79 - Les adieux

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Assise en face de Grogu, à même le sol du Razor Crest, elle repense aux paroles que lui a dites Din avant de rejoindre Ahsoka et les villageois faisant la fête après la libération de leur peuple. « Va lui dire au revoir ». Elle avait beau savoir à quoi s'attendre, que c'était la fin de leur voyage commun, ce n'est que lorsqu'elle s'est installée devant ce petit bout de chou qu'elle a réalisé la chose. Que même si Ahsoka refuse de le prendre avec elle, cela lui fera du mal de le laisser partir. Car il va partir. Si ce n'est pas Ahsoka qui le formera, ce sera quelqu'un d'autre.

Ses grands yeux de limbes la regardent avec une certaine appréhension, sentant lui aussi que la fin est proche. Il marche prudemment vers elle alors qu'Eowyn fixe le vide, dans ses pensées. Grogu vient s'asseoir entre ses jambes, elle est assise en tailleur, et lève sa tête vers elle qui lui semble si grande. Devant l'absence de réaction de celle qui l'a protégé au même titre que ce Mandalorien protocolaire, il pose l'une de ses mains sur son ventre et empoigne son t-shirt sale entre ses doigts. C'est le petit bruitage qu'il aime bien faire pour attirer l'attention qui la sort de ses pensées. Des pensées si solitaires. Son regard de lin se pose sur l'enfant vert, au front aux multiples rides et aux immenses oreilles pointues. Elle voit quelque chose briller dans ses yeux noirs.

— Oh Grogu, laisse-t-elle échapper en le prenant dans ses bras afin de l'avoir bien en face d'elle. Que va-t-on faire sans toi ? Que vais-je devenir sans toi ?

Il ne réagit pas, pas physiquement. Ses doigts effleurent le dos de sa main et le lien s'opère. Un lien qu'elle n'a qu'avec lui, un lien qu'elle n'a jamais eu avec Ezra ou avec Pylar. Les mots ne sauraient exprimer les sentiments qu'ils éprouvent pour l'autre. Probablement que le mot « amour » est ce qui s'en rapproche le plus, mais c'est beaucoup plus que ça. C'est une profonde sollicitude qui les unit, tant entre eux qu'entre eux et leur sauveur à tous les deux. Et bien que cela fasse peu de temps qu'ils se connaissent et qu'ils se sont reconnus, entre Sensitifs, elle a l'impression de le connaître depuis une éternité. Une éternité qui cache encore tellement de mystères.

Les yeux d'Eowyn s'embuent contre sa volonté. Elle n'arrive pas à garder ses émotions pour elle. Cela a toujours été son problème, la raison de ses dérapages, de ses erreurs. Mais le protéger, lui, est de loin la chose la plus sensée qu'elle ait jamais fait. Pas sauver des rebelles et les aider à échapper à l'Empire, pas remettre à leur place quelques pirates s'octroyant trop de libertés déraisonnables, pas essayer de convaincre Belokwa d'arrêter son rituel de pénitence. Mais aider ce pauvre bambin à trouver sa place dans la galaxie, alors qu'elle-même ne l'a pas encore trouvé.

— Tu as beau ne pas avoir de peau blafarde ou de sang noir, je te considère comme un membre de ma famille.

Eowyn a rarement vu le petit sourire, souvent elle a l'impression qu'il a un rictus, mais cette fois, elle voit les commissures de ses lèvres s'élever vers le ciel. Un ciel qui promet d'être bien terne sans lui. Ses deux petites mains viennent effleurer ses joues et leurs fronts viennent se coller pour mieux communier. Les larmes ne peuvent rester en place.

— Tu vas sincèrement me manquer, ma petite grenouille, ajoute la mécanicienne en essayant de contrôler les sanglots dans sa voix.

Le contact de leur peau l'une contre l'autre, joint à la facilité qu'à ce jeune novice à naviguer à travers la Force, les emmène tous les deux dans sa cachette secrète. Dans les étoiles. Là où la mélodie vient d'ordinaire chatouiller son ouïe et où la brise vient enlacer son corps en ultime geste de réconfort. Et cette fois, Eowyn entend la mélodie. Cette fois, elle perçoit la brise sur son échine. Mais ce sont celles de Grogu, pas celles qu'elle a l'habitude de percevoir. Et même si la Force se refuse encore à lui parler, elle est ravie de savoir qu'elle n'a pas abandonné cet enfant. Son enfant.

— Écoute Ahsoka, toujours, se reprend-elle en se détachant un peu de Grogu. Elle a l'air d'en savoir beaucoup sur tellement de choses. Ne laisse jamais ta colère te guider. Je suis mauvaise moralisatrice car hypocrite sur ce sujet, mais je suis sincère. Tu commettras des erreurs, inévitablement, et tes émotions seront ton fardeau, mais j'espère que tu sauras en tirer le meilleur.

Percevant les pas caractéristiques du Mandalorien se rapprochant du vaisseau, Eowyn a comme l'impression qu'elle doit se dépêcher. Pourtant, elle déteste précipiter les choses. Alors elle se contente de plonger son regard dans celui de l'enfant.

— Je t'aime, petite grenouille. J'espère qu'on se reverra un jour.

À peine prononcées, ses paroles sont vites effacées par l'entrée de Din dans le vaisseau. Il s'immobilise derrière eux, Eowyn toujours assise sur le sol.

— C'est...

Ne lui laissant pas le temps de lui dire que c'est l'heure, elle le devance en se levant pour venir déposer Grogu dans ses bras. Elle pose un instant sa main gauche sur son épaulette en beskar, sa main droite caressant déjà l'extrémité pointue de l'oreille du petit. Le moment est bref, mais elle a l'impression, un court moment, de vivre une nouvelle fois l'explosion de sa famille. D'abord ses parents, adoptifs semblent-ils - dont elle garde un souvenir assez clair malgré le temps qui s'est écoulé depuis leur séparation - puis Loria, Dob et RK. Et maintenant Grogu.

— Je vous laisse.

Elle sort par la trappe arrière du vaisseau, luttant toujours pour ne pas à nouveau fondre en larmes. 

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant