62 - L'orphelin

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Plongée dans ses pensées, frustrée de ce qui vient de se passer, Eowyn s'achemine vers sa destination de départ. La nuit est tellement sombre qu'elle ne pourrait pas s'orienter sans les lampadaires. Aussi sombre que ses pensées. Eowyn broie du noir et ne se prive pas de le montrer à quiconque souhaiterait l'approcher d'un peu trop près.

D'abord je frôle le côté obscur et maintenant je fais peur à quelqu'un que j'ai tenté de protéger d'une brute. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Eowyn passe l'entrée de l'hôtel. Elle traine des pieds jusqu'au comptoir de réception et dépose les crédits que lui donné Din. Elle ne regarde même pas son interlocuteur. La jeune femme n'a même plus la force d'être polie.

— Une chambre.

— Lit simple ou lit double ?

— Deux lits simples.

Elle pense à Din. Il aura probablement besoin de dormir après sa mission.

— Nous n'avons pas de chambre avec deux lits simples.

Eowyn lève son regard vers le Mon Calamari qui gère la réception. Il a l'air aussi blasé qu'elle.

— Alors un lit double.

Elle se met à regarder ses pieds. Puis la voix du Mon Calamari s'élève avec agacement, ce qui attire l'attention de la mécanicienne.

— Toi ! Arrête d'essayer de passer en douce pour essayer de squatter une chambre !

Eowyn fait basculer son regard du poisson mécontent à la personne à laquelle il s'adresse. C'est le garçon qu'elle a aidé un peu plus tôt dans la soirée. Un droïde ouvrier BLX le retient par le col de son haut. Il gesticule dans tous les sens.

— Lâche-moi sale boite de conserve !

— Il est avec moi, s'interpose Eowyn en reprenant ses esprits. Lâchez-le.

— C'est votre frère ? lui demande le Mon Calamari avec un air suspicieux. Vous avez conscience qu'il me doit plusieurs nuits pour avoir dormi sans payer ? Il va bien falloir qu'il me les paie un jour, sinon je risque de perdre patience et de faire intervenir les forces de l'ordre.

Eowyn lève un sourcil. Elle ignore s'il est bigleux, mais le gamin et elle ne se ressemblent pas le moins du monde, sauf peut-être la couleur des cheveux. Elle a la peau trop blafarde pour ressembler à qui que ce soit.

— Lâchez-le, lui ordonne-t-elle en plongeant son regard dans celui du poisson. Je vous dis qu'il est avec moi.

— Lâche-le, ordonne à son tour le Mon Calamari, qui semble s'être apaisé d'un seul coup, au droïde. Elle dit qu'il est avec elle.

Ravie que le seul tour de passe-passe que lui a appris Pylar ait fonctionné, elle se dit qu'elle peut peut-être effacer aussi la dette du garçon.

— Je pense que le garçon n'a pas besoin de vous régler les chambres qu'il a utilisées.

— Le garçon n'a pas besoin de me régler les chambres qu'il a utilisées, répète-t-il en lui tendant la clé de la chambre qu'elle vient de louer. Bon séjour chez nous.

Le droïde finit par lâcher le col du garçon, ce dernier lui balance un coup de pied dans sa jambe en métal. Puis leur regard se croise. Eowyn s'empresse de détourner le sien, ne voulant pas revoir la frayeur dans ses yeux. Elle se dirige vers l'escalier menant à l'étage des chambres sans un mot de plus. Quand elle atteint sa chambre, elle glisse la clé dans la serrure.

— Pourquoi vous avez ça ?

Elle baisse la tête pour constater que le petit l'a suivi.

— Et toi, pourquoi tu as volé mon couteau papillon ?

— J'avais besoin d'argent.

Eowyn lâche un rire.

— Je l'ai construit de mes mains, mais cela reste de la camelote. Pour un pickpocket doué, tu as un mauvais jugement sur ce qui se vend bien ou mal.

Il croise ses bras sur son torse et commence à faire une moue avec sa bouche.

— Pourquoi vous m'avez aidé ? Vous l'avez dit, je vous ai fait les poches.

Eowyn ouvre la porte et la laisse grande ouverte une fois à l'intérieur. Peut-être qu'en étant indifférente, il sera plus enclin à la suivre.

— Parce que je déteste les brutes qui s'en prennent à moins fort qu'eux.

L'effet est escompté, il entre dans la pièce et referme la porte derrière lui. Eowyn dépose son baluchon sur le canapé qui est en face du lit double. Bien, Din aura de quoi dormir.

— Mais je vous ai volé votre couteau et de ce que j'en ai vu, ça vous a mis en rogne.

Elle daigne enfin se tourner vers lui.

— Je l'ai récupéré, c'est tout ce qui compte. Qu'est-ce que tu veux manger ?

Eowyn se dirige vers un tableau de commande près de la fenêtre et commence à choisir deux-trois plats car elle aussi a faim.

— Je peux me payer à manger tout seul.

— Tu sais que c'est faux, tu as dit ne pas avoir mangé depuis deux jours avant que je ne vienne botter les fesses de ce Chiss.

Il décroise les bras en écarquillant les yeux.

— Comment vous savez ça ?

Eowyn soupire. C'est donc la sensation que ça fait quand quelqu'un pose autant de questions ?

— Arrête de poser des questions et vient choisir ton repas.

Le jeune garçon s'appelle Donril. Il a fini par céder et est en train de manger à toute vitesse. S'il pouvait manger les aliments non comestibles, il le ferait tant il a faim. Il a arrêté de poser des questions, mais c'est Eowyn qui a commencé à lui en poser. Elle ignore si c'est parce qu'il a réalisé qu'elle n'était pas le mal incarné ou si la nourriture a suffisamment baissé ses défenses, mais il lui répond sans discuter.

C'est un orphelin depuis quelques années. Sa mère est morte en lui donnant la vie et son père a été tué lors d'une altercation dans la cantina. Dès qu'il n'a plus eu de tuteur, les esclavagistes lui sont vite tombés dessus. Mais le gamin connaissait les moindres recoins du port. Il a réussi à leur passer sous le nez tellement de fois qu'ils ont fini par abandonner l'idée de l'asservir. La plupart du temps, il dort dehors mais il lui arrive parfois de trouver des lieux abrités où crécher, ou de compter sur la gentillesse de certains habitants quand ils en ont les moyens. Le seul moyen qu'il a de se nourrir est de voler les touristes et de revendre ses trouvailles. Cela a marché jusque-là, même si c'est parfois difficile. Difficile comme aujourd'hui, où il n'a pu voler que le couteau papillon d'Eowyn car ce sont les seuls étrangers qui se sont arrêté sur Trask depuis une semaine.

— Je suis désolé de vous avoir volé.

— Arrête de me vouvoyer et je te pardonne.

Donril lâche un rire en finissant son assiette.

— Et merci pour le repas.

— Tu peux rester dormir ici.

— Vraiment ?

— Il fait trop froid dehors, répond Eowyn. Ne discute pas.

— Vous êtes moins méchante que vous en avez l'air.

Sa remarque fissure une nouvelle fois son coeur. Si constater qu'on peut avoir peur d'elle lui a déjà fait du mal, savoir qu'elle a l'air méchante n'est pas sans douleur. Il faut croire que malgré tout ce que je peux offrir, malgré toute ma bonne volonté, cela ne suffira probablement pas à tout le monde.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant