagréable surprise de constater qu'un nouvel habitant a élu domicile au coin de ma lèvre inférieure.
Il est riquiqui, presque imperceptible à l'oeil nu, mais moi, je ne suis pas dupe ! Je reconnaîtrais cette sensation d'engourdissement et de démangeaison entre mille. Oui, messieurs dames, il semblerait que je fasse (encore) une poussée d'herpès !
Le pire c'est que, depuis le précédent bouton de fièvre, je n'ai pas eu le temps de retourner chez le médecin afin d'obtenir une ordonnance... Autrement dit, je suis condamnée à me contenter de la crème aujourd'hui, beaucoup moins efficace que les comprimés.
Pour couronner cette situation déjà assez merdique, il s'avère que mes yeux, beaucoup trop irrités à force de pleurer, ne tolèrent pas mes lentilles, m'obligeant à remettre mon horrible paire de lunettes.
C'est donc d'une humeur exécrable, en plus d'être taraudée par l'appréhension, que j'arrive à proximité de la salle de classe, constatant qu'hélas, la prof n'est pas encore là.
De fait, tous mes camarades sont adossés contre les murs du couloir à attendre. Je ne tarde pas à apercevoir Sarah parmi eux, un peu plus loin, laquelle se trouve en compagnie des trois geeks.
Même si j'ai fini par répondre aux messages de mon amie, je n'ai eu aucune nouvelle des garçons... J'ignore la manière dont je suis censée me comporter vis-à-vis d'eux. Naïvement, j'espérais que Sarah se rangerait de mon côté ; sauf que celle-ci a, semble-t-il, décidé de se la jouer Suisse en restant neutre.
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Banale !
Teen FictionDepuis toujours, Nathalie a la sensation d'appartenir à la catégorie des "personnages secondaires". Lycéenne timide, sans saveur, aux parents et à la vie terriblement ordinaires, elle n'a rien d'une héroïne ! Plutôt que de se résigner, elle décide...