Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...
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Loria n'était pas contente quand Wynnie lui a annoncé qu'un nouveau client allait, une nouvelle fois, séjourner sur sa plateforme, mais elle n'a pas pesté longtemps quand elle a vu la prime que lui a donnée le Mandalorien. Même si cela signifie devoir mentir aux Cloddograns, taxeurs de la planète, la somme est telle que Loria sait devenir une menteuse hors pair. Elle a alors placé sa mécanicienne sur une autre plateforme inoccupée afin qu'elle poursuive son travail, mais la pluie en décourage plus d'un à accoster sur Ongarth, d'autant plus à Vogartha malgré la récolte d'algues dobartans à venir.
Cette planète, faite majoritairement de montagnes hautes renfermant de multiples mines et de trois immenses volcans dans l'hémisphère nord, possède la saison des pluies la plus volumineuse de toute la Bordure Extérieure. C'est une véritable plaie pour les échanges spatiaux. Les trois quarts des vaisseaux qui accostent sont d'énormes cargos venant transporter le fyrmna depuis Gerdyn pour le faire raffiner. Vogartha est plutôt une ville grouillante de petits commerçants venant vendre leurs produits artisanaux sur la place suspendue et bon nombre de truands aiment chopiner à la taverne. Avec un temps pareil, difficile d'attirer qui que ce soit malgré la bière de Dob qui semble faire fureur auprès des brigands.
Les pluies sont tellement abondantes que le creux des montagnes est immergé. C'est la raison pour laquelle les habitations sont construites au plus près de la cime des montagnes. Mis à part Gerdyn, qui possède un bouclier électromagnétique repoussant les pluies de l'autre côté des montagnes entourant la ville, les colons de cette planète ont bien vite compris que vivre au ras du sol signifiait mourir ou tout perdre, parfois même les deux.
Wynnie reste donc là, assise sur une table. L'Ardennien lui manquerait presque. Outre une vie palpitante qu'elle aimait l'écouter raconter, son vaisseau était une mine d'informations sur les vieux bâtiments de la Guerre des Clones. Le vaisseau était presque authentique, à ceci près que les canons laser et missiles à concussion avaient été retirés pour mieux servir aux voyages de colis particuliers. En tout cas, c'est ce que lui avait dit ce singe à quatre bras.
— C'est dans ces moments que j'ai envie de quitter cette planète, RK. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas sauter sur l'occasion la dernière fois.
Comme à son habitude, le droïde ne répond pas. Il se contente de rester immobile et d'attendre.
— Avant, ça me convenait de travailler comme mécanicienne pour Wartob, puis à mon compte, mais toute cette pluie commence à me rebuter.
Nouveau silence. Wynnie se lève et commence à jouer aux funambules sur les joints reliant les dalles de la plateforme.
— Et même si Loria est cool, je me fais chier ici. Ça fait deux ans qu'il y a une réduction des clients faisant escale à Vogartha, ça veut dire moins de possibilité d'obtenir des histoires et aventures en dehors d'Ongarth. Je sais qu'il y a des milliers de planètes, rien que dans notre galaxie, qui doivent toutes être plus fascinantes les unes que les autres. Avec des coutumes, des architectures, une faune et une flore variant d'un secteur à l'autre. Il y a tellement à découvrir ! Et maintenant que l'Empire a disparu depuis quelques années...
Sa montre se met à sonner, elle lâche un soupir de soulagement.
— Liberté !
Elle court rejoindre le comptoir de Loria pour y déposer ses clés avant de s'éclipser du garage. La pluie est torrentielle, comme toujours. Elle sprinte sous les gouttes et s'empresse de rejoindre l'entrée de la taverne. Elle a beau critiquer la bière de Dob, il lui sert toujours des déjeuners copieux, et une matinée aussi morte que celle-ci l'a faite languir plus que d'ordinaire.
Elle enlève son anorak ruisselant dès qu'elle passe le pas de la porte. La cantina est calme, il est encore tôt. Nolan est affalé sur une table, encore ivre mort de la veille. Elle s'assoit à sa table habituelle après avoir salué Dob et regarde à travers les vitres dégoulinantes de pluie. Cela ne l'empêche pas pour autant de très bien voir ce qui se trame dehors. La rame venant de Gerdyn vient d'arriver. Les brigands de tous horizons ne vont pas tarder à venir se cuiter à la taverne. Pour d'autres comme Wynnie, c'est bientôt l'heure de manger.
— Et v'la pour la d'moiselle, annonce le Besalisk à la tête de la cantina. Tout c'qu'y faut pour se r'sourcer.
— Merci Dob.
Dob est un monstrueux Besalisk, deux fois plus grand et trois fois plus large que la norme. Ses quatre bras le rendent facilement multitâche et ses énormes mains lui permettent de servir une dizaine de clients en même temps. Wynnie aimerait avoir des mains comme les siennes parfois, surtout quand elle se retrouve devant un vaisseau pourri jusqu'aux tréfonds de ses rouages qu'elle aimerait casser en deux pour en sortir le principal problème directement.
Il retourne aux fourneaux pendant qu'elle enfourne une bouchée de sa purée. Le bruit de la pluie se fait entendre de manière plus intense et une bourrasque de vent entre dans la cantina. Ça y est, les goinfres et les débauchés sont dans la place.
