— Excuse-moi si je suis directe, mais... J'ai déjà eu de faux espoirs une fois et je veux pas que ça recommence. (Je prends une grande inspiration.) Si tu m'as invitée ce soir, est-ce que c'est parce que... je te plais ?
— Hum, en effet, c'est plutôt direct, déclare Antoine après s'être raclé la gorge. Du coup, je vais me montrer tout aussi franc avec toi, Nathalie... (Il passe une main parmi ses boucles.) Oui, tu me plais.
Incapable d'échapper à ses yeux scrutateurs, je sens que je suis en train de devenir aussi rouge qu'une tomate bien mûre. Cependant, pour la première fois de ma vie, je trouverais presque ça agréable.
— Tu te posais vraiment la question ? continue-t-il après avoir froncé les sourcils.
Je m'éclaircis la gorge.
— Bah, comme tu t'en doutes sûrement, j'ai pas beaucoup d'expérience en la matière, alors... Avec moi, il vaut mieux éviter les sous-entendus et être le plus évident possible, tu vois. Sinon, je risque de passer à côté de tes signaux.
Il fronce les sourcils.
— C'est pour ça que tu m'as refoulé la première fois ? Après notre interview ?
Je baisse la tête, gênée.
— Hum, en gros, oui. Je pensais que tu m'avais invitée par politesse, ou par pitié, ou les deux. Dans ma tête, il était inconcevable qu'une fille comme moi puisse intéresser un mec comme toi.
— Ah... C'était donc ça...
J'ose relever les yeux vers lui. Antoine se frotte le nez, l'air songeur.
— Qu'est-ce que t'entends, au juste, par, "une fille comme toi ?"
— Bah, tu sais... Une fille ordinaire, timide, insignifiante... Je pensais que ton genre, c'était plutôt les Sandy ou les Allison, tu vois, et non pas la petite Nathalie banale.
Il hausse les épaules.
— J'aime bien ta banalité, objecte-t-il.
Je fronce les sourcils.
— Vraiment ?
Antoine fait la moue.
— Les filles comme Sandy ou Allison sont jolies, c'est vrai, mais... Je sais pas, moi, elles m'intimident, en fait. Et puis, c'est difficile de savoir ce qui leur passe par la tête. Elles ont toujours l'air de préparer un mauvais coup ou d'avoir des soucis. Je préfère une fille un peu moins jolie mais normale.
Je sais que c'est supposé être un compliment, pourtant je ne peux m'empêcher de me sentir quelques peu vexée par ces mots. Je détourne le regard d'un air assombri.
— Moins jolie..., je répète d'une petite voix.
Semblant comprendre sa bourde, Antoine essaye de se rattraper :
— Euh, le prends pas mal, hein ! Je te trouve mignonne ! Très mignonne ! Tu me plais, je t'assure !
— C'est bon, je le coupe. Je sais que je réponds pas aux canons de beauté de la société. Ce serait me voiler la face que d'y croire. Je peux pas t'en vouloir pour ça...
— Quand même, je vois bien que je t'ai vexée...
Je hausse les épaules.
— J'ai une autre question et, s'il te plaît, j'aimerais que t'y répondes aussi honnêtement. (Je serre les poings.) Est-ce que tout ça, c'est un genre de pari avec tes potes ?
Il fronce les sourcils.
— Comment ça ?
— Tu sais, le genre de pari : séduire la fille insignifiante et la larguer comme une merde ensuite, foutre un nouveau râteau à Rateaulie histoire de se marrer un bon coup. Je t'en voudrais pas, si c'est le cas, t'inquiète pas. Je me doute que t'en serais pas à l'origine... Mais s'il te plaît, dis-le moi tout de suite, histoire que je sois fixée.

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Banale !
Teen FictionDepuis toujours, Nathalie a la sensation d'appartenir à la catégorie des "personnages secondaires". Lycéenne timide, sans saveur, aux parents et à la vie terriblement ordinaires, elle n'a rien d'une héroïne ! Plutôt que de se résigner, elle décide...