44 - Le dragon

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De grands pics rocheux entourent la taverne du Krayt. Comme s'il cherchait à se sentir en sécurité, protéger par ses montagnes sèches. Ou à rendre plus compliqué notre fuite.

Eowyn, le petit et les enfants du village sont tenus à l'écart, d'un accord commun. Ayant besoin de tous les adultes sur le terrain, les enfants ne pouvaient pas être laissés sans surveillance à Mos Pelgo. Le plus vieux d'entre eux a neuf ans, il n'aurait pas pu faire valoir une quelconque autorité auprès des autres enfants, ni même les protéger contre une éventuelle attaque. Eowyn a donc pour mission de veiller sur tous les plus jeunes. Et même si d'ordinaire elle n'aime pas le baby-sitting forcé, elle doit avouer être heureuse qu'on lui confie cette tâche. Une tâche qui implique de rester relativement loin du monstre.

Le reste des Tuskens et des villageois se tiennent devant la taverne. Le trou se trouve à la base d'une longue montagne s'étendant sur plusieurs kilomètres. Une éminence de roche, telle une statue de pierre montant la garde, se trouve au milieu du terrain et permet un semblant de repli. Il a permis d'accrocher les cordages qui permettront aux charges de ne pas glisser dans le sable. Le leste des filins semble correct de là où se trouve Eowyn, en hauteur et à distance, sur un des pics rocheux. Les ascenseurs à cordes ont été installés et possèdent un activateur à distance. Les bombes ont été enterrées sur une longueur assez impressionnante devant le trou, cela ne fait qu'augmenter la boule de stress qui frémit dans son ventre. Il doit être immense.

Les Tuskens ont mis en place des arbalètes géantes dont des cordages sont accrochés aux extrémités de flèches grandeur nature. Tout le monde se tient prêt, un peu plus bas. Les enfants regardent tous avec attention et curiosité. Une curiosité naïve. Le petit dans ses bras a les yeux rivés sur le groupe d'hommes, de femmes et de Tuskens qui se préparent à une périlleuse mission.

Trois hommes des sables s'approchent de la crevasse, gaderffii ou fusil en main, et appellent le monstre, comme l'a prévu le plan. Leurs cris rauques se réverbèrent sur les pentes rocheuses dans un écho déjà effrayant. Et alors, le sable se met à frémir. Des bruits stridents s'échappent du puits de Sarlacc et un immense crâne émerge de la vague dorée qui ondule. Les Tuskens courent. Ils ne peuvent faire que ça. Les enfants à côté d'Eowyn gloussent, ils sont impressionnés par la taille de la bête qui n'est pourtant pas entièrement révélée.

Quant à Eowyn, elle est pétrifiée par le son électrifiant du monstre. Elle le regard, ses yeux sont rivés sur lui, mais elle ne le voit pas. Elle est plongée dans ses souvenirs au moment où les Tuskens décochent leurs piques et que l'assaut commence.

— Ne lâche pas ma main, lui ordonne le jeune homme en courant dans les tunnels rocheux. Ne lâche surtout pas ma main.

Eowyn essaie tant bien que mal de le suivre, sa main est presque encastrée dans celle de son ami. Ses chaussures s'enfoncent dans la boue à chacun de ses pas mais ils continuent de courir comme des dératés. Malgré la fatigue, malgré le sang noir qui coule de sa blessure.

— Dès qu'on aura atteint la lumière, ils ne pourront pas ne suivre dehors, tente-t-il de la rassurer. Nous nous rendrons à Gerdyn pour te faire soigner, mais tu ne dois pas lâcher ma main.

— Basile... murmure-t-elle tant la douleur dans sa clavicule est affreuse.

— Les dragons Loweecri n'ont pas de morsure vénéneuse, Wynnie. Il faut juste tenir encore un peu. Accélère, je les entends derrière nous, ils vont nous rattraper.

Leurs cris sont aussi transfixiants que l'est sa douleur et sa fatigue. La traînée de sang qu'elle laisse au sol, sans pouvoir compresser sa plaie, est un guide pour ces dragons qui ne les laisseront pas tranquille tant qu'ils n'auront pas quitté leurs galeries. C'est alors qu'une lueur d'espoir éclaircit le visage de Basile, lui aussi fatigué de cette course folle.

— Là, Wynnie ! La lumière !

Une fois les limites sombres dépassées, la lumière est aveuglante. Pas le soleil, pas même la neige, mais la grisaille d'un ciel pluvieux est ce qu'il y avait de plus éblouissant en sortant de ses caves. Pas suffisamment éblouissant pour que cela arrête le dragon-mère, comme cela aurait dû.

— Basile, elle... elle nous suit encore ! l'avertit-elle en pleurant comme le ciel.

— Continue de courir, ne lâche pas ma main.

Mais il lâche sa main, tout comme il lâche progressivement la vie au moment où le dragon-mère le croque. Son immense mâchoire acérée se referme sur son épaule, plante son coeur. Son corps tombe, son sang rouge se dilue dans la boue et le dragon, aux yeux transparents, rugit de douleur face aux rayons ultraviolets que présente ce jour pluvieux. Eowyn hurle son chagrin, la créature est expédiée jusque dans son trou par la seule colère de cette fillette.

— Basile ! pleure-t-elle en attrapant sous ses bras. Basile, relève-toi !

— Va chercher de l'aide... lui intime-t-il d'une voix faible.

— Mais... Tu m'as dit de ne pas lâcher ta main...

C'est la main que l'enfant pose sur sa joue qui la fait revenir à elle. Pour autant, aucune vague de paix ne l'envahit. C'est une vague d'anxiété. L'enfant est anxieux. Anxieux de la voire mortifié ou de savoir que ça chauffe en bas, personne ne le sait à part lui-même. Eowyn entend encore la voix de Basile, « ne lâche pas ma main » alors que le marshal et ses troupes semblent en difficulté face au dragon qui n'a pas succombé aux charges explosives. Elle réalise finalement la difficulté de la situation quand le bruit d'une explosion attire son attention. Le dragon arrive à se déplacer dans la roche solide.

Ce dernier ouvre grand sa gueule dans un cri de fureur avant de déverser son acide sur les Tatooïniens qui tentent de fuir, depuis son sommet. Le Mandalorien et le marshal se lancent eux aussi dans la bataille, mais le dragon replonge dans la montagne. Une avalanche de poussières et de graviers dévale les pentes abruptes, avant que le monstre ne pointe à nouveau le bout de son nez. À peine quelques mètres à côté de la cachette des enfants et d'Eowyn.

Le sol tremble autour d'eux, les enfants commencent à crier de panique quand la grande gueule du Krayt frôle leur cachette. Eowyn, se tenant sur sa jambe valide, ses bras trop occupée à tenir le petit bonhomme vert, n'a pas le temps de se rattraper quand elle est déséquilibrée par toute cette agitation. Elle a tout juste le temps de lâcher le petit aux pieds des autres enfants avant qu'elle ne bascule de sa montagne.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant