𝕎𝕚𝕝𝕝 𝕐𝕠𝕦 𝔹𝕖 𝕋𝕙𝕖𝕣𝕖 ? [Bambam x Yoongi]

4 _ Grandir

J'ai finalement passé le reste de l'heure dans les toilettes. Je n'ai pas eu le courage de retourner affronter le regard des autres, alors je me suis caché. J'y ai fait les cent pas, tiré sur mes mèches de cheveux, froissé mon pantalon, enlevé et remis ma paire de lunettes une bonne vingtaine de fois. Et, quand la fin du cours a été annoncée et que je me suis enfin calmé, je me suis rendu au suivant. J'ai assisté aux deux heures restantes sans assister y vraiment.

Je suis ensuite allé chercher Jieun à l'école comme maman me l'a demandé, et on est rentré à la maison. Je me suis enfermé dans ma chambre, allongé dans mon lit, et puis, c'est tout.

Je n'ai rien fait. Tout est  bruyant dans ma tête, sans l'être vraiment. Mes pensées se bousculent en même temps qu'elles se taisent. Le silence hurle dans ma tête. C'est assez bizarre. Il y a ces moments où je pense à tout en même temps et à rien.

J'étais tellement en colère après ce qui s'est passé au lycée que je ne le suis plus. Ce sentiment m'a abandonné tout comme je l'ai fait. Je me sens juste vide. Mais alors pourquoi le vide semble si lourd ? Ce poids, je le porte depuis bien trop longtemps pour me souvenir quand exactement.

Quand j'étais au collège, ce poids me comprimait tellement que j'ai failli m'y abandonner. J'ai failli partir pour de bon. Mais aujourd'hui je suis encore là. Sûrement parce que je n'ai jamais eu le courage de franchir le pas.

Chaque jour, je me levais avec cette pensée d'en finir en tête. Je m'endormais chaque jour avec cette pensée également. Et ce, pendant quatre longues années. Elle a été la seule à me voir rentrer du collège, m'enfermer dans ma chambre pour pleurer en silence. Je mettais de la musique en fond au cas ou des sanglots m'échappaient, faisant croire au passage à mes parents que je travaillais. Et lorsque je sortais enfin de ma chambre, j'avais les yeux rougis et gonflés, une mine à en faire peur, mais personne n'y faisait jamais attention.

Alors cette pensée ne cessait de devenir de plus en plus importante, et cette idée ne faisait que d'autant plus m'attirer.

Une envie de vomir me prend soudainement. Je me lève précipitamment de mon lit pour rejoindre les toilettes de la salle de bain. Mes membres pris de spasmes, je me mets à rendre les restes non digérés de mon repas au fond de la cuvette. Un rire nerveux m'échappe une fois fini, alors que j'attrape ma brosse à dents du bout des doigts.

Je me fais du mal à moi-même, mais je n'arrive pas à m'arrêter. Je ne peux malheureusement pas stopper le flux de mes pensées, ni celui de mes souvenirs. Si cela était possible je n'hésiterais pas un seul instant à le faire. Je délaisserai sans regret mes pensées derrière moi.

Maman est rapidement rentrée, et sans que je ne vois l'heure passée, la nuit est tombée. J'ai fait le dîner, avant de m'enfermer à nouveau dans ma chambre, sans manger. Je n'avais pas faim. Mon estomac est noué depuis quelques heures, et je sens que si je me force à avaler quelque chose, ça va encore atterrir dans les toilettes.

Je pus enfin m'endormir vers quatre heures, après une longue session de torture mentale. Cependant, malgré le fait qu'on soit samedi, je suis sorti de mon sommeil bien trop tôt à mon goût. Il n'est que huit heures et demie, mais je suis déjà bien réveillé. J'aurai pu profiter de cette nuit pour ajouter quelques heures à mon compteur auquel il en manque pas mal, mais mes parents en ont décidé autrement. Ils se sont dit que gueuler dans la maison à huit heures du matin serait une bonne idée.

- Mais pourquoi tu l'as mis là ?! Tu sais très bien que je le mets toujours à l'entrée pour ne pas le perdre !

- Mais parce que ça dérange tout le monde dans l'entrée !