6 - L'esclavagiste

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À peine Wynnie pose-t-elle un pied à la taverne que Wartob descend de son tabouret de bar et tombe lourdement sur le sol. Il fait plusieurs enjambées adaptées à sa petite taille de jambes et lève la tête pour regarder la jeune femme.

— Alors petite, comment vont les affaires ?

Wynnie lève les yeux au ciel en accrochant son anorak au portemanteau.

— Probablement pas aussi bien que les tiennes, grommèle-t-elle en saluant une nouvelle fois Dob.

Elle part s'asseoir à sa place habituelle et le Cloddogran la suit jusqu'à sa table. Il s'assoit sur la chaise en face d'elle.

— Certes, certes, mais niveau crédit, tu arrives à économiser comme tu veux ?

Wynnie ne se retient pas de grimacer et de déglutir péniblement en sentant l'haleine épouvantable de Wartob. Elle observe les quelques dents qui se battent en duel sur ses gencives. Elles sont dévorées par les carries. Dob lui apporte son repas de la soirée mais elle ne se sent pas capable de manger tant qu'il est encore devant elle, à lui postillonner elle ne sait quel germe habitant son immonde muqueuse buccale.

— Ça ne te regarde pas.

— Bien sûr que si. J'ai beau t'avoir laissé certaines libertés et t'avoir laissé économiser ton argent, tu m'appartiens toujours. Je veux juste connaître ton avancée dans tes économies.

Elle serre les dents.

— Je ne suis pas près de pouvoir m'acheter ma liberté, si c'est ce qui t'inquiète. Ah mais attend, c'est parce que tu m'as proposé une somme d'affranchissement impossible à atteindre avec une espérance de vie humaine, lui répond-elle avec une impudence que le Cloddogran lui connaît depuis quelques années.

En effet, depuis qu'elle a commencé à avoir des opinions sur tout, son insolence n'a d'égale quand elle s'adresse à son possesseur. L'élément déclencheur de sa colère constante envers Wartob est la découverte de son asservissement par auto-proclamation de cette pourriture en esclavagiste. Heureusement que le Grand Maître était d'accord surtout. Il s'est permis de l'enlever à ses parents à la place des taxes qu'ils ne pouvaient payer, le Grand Maître aurait pu l'envoyer dans une prison sur Goourj pour ne pas avoir fait son travail.

— Voyons Wynnie, pas besoin d'être aussi pessimiste. Si tu travailles plus hardiment et que tu arrêtes de t'acheter des larmes de Tiga, je suis sûr que tu peux finir une ou deux années en avance.

Elle serre les dents d'autant plus en lui offrant un sourire dont elle ne ressent aucun plaisir à montrer.

— Tu as raison, je suis bien trop ingrate pour mériter une telle générosité de ta part, ironise-t-elle à la puissance mille.

— Je suis ravi de te l'entendre dire. J'ai toujours su que tu étais du genre reconnaissant, en plus d'être une grande débrouillarde.

Wynnie lève les yeux au ciel. Si Wartob la laisse lui parler avec autant de sarcasmes, c'est très probablement car il ne le comprend pas. Elle n'a jamais cherché à vérifier cette hypothèse mais au fil des années, il n'a jamais montré un quelconque agacement face aux paroles de la mécanicienne. Peut-être s'en fiche-t-il, peu importe en soi. Tant que ça lui permet de se défouler sur ce sac à merde sans que cela lui vaille des coups de fouet, elle ne crachera pas sur les petits plaisirs que lui offre la vie.

— Je te laisse manger. Tu as besoin de force pour ta journée de demain, annonce-t-il en quittant sa chaise. J'espère que tu me montreras ta reconnaissance lors du tournoi à venir ?

Wynnie lève les yeux de son plat qu'elle n'a toujours pas touché. Le regard de Wartob est lourd et cherche à être menaçant, mais elle n'a plus peur de lui depuis bien longtemps.

— Ne te l'ai-je pas montré à chaque tournoi ?

Il la toise, cherchant sûrement à lui montrer qu'il peut la mettre dans de sales draps s'il lui venait l'idée de lui faire faux bond. Wynnie a beau ressentir une pitié immense et un mépris infaillible pour sa personne, c'est quand même grâce à lui qu'elle a le droit à un repas gratuit à la taverne et qu'elle couche dans le grenier de l'établissement.

— Bien, alors on se revoit dans trois jours.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant