𝕎𝕚𝕝𝕝 𝕐𝕠𝕦 𝔹𝕖 𝕋𝕙𝕖𝕣𝕖 ? [Bambam x Yoongi]

35 _ Le calme avant la tempête

Tw : violence verbale, propos sexiste et homophobes

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Parfois, il m'arrive de rêver, pendant mes cours, pendant mon trajet en train, pendant que je fais la vaisselle aussi.

Je continue à rêver d'un monde où j'aurai une famille moins problématique que celle-ci. Une famille moins toxique que celle-ci.

J'ai mis du temps avant de pouvoir mettre les bons termes dessus, mais à vrai dire, ils ne sont rien d'autres que toxiques. Mes parents ne me battent pas forcément, mais ils n'ont pas besoin de le faire pour ne pas être sain.

Les petits commentaires de mon père concernant mon physique trop efféminé à son goût sont suffisants. Au collège, il ne cessait d'être sur mon dos et de me répéter d'arrêter d'agir comme une fillette. Il m'interdisait certaines choses qu'il considérait comme "pour fille".

Je me souviens, quand j'étais petit, une de mes cousines avait oublié sa poupée qu'elle avait ramenée chez moi. En attendant que sa mère vienne la récupérer, je m'amusais avec discrètement, dans les coins de la maison. Un jour, mon père à totalement pété un câble, et alors qu'il était entré dans une fureur dont aujourd'hui j'ai encore peur, il a détruit la poupée sous mes yeux avant de la jeter à la poubelle.

Je me souviens m'être enfermé dans ma chambre et avoir pleuré pendant plusieurs heures d'affilée. Par la suite, il a racheté une poupée pour ma cousine. Depuis ce jour, je n'ai plus osé toucher ni même regarder une poupée.

Ma mère me répétait, et me répète encore bien trop souvent pour que ce soit normal ou inoffensif que j'ai l'air terrible ou affreux. Plusieurs fois elle me disait de ne pas la suivre dans la rue à cause d'un truc qui la dérangeait dans mon physique. Je me souviens, la première fois qu'elle me l'a dit, j'ai senti quelque chose se briser à l'intérieur. J'étais devenu livide, les larmes aux yeux, et je n'ai rien osé dire pendant deux jours d'affilée. Je m'étais enfermé dans mon mutisme, et dans ma chambre, faisant tout pour me montrer le moins possible. La dernière chose que je voulais c'était de revoir son regard profondément dégoûté sur ma personne.

Plusieurs fois, depuis notre arrivée en Corée du Sud à mes huit ans et demi, ma mère m'a menacé de me renvoyer en Thaïlande tant j'étais insupportable. Au-delà du fait de retourner en Thaïlande, ce que je souhaitais secrètement au fond de moi, le fait qu'elle veuille se débarrasser de moi me blessait profondément. En fait, plus que blessé, j'étais détruit.

Combien de fois elle m'a hurlé dessus que j'étais irrespectueux et que je devais lui montrer plus de respect ? Combien de fois je me suis senti comme un moins que rien devant elle, inhumain, tant elle me méprisait et me montrait autant de respect qu'à un chat qu'elle a en horreur ?

Combien de fois mes deux parents m'ont dit que j'étais nul en sport ? Que j'étais aussi doué qu'une fillette pleurnicharde. En plus d'être sexiste, ce n'était pas très sympa pour moi. Oui je ne suis pas très fort au football, mais en même temps je déteste ce sport. Mais c'est loin d'être le seul qui existe. Oui je ne suis pas très fort au basketball, mais en même temps je n'ai eu l'occasion d'y jouer deux fois tout au plus. Oui, je ne suis pas très fort en natation, mais depuis que j'ai failli me noyer dans la piscine en primaire, puis à nouveau en sixième, j'ai un peu peur de retourner dans un bassin.

Combien de fois m'ont-ils répété que je suis le pire ? Le pire des élèves. Le pire fils qu'ils auraient pu avoir. Combien de fois m'ont père m'a-t-il insulté d'imbécile, de couillon, de débile, d'attardé et j'en passe ?

Aujourd'hui, ils ont laissé tomber. Je pense que s'ils disaient ces atrocités à l'époque c'était surtout pour me voir réagir. Mais aujourd'hui, ils n'ont plus aucun espoir pour moi et en moi. Ils ont abandonné. Et je ne sais pas si je suis censé m'en réjouir ou non. Ils ne sont plus sur mon dos et je n'ai plus à supporter tout ça, du moins pas quotidiennement. Mais de l'autre, ça montre que je ne suis réellement seul, que plus personne n'est de mon côté et que ma famille m'a abandonné.