106 - Crainte

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— Il faut faire quelque chose.

La femme fixe son époux qui est assis dans la chaise à bascule. Il regarde son bambin dormir dans ses bras pendant qu'il se balance.

— Il faut faire quelque chose, répète-t-elle en se rapprochant d'eux.

Il ne réagit pas. Il a un regard attendri pour sa fille dont le visage joufflu semble si paisible dans son sommeil. Attendri mais aussi dépité. Il a très bien entendu ce qu'a dit sa femme. Le soleil couchant disparaît à travers la fenêtre, faisant apparaître quelques ombres dans la chambre luxueuse.

— Poltr ! insiste la mère.

— Et que veux-tu que l'on fasse, Nodia ? lui répond-il enfin sans quitter des yeux sa nouvelle raison de vivre. Elle n'a pas l'âge pour faire des choses qui pourraient attirer le regard de l'Empire, nous avons encore du temps. Il faut profiter de sa jeunesse.

Sa femme serre la mâchoire mais vient tout de même s'accroupir à ses genoux.

— Mon amour, si nous n'agissons pas très vite, nous n'en profiterons pas longtemps.

Elle attire enfin son regard car il se baisse sur sa femme dont le visage est tiré par une peur qu'il n'avait jamais vue dans ses yeux jusqu'alors. Nodia a toujours été la plus forte d'eux deux. Il gouverne peut-être Jovak, mais elle représente tout le secteur au Sénat. Elle est à l'origine de toutes les missions humanitaires depuis qu'ils ont été élue roi et reine il y a de cela trente-cinq ans déjà, alors qu'ils n'étaient que de jeunes adultes.

— Je veux la voir grandir comme j'ai vu grandir Sqyzio, Poltr. J'aurais aimé que l'Ordre existe toujours pour qu'ils l'emmènent sur Coruscant, qu'elle devienne une Jedi accomplie qui fait honneur à nos coutumes. Rien de tout cela n'est possible désormais, mais cela ne doit pas la priver d'une vie avec nous. Peut-être même que ma cousine pourrait la former.

— Ne soit pas optimiste au point d'être naïve, Nodia. Vynzia est occupée à combattre l'Empire. Nous ne pouvons pas lui demander d'abandonner sa mission pour protéger et former une seule personne.

— Mais si elle forme Eowyn, elle pourra rejoindre la rébellion !

— Non ! hausse-t-il finalement le ton.

Il fait remonter son regard sur sa fille dont le sommeil semble imperturbable. Dort mon enfant, il te faudra de l'énergie pour ce qui arrive. Le roi se lève pour rejoindre le berceau et y déposer son bambin. Il fait demi-tour, attrape le poignet de son amour de jeunesse et l'attire vers l'extérieur de la chambre de la princesse.

— Eowyn n'est encore qu'une enfant, Nodia, lui explique-t-il en gardant son sang froid qui le caractérise bien. Elle ne marche pas encore ! Tu ne peux pas demander à ta cousine de la protéger jusqu'à ce qu'elle ait l'âge de tenir un sabre et encore moins de la former jusqu'à ce qu'elle ait suffisamment de compétences pour se lancer dans la bataille. Cela prendra des années ! Et les citoyens de cette galaxie n'ont pas ce luxe d'attendre.

— Depuis quand te préoccupes-tu autant des autres peuples ? crache-t-elle presque, la colère de ne pas se concentrer sur sa fille prenant le dessus sur sa rationalité habituelle.

Il grimace à l'entente de cette médisance qu'elle sait parfaitement fausse. Poltr glisse ses mains dans celle de sa bien-aimée.

— La peur t'aveugle-t-elle autant, ma chère reine ? La culture Khaalist est de nature généreuse et serviable. La dynastie Darkanx fait dans la philanthropie depuis bien avant notre naissance à tous les deux, tu t'es acharnée à poursuivre leur œuvre depuis ton couronnement. Notre peuple s'est toujours soucié des autres, toi la première. Et tu sais très bien que l'Ordre n'aurait jamais approuvé ta façon de penser actuelle. Toujours sauver le plus grand nombre, aucune pensée égoïste.

Poltr voit sa femme se décomposer au fil de ses paroles.

— Moi aussi je veux la voir grandir, mon amour, mais l'Ordre n'est plus et l'Empire est une menace trop puissante pour réfléchir de cette façon. Nous devons nous adapter, penser autrement pour protéger Eowyn sans abandonner notre morale et tous les peuples qui comptent sur nous.

Nodia baisse la tête.

— Je suis désolée, Poltr.

Le roi attire sa reine contre lui et la serre dans ses bras en caressant son dos.

— J'ai toujours voulu avoir une fille, ajoute-t-elle.

— Je sais.

— J'aime Sqyzio de tout mon cœur mais... cet enfant est un cadeau de la Force, Poltr. Elle m'a donné une fille, et Elle lui a donné tout ce que notre culture vénère au milieu d'une époque troublée. Eowyn est plus que notre enfant, comprends-tu ? Elle... Elle est peut-être celle qui nous sauvera tous.

— Peut-être, lui concède-t-il, mais ce n'est pas pour tout de suite. Il faut réfléchir et agir avec les temps présents.

Nodia hoche doucement la tête, collée contre l'épaule de son mari. Il sent ce mouvement, mais il ne présage en rien de ce qui se passe dans l'esprit de sa femme. Elle réfléchit, énormément. Elle a une prophétie en tête, une prophétie si vieille que même leur mémoire collective est incapable de la dater. Et si Nodia a raison, il faudra agir au plus vite. Si elle venait à se réaliser, cela signerait la fin des Khaalists.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant