74 - Espoir naïf

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Eowyn reste debout devant les portes de la villa. Elle fixe cette frontière en duracier, séparation nette entre le misérable et l'orgueilleux. La jeune femme essaie de faire abstraction des plaintes des prisonniers, de se concentrer sur ce qu'elle voit et non sur ce qu'elle entend, mais c'est difficile. Elle ne connaît que trop bien ce qu'ils vivent, enchainés et torturés, mais elle aimerait pouvoir dire qu'elle a vécu pire. Ce n'est pas le cas. Je n'ai jamais été aussi mal traitée physiquement.

Sentant la tension dans ses muscles s'effriter à mesure que les geignements des malheureux s'infiltrent dans ses oreilles, Eowyn est à deux doigts de trembler. Elle inspire un grand coup, se persuade de ne pas tenter un échange avec la Force, un échange qu'elle sait univoque, puis se tourne vers les humanoïdes armés qui ne cessent de la guetter.

— Pourquoi sont-ils dans ces cages ? Qu'ont-ils fait pour mériter ça ?

Eowyn sait très bien que les impériaux n'ont pas besoin de raison pour faire le mal autour d'eux. Pourtant, elle ne peut pas s'empêcher de chercher du discernement dans cette condamnation. L'Empire a eu la mainmise sur la galaxie pendant plus de vingt ans, leurs partisans ont toujours été intelligents pour réussir à maintenir le cap aussi longtemps. L'espoir naïf qu'il y ait une raison valable à toute cette souffrance s'évapore devant l'absence de réponse et le stoïcisme de ces individus cachés derrière leur masque. Sachant que répéter la question aboutira au même résultat, elle rejoint l'homme qui l'a supplié un peu plus tôt.

— Pourquoi êtes-vous ici ?

Son visage défiguré par la douleur, Eowyn ignore depuis combien de temps il se tient debout de cette manière, est un crève-cur pour l'ancienne esclave. Au moment où il s'apprête à lui répondre, une décharge électrique le secoue et Eowyn perçoit de douloureuses larmes lui échapper.

— Ne parlez pas aux prisonniers, l'interpellent une nouvelle fois les deux gardes armés en l'éloignant du poteau électrisant.

— Ou quoi ? Vous allez m'y mettre, moi aussi ? Je ne suis pas sûre que votre magistrate aimerait que vous offensiez mon... maître... Oui, vous ne voulez pas qu'il soit offensé, se rebelle-t-elle en butant sur le mot « maître ». Ce n'est pas pour rien qu'il était le chasseur de prime favori de l'Empire... Quand il a un objectif en tête, s'en est fini pour sa cible.

Les deux gardes restent silencieux bien qu'Eowyn arrive à déceler une certaine nervosité dans leur attitude.

— Si vous ne voulez pas faire les frais de son lance-flamme, je vous conseille de ne plus jamais me toucher.

Elle n'a pas le temps de les voir trembloter que la porte en duracier de la muraille secondaire fait entendre ses rouages. Din en sort et lui fait un signe de tête de le suivre. Wynnie offre un regard et un sourire narquois à ces pions avant de le rejoindre. Ce n'est que lorsqu'elle marche à ses côtés, un peu en arrière pour accentuer son statut provisoire d'esclave, qu'elle remarque l'humain qui l'a traité de négligée. Si son regard pouvait tuer, il serait déjà au sol.

— Où allons-nous ? demande alors Eowyn en grimaçant devant les gravillons qui collent à ses chaussures.

— Tais-toi.

Wynnie a un hoquet de surprise mais ne répond rien. Quand Din se met dans un rôle, il le fait à fond. Une fois sortie de la ville, le sous-chef de la magistrate les regardant s'éloigner comme pour vérifier qu'ils ne feront pas demi-tour, Eowyn se permet de chuchoter :

— C'est bon ? C'est désagréable de t'entendre me parler comme à un chien.

— Attends que l'on soit hors de portée.

Bien vite, la brume les englobe et les camouffle entre les arbres morts.

— Je suis désolée, s'excuse Din en se détendant un peu. Il fallait que j'aie l'air suffisamment menaçant pour qu'ils ne nous exécutent pas.

— Je crois que ton armure est suffisamment intimidante pour que ça n'arrive pas, rétorque-t-elle en essayant de faire abstraction de toute cette mascarade dégradante.

— Tu sais très bien ce que l'Empire a fait aux Mandaloriens, mon armure n'aurait rien changé si cette magistrate n'avait pas besoin d'aide.

— L'Empire n'hésite jamais à pactiser avec l'ennemi pour obtenir ce qu'il veut, concède Eowyn en acquiesçant. Qu'est-ce qu'elle t'a demandé ?

Il prend un temps pour poser sa main sur son épaule, c'est le ton de sa voix qui l'oriente sur son humeur.

— Elle veut que je tue la Jedi qui la harcèle.

Eowyn perçoit un sourire dans le timbre de sa voix, mais elle n'arrive pas à être aussi heureuse que lui.

— Tu penses que c'est la Jedi que nous a recommandée Bo-Katan ?

— C'est probable, les Jedi ne courent pas les rues et n'ont aucun intérêt à se regrouper pour leur propre sécurité.

Comme frappée par l'aboutissement proche de leur mission de départ, Eowyn se remémore à quel point elle a menti au Mandalorien, combien elle l'a berné sur sa sensibilité à la Force malgré tout ce qu'elle a tenté de faire pour l'aider à trouver des Jedi. Et si Pylar lui a appris énormément de choses sur la Force et ses usages, elle sait très bien qu'en retrouvant cette Jedi, elle s'expose à ce que son secret soit révélé à son sauveur.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant