33 _ Couleurs

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Là, à moitié affalé sur ma table, j'essaye tant bien que mal de rester éveiller.

J'aurai voulu faire un effort pour écouter le cours de monsieur Hong, mais, mes paupières ne cessent de se fermer contre ma volonté. J'ai beau lutter contre la fatigue, rien à faire. Chaque seconde de bataille est un peu plus rude que la précédente.

Le manque d'heure de sommeil accumulée ces deux dernières semaines commence réellement à se faire sentir.

Je n'ai plus aucune énergie, et ce que je souhaite le plus, c'est de pouvoir rentrer m'endormir dans mon lit huit heures d'affilée non stop.

J'étais trop occupé à essayer d'oublier les évènements de la journée la nuit dernière pour pouvoir dormir. je me distrayais tant bien que mal à l'aide de mes écouteurs fétiches et du dernier album d'un groupe de k-indie tout fraîchement découvert.

Cependant, bien que chantonnant d'une voix inaudible la mélodie pour garder mon esprit occupé, la vague ne cessait de gagner du terrain. Mes bras rougis par le sang s'échappant des quelques plaies s'étant ouvertes sous le passage de mes ongles, mes lèvres à nouveau ouvertes, mes yeux remplis de larmes, mes doigts tremblant en témoignent.

J'essayais tant bien que mal d'oublier les événements du jour, mais malgré tous mes efforts, des flashs me reviennent en mémoire.

La claque que Hyunjae m'a donnée pas plus tard qu'à midi. La crise ridicule de Jieun qui avait provoqué les hurlements de ma mère.

Et puis finalement, ces dernières quarante heures m'ont simplement démontré que je suis une personne médiocre.

Les miettes de rêve auxquelles j'ai l'audace de penser parfois sont réduites à néant en moins de temps qu'il faut à la lumière pour parcourir une pièce.

Les restes d'ambition qui me reviennent parfois sont écrasés par mon environnement qui ne cesse me rappeler que je n'ai ma chance ni ma place nulle part.

Les semblants de liberté auxquels je semble quelques rares fois goûter me sont tout de suite retirés, et aussitôt je suis à nouveau enfermé dans ma prison, des chaînes me liant le poignet, des clous enfoncés dans ma poitrine.

Au creux de mon oreille, j'entends encore la voix de Yoongi me dire que tout va bien, que tout ira bien, que je suis important, mais finalement qu'est-ce qui va bien ? J'ai beau réfléchir, et ma réponse reste la même; absolument rien.

Yoongi ne sait rien de ce qu'il se passe là bas, et en aucun cas je n'en envie qu'il sache, mais jamais il ne pourra comprendre que le démon qui me ronge ne cesse de grossir lorsque je suis ici.

Je veux fuir. Je veux m'en aller. Je ne veux plus jamais les voir.

Parfois j'ai l'impression d'exagérer, de faire le bébé, mais, mon mal être ne vient pas de nul part. Je ne suis pas fou.

Elles sont bien réelles toutes ces remarques désagréables, virant parfois aux insultes. Ils sont bien réels tous ces cris, cette ambiance insoutenable, électrique, ces reproches, cette haine ambiante.

On dit que les nuits les plus longues sont celles où les larmes tombent, les cicatrices se multiplient et où les esprits s'envolent.

Le lendemain tout ça est terminé, il faut tout maquiller, et faire semblant que tout va bien. Tenir debout devant tout ce beau monde, garder une mine qui ne les effraie pas, et surtout ne pas éveiller les soupçons, tout ça en encaissant la vie de société et tous les défauts qui vont avec.

Tout cela ne finissait pas de m'oppresser, de m'éreinter, de me fatiguer encore plus que ce que je ne suis déjà.

Alors cédant au repos qui ne cesse de me narguer depuis le début de la journée, je n'entends pas la sonnerie de fin de cours, alors que je me suis endormi sur ma table.

𝕎𝕚𝕝𝕝 𝕐𝕠𝕦 𝔹𝕖 𝕋𝕙𝕖𝕣𝕖 ? [Bambam x Yoongi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant