🪐
La nuit est tombée bien vite. Le reste de l'après-midi a été très productif. Deux hommes de Mos Pelgo l'ont aidé à créer les capteurs et inducteurs nécessaires à la création d'un réseau sans fil entre les charges explosives et ce n'est que quand il a fait nuit noire qu'on lui a dit d'arrêter ce qu'elle faisait. Le problème est que, encore bien trop de mines ne sont pas reliées et si les Tuskens doivent arriver à l'aube, jamais ils n'auront le temps de finir toutes les charges. Mais Din ne voulait rien entendre. Il disait qu'elle devait dormir, que cela faisait déjà plusieurs jours qu'elle n'avait pas fermé l'oeil. Il est vrai, cela doit faire quatre ou cinq jours. Mais elle a l'habitude de passer une semaine sans dormir, elle a encore de la marge. Et puis de toute façon, je ne peux pas fermer un oeil sans revoir Basile servir de repas à un Loweecri.
Alors elle traine sur le toit. Les trois lunes sont aussi magnifiques que les deux soleils. L'une surplombe les deux autres avec domination, sa taille imposante impressionne ses deux amies. Le ciel noir est sans nuage, comme le ciel bleu de la journée. Le reflet bleuté des lunes rend l'atmosphère bien moins chaude.
Eowyn observe. Eowyn admire. Tout est tellement plus beau que sur Ongarth.
— Du mal à dormir ?
Un brin surprise, elle sursaute en se retournant brusquement, son couteau papillon déjà ouvert et ses muscles crispés, prête à se défendre. Même avec son plâtre, elle s'est contorsionnée suffisamment pour être sur ses gardes. Mais ce n'est que le marshal.
— Tu es en sécurité ici, se contente-t-il de dire en restant à distance. Personne ne te fera de mal.
Elle s'empresse de ranger son arme, gênée.
— Désolée. C'est la première planète que je découvre en dehors de la mienne, j'imagine que j'ai un peu peur de tout ce qui est nouveau pour moi.
— Je peux ? quémande-t-il en indiquant la place à côté d'elle.
— C'est votre taverne, hausse-t-elle les épaules.
Cobb Vanth s'assied en tailleur à ses côtés. Il lève son regard vers le ciel comme Eowyn un peu plus tôt. Le silence n'est pas pesant mais pas agréable pour autant. On dirait presque qu'Eowyn a honte qu'un inconnu sache qu'elle aime contempler le paysage.
— Des cauchemars ? reprend-il sans la regarder.
Elle fixe un canyon lointain avant de répondre.
— Ce n'est pas pour ça que je ne dors pas ce soir.
— Mais il y a des cauchemars, déduit-il. Je ne veux pas paraître intrusif, mais ça se voit sur tes traits.
— Et vous avez un remède pour ça ?
Elle avait dit ça sur un ton un peu méprisant. S'il existait une solution à la culpabilité, je l'aurais déjà utilisé.
— Oui, il faut en parler avec quelqu'un. C'est un vrai remède miracle, tu devrais essayer.
Elle fronce les sourcils puis pivote sa tête vers lui qui regarde toujours les étoiles. Le sarcasme lui va mal.
— Désolée.
— Pourquoi t'excuses-tu ?
— J'ai parfois la très mauvaise habitude de répondre comme un chien. Vous essayez de m'aider, j'imagine.
— Il doit y a une explication à cela. Il te faut juste du temps pour t'aclimater.
Eowyn regard le moindre détail de son visage. Sa bouche entrouverte recouvrant une dentition bien alignée, sa barbe sableuse suffisamment taillée pour ne pas paraître négligée, ses yeux désormais assombris par la pénombre. C'est un bel homme. Un bel homme qui a compris qu'elle était esclave par le passé. Din ne l'a que trop bien suggéré et j'ai mis les pieds dans le plat par moi-même.
— Je me propose de t'écouter, si tu veux.
Il baisse finalement le regard et sort un lambeau de tissu de sa poche qu'il déplie. Il lui tend le chiffon.
— Baies ?
Eowyn secoue la tête.
— Je ne suis pas sereine avec ce qu'on va faire demain.
— Le risque zéro n'existe pas.
— Ne vous vexez pas, mais il existe pour Din, le petit et moi-même. Il suffirait qu'on s'en aille et nous n'aurions aucun risque d'y laisser la vie. J'étais contre dès le début.
— Qu'est-ce que t'as fait changer d'avis ?
Eowyn fixe le sol, essayant une fois encore de cacher ses émotions et présentement, son agacement.
— Je pense que vous l'avez deviné.
Le silence lui répond. Bien sûr qu'il a deviné.
— Tous les anciens esclaves ne sont pas généreux, encore moins qui en ressentent la nécessité.
— Trop rares sont les esclaves qui ont la chance de trouver la liberté. Je ne suis pas sûre qu'il existe un modèle de comparaison.
— Cela fait donc de toi une ancienne esclave généreuse malgré ton passé et tes appréhensions. Mais je comprends ta crainte.
— Din m'a sauvé. Sans lui, je serais encore sur Ongarth, à me faire taper dessus pour pouvoir toucher une maigre paie. Je lui dois tout ce que sera ma vie à l'avenir. Je m'en voudrais toute ma vie s'il perdait la sienne afin de tuer une bête dont nous savons tous que des gens y laisseront la vie.
— Tu as dit qu'il y avait des dragons sur Ongarth. Qu'ils étaient différents du Krayt. Pourtant, tu sembles croire qu'ils sont tous les mêmes parce qu'on les appelle « dragon ».
Les larmes lui montent aux yeux. Elle aurait aimé que la nuit la camoufle suffisamment pour qu'il ne s'en rende pas compte.
— Ce sont des monstres. Même les plus inoffensifs.
— Si même les plus inoffensifs sont des monstres, tu sais donc pourquoi il est très important pour mon village que ce Krayt soit mis hors d'état de nuire.
Eowyn inspire en séchant ses larmes avant qu'elles ne coulent.
— Tu tiens beaucoup à tes compagnons, constate-t-il en observant son émotivité.
Elle hoche la tête. Je leur donnerais ma vie.
— Je protégerais le Mandalorien et le petit gars qui vous accompagne comme je protègerais n'importe quel habitant de ce village. Tu as ma parole.
Eowyn lâche un rire à la fois amusé et las. Elle lève son regard vers lui, la lune reflète la détresse de son visage.
— Je préfèrerais que vous me promettiez que tout ira bien.
Il sourit tristement.
— Le risque zéro n'existe pas.
🪐
VOUS LISEZ
The Travel Dreamer ● Star Wars
FanfictionIl y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...