5 - Ressenti étrange

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Ils sont bruyants, comme à leur habitude. Ils se bidonnent avec leurs voix rauques ressemblant à des moteurs d'usines, sifflantes pour d'autres tel des sirènes d'alertes. Ils trinquent leurs gobelets pour aucune raison et toutes les cinq minutes, ayant déjà oublié qu'ils avaient porté un toast un peu plus tôt. Mais s'il y a bien une chose que Wynnie déteste par-dessus tout dans ces rassemblements de cantina, ce sont les conversations de ces malfrats. Ils clament haut et fort combien de villages ils ont pillés sur les planètes voisines ou plus lointaines, combien d'esclaves ils ont vendus. Elle aime voir les gens bons vivants qui plaisantent et s'amusent, mais elle n'aime pas que ce soit des gens malhonnêtes, des personnes qui font du mal à d'autres. Qui pillent ou transforment des individus sans défense en esclave pour servir leurs intérêts. La cupidité et le pouvoir aveuglent les gens.

Une nouvelle bourrasque de vent surplombe le bruit des joyeux et le tintement des bottes du nouveau venu fait rapidement taire l'endroit. Wynnie lève les yeux de son repas. Le Mandalorien, en compagnie de son berceau volant, vient de faire son entrée. Son casque luit sous les néons de la taverne et un sourire en coin tire les joues de la mécanicienne. Il faut croire que les Mandaloriens font tous le même effet de manière intemporelle.

Il s'avance au sein de la foule le dévisageant et rejoint le comptoir. Une fois assis, le brouhaha reprend de plus belle. Le dernier Mandalorien ayant passé le pas de la porte a provoqué une bagarre telle que la taverne a dû fermer plusieurs jours le temps de rénover le comptoir qui en avait fait les frais. Il faut croire qu'aujourd'hui n'est pas une journée à bagarre.

Wynnie se reconcentre sur la pluie à l'extérieur. Elle a beau la détester quand elle est dessous, une fois qu'elle est à l'abri, une de ses passions est de la regarder dégouliner le long de sa fenêtre, ou remplir progressivement le creux des montagnes. Mais quelque chose la pousse à regarder en direction des deux nouveaux étrangers, particulièrement le berceau en fer. Une petite main verte à trois doigts se pose sur le rebord du berceau, une oreille pointue entre dans son champ de vision, puis la tête du petit qui se penche pour la regarder. Wynnie plonge son regard dans celui de la petite chose dont elle ignore tout. Et bien que sa curiosité pour la diversité des espèces intelligentes la fascine, elle se sent mal à l'aise, comme s'il sondait son âme.

Elle détourne rapidement le regard et se lève aussitôt de sa table. Elle part déposer son assiette et ses couverts à l'extrémité du comptoir en remerciant Dob puis se déplace en direction de la sortie. Le chahut a beau être fort, elle perçoit une bribe de la conversation entre le Mandalorien et le maître des lieux.

— J'ai besoin de savoir où il se trouve.

— J'suis d'solé, j'sais pas où y crèche...

Wynnie n'a pas le temps d'entendre quoi que ce soit d'autre qu'elle se prend pluie et vent dans la figure au moment où elle quitte la cantina. Elle ne cherche même pas à échapper à la pluie cette fois, elle est juste perturbée. Un Mandalorien, comme il en reste peu, débarque, sort des crédits en or et réserve une plateforme entière pour son vaisseau armé jusqu'aux dents. Il se balade avec une petite créature verte dont le regard pénétrant pourrait rendre un Wookiee nerveux. Et pour couronner le tout, il est à la recherche de quelqu'un. Cela ne présage rien de bon. Rares sont les fripouilles se baladant avec des crédits en or et cherchant des personnes avec une volonté de rester discret, bien que son armure soit loin de jouer le jeu. Quand elle se rend compte qu'elle a rejoint sa plateforme de travail sans même s'en rendre compte, elle réalise à quel point leur présence la déstabilise. Mais elle n'a pas le temps de se laisser turlupiner par son pressentiment qu'un vaisseau se pose et que RK lui siffle les informations que le droïde secrétaire lui a transmises.

Wynnie travaille toute l'après-midi. Le X-Wing qui s'est présenté était dans un sale état, et malgré l'interdiction de séjour des vaisseaux de combat dans le garage de Vogartha, il lui était impossible de redécoller tant son état était pitoyable. Quand la nuit pointe enfin le bout de son nez, le X-Wing redécolle grâce aux mains agiles de la mécanicienne qui l'a réparé. Son pilote lui serre chaudement les mains en la remerciant au moins huit fois avant de bien vouloir monter dans son vaisseau et débarrasser le plancher. RK l'interpelle et lui fait savoir que Loria la demande. Quand elle rejoint le comptoir de la cheffe de l'établissement, le Mandalorien et le petit sont là.

Elle se fige à peine a-t-elle posé un pied dans la pièce. Elle ressent encore ce malaise, cette sensation étrange quand le petit est dans le coin. Ou peut-être est-ce lié au Mandalorien, ou aux deux en même temps ? Ils semblent ne jamais se séparer, du peu qu'elle en a vu.

— Ils ont besoin de ton aide, lui fait savoir la Twi'lek. Tu peux prendre la fin de ta journée.

— J'ai encore beaucoup de travail, répond-elle en gardant au mieux son calme.

— Il n'y a personne sur votre plateforme, intervient la casqué en jetant un coup d'œil sur les écrans de Loria. Ça ne prendra pas longtemps.

Wynnie serre les dents. Elle ferme les yeux et tente de se détendre. Elle inspire et expire deux longues bouffées d'air avant de rouvrir les yeux. Elle se sent déjà mieux.

— Suivez-moi.

Elle tourne les talons en direction de son lieu d'intervention et s'assoit sur la table qui traine sur sa plateforme. Le Mandalorien se plante devant elle pendant que le berceau fait le tour de l'individu pour se placer à sa droite.

— Je suis à la rechercher de...

— Est-ce qu'il peut attendre dans une autre pièce ? le coupe immédiatement Wynnie, son regard de nouveau plongé dans celui du petit.

Ses oreilles sont baissées, comme s'il était triste ou vexé.

— Où que j'aille, il me suit.

— Ouais bah c'est soit ça, soit vous pouvez vous mettre vos infos là où je pense.

— Il n'est pas méchant, vous savez.

Wynnie hausse les sourcils. Il ne doit pas tenir tant que ça à savoir où se trouve je ne sais qui.

— Bon écoutez, je n'ai pas de temps à perdre. Votre créature de compagnie me met extrêmement mal à l'aise. J'ai la sensation qu'elle veut aspirer mon âme alors si vous ne tenez pas tant que ça à retrouver la personne que vous cherchez, je rentre chez moi.

L'homme reste indécis. Il baisse la tête. Peut-être qu'il réfléchit, peut-être qu'il soupire, Wynnie n'en a que faire. Elle se dirige vers la sortie.

— Bonne soirée. Et évitez de trainer dehors quand il fait nuit, les bourrasques de vent sont plus violentes que la journée.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant