Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...
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Eowyn, malgré toute sa bonne volonté pour aider les deux amis de Din, ne leur a été d'aucune utilité. Pas que le Mandalorien ait eu besoin d'elle, il n'avait qu'à piloter et à tirer sur les TIE. Deux choses qu'Eowyn ne sait pas faire. En revanche, la raison pour laquelle elle ne se souvient pas de l'altercation du Razor Crest avec trois chasseurs TIE qui collaient au train du Maraudeur blindé de la marshal et du magistrat, c'est qu'elle était totalement immergée dans ses souvenirs. Elle se répétait encore la description des Khaalists faite par le droïde de protocole quand le vaisseau faisait ses pirouettes habituelles. Elle revoyait chacun de ses souvenirs, depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne, quand Din refusa le verre que lui proposait Greef Karga pour le remercier de son soutien. Ce n'est que lorsque le casqué s'accroupit devant elle, assise sur son siège, et qu'il attrape ses mains agrippées à sa ceinture qu'elle laisse sa mémoire de côté.
— Tu peux lâcher ta ceinture, Wynnie. Les TIE ont été détruits.
Encore embrumée, il est obligé de tirer sur ses doigts pour qu'elle lâche. Maintenant que ses larmes ont séchées et que son visage a dégonflé, elle a l'air encore plus pâle que d'ordinaire. Ça, le Mandalorien l'a remarqué et cela l'inquiète.
— Tu veux m'expliquer ce qui s'est passé pendant mon absence ? lui propose-t-il en s'essayant en face d'elle dans son fauteuil.
L'absence de réponse et son regard dans le vide ne sont pas pour le rassurer.
— Je m'inquiète, Eowyn...
— Est-ce que tu connais les Khaalists ?
Sa voix est monotone, l'expression de son visage est aussi vide que son regard. Din est presque plus inquiet par son comportement que par la réaction qu'elle va avoir après avoir répondu à sa question.
— J'en ai entendu parler.
— Donc tu savais.
Le silence tombe. L'enfant regarde tour à tour les deux adultes. Din baisse le regard.
— Je me suis douté, répond-il au moment où elle lève son regard empreint d'une lueur d'abattement qu'il voit rarement en elle. La couleur de tes yeux était déjà particulière, mais quand je t'ai vu saigner après ton altercation avec les Pykes, j'en ai déduit que tu étais l'une d'entre eux.
Elle hoche doucement la tête, assimilant les choses.
— Sais-tu quand est-ce qu'ils ont été exterminés ?
— Il y a une vingtaine d'années.
Nouveau silence. L'esprit d'Eowyn bouillonne. Elle essaie de retracer l'histoire, son histoire, mais c'est plus compliqué que ça en a l'air.
— Combien de temps exactement ?
— Il y a vingt-deux ans, il me semble.
Eowyn fait un simple calcul, elle avait un an quand c'est arrivé. Elle réfléchit à toute vitesse. Cela explique le comportement bizarre de Pylar à leur première rencontre, cela explique pourquoi il lui a demandé son âge et si elle a toujours vécu sur Ongarth. La scène se rejoue au détail près dans sa tête.
— Je comprends que tu sois perturbée, cela a dû te faire un sacré choc de découvrir tout ça, mais ça ne change rien à qui tu es.
Elle s'immobilise, tant dans son balancement latéral que dans ses réflexions, puis arque un sourcil avant de fixer la visière du Mandalorien.
— Tu penses vraiment ce que tu dis ? commence-t-elle à s'échauffer. J'ai vécu toute ma vie en pensant que j'étais né sur Ongarth, que mes parents avaient dû me donner à Wartob pour payer leurs impôts alors qu'aucun d'eux n'avait les yeux mauves et me ressemblait. J'ai vécu à la botte d'un esclavagiste, me faisant fouetter à multiples reprises car je ne travaillais pas assez bien au garage ou parce que je perdais mes premiers combats. Pourtant, je suis la descendante d'un peuple qui avait de l'influence dans toute la galaxie, au sein même de la République. Comment ai-je fini sur Ongarth ? Comment ai-je fini par être élevée par un couple de miniers alors que mon espèce a été détruite ? Et tu penses que si leur avenir en avait été autrement, j'aurais été la même personne ?
— Ce n'est pas ce que j'ai dit...
Eowyn se lève de son siège et s'engage vers l'échelle qui mène à la plateforme inférieure.
— Eowyn...
— S'il te plaît, j'ai besoin d'être seule.
— Non, pas cette fois. Je ne laisserais pas planer une atmosphère tendue comme après Mos Pelgo. Exprime-toi. Crie, pleure, pose des questions, autant que tu veux. J'essaierais d'y répondre avec ce que je sais.
— Oh, maintenant tu veux me parler de mon peuple ? Tu n'aurais pas pu m'en parler avant que je le découvre par moi-même ?
— Qu'est-ce que tu aurais voulu que je te dise ?
— Je ne sais pas ! J'en sais rien...
Les larmes se remettent à couler sans aucun effort, sans aucun sanglot la secouant comme un cocktail d'abat-fatigue. Juste des larmes et de la lassitude. Din vient attraper ses avant-bras quand ses jambes flagellent et lâchent sous son poids.
— J'ai l'impression d'avoir été bernée... renifle Eowyn en regardant les mains gantées du Mandalorien caresser le dos de ses mains.
— Je ne savais pas comment aborder le sujet, avoue-t-il, ni quand le faire. Je suis désolé. J'aurais préféré que tu l'apprennes d'une autre façon.
Il vient s'asseoir à côté d'elle et la laisse s'adosser contre son armure thoracique, tenant son épaule gauche pour lui éviter de tomber par le trou qui mène à l'étage inférieur.
La mécanicienne ne sait plus quoi dire, quoi faire, quoi penser. La fatigue la prend. Cette nouvelle l'a exténuée bien plus vite que son nycthémère habituel ne le permet.
L'enfant, inquiet de voir Eowyn dans cet état, finit par les rejoindre au moment où elle tombe dans un sommeil profond. Il s'installe dans le creux formé par la cuisse de celui qu'il considère comme un père avec celle de la femme qu'il se rapproche désormais d'une mère, puis se laisse à son tour aller au sommeil.
