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Le trajet jusqu'à la cantina n'est pas bien long, mais à force de slalomer entre des caisses de poissons locaux et les créatures aquatiques qui les pèchent, sans oublier l'odeur d'humidité qui prend profondémment à la gorge, Eowyn a l'impression que le temps s'est ralenti. Elle regarde les pieds de Din, lui permettant de savoir où se diriger sans avoir à faire attention au reste de son environnement. Jusqu'à ce que quelqu'un la percute.
Trop attachée à se concentrer sur ses pas pour ne pas penser à toute cette eau autour d'elle, elle ne se retourne même pas sur le jeune garçon qui l'a percuté.
— Tu pourrais faire plus attention quand tu marches ! lui reproche-t-il.
Le fait qu'il lui adresse des mots suffit à faire converger son attention sur lui. Les yeux en amande, les cheveux aussi noirs que la suie, il a les sourcils froncés et la mine agacée. Il doit à peine avoir dix ans.
— Je suis désolée, s'excuse Eowyn avant de se retourner et de rattraper Din et le couple d'anthropoïdes.
Rapidement, ils arrivent à la cantina. Avant d'entrer, Eowyn a comme un sentiment étrange. Comme une légèreté sur son corps. Elle repense à ce jeune garçon qui l'a percuté, avec beaucoup véhémence maintenant qu'elle y réfléchit. Elle fouille dans ses poches pour constater que son couteau papillon ne s'y trouve plus.
— Non mais quel saligaud, peste Eowyn qui a repris du poil de la bête.
— Qu'est-ce qui se passe ? la questionne la Mandalorien.
— Ce petit chieur a volé mon couteau papillon, serre-t-elle les dents.
Eowyn regarde les alentours de la cantina, désormais suffisamment en colère contre ce gamin pour oublier l'endroit où elle se trouve. Din a un regard pour les crapauds qui lui font signe de le suivre. Il soupire.
— Si quelqu'un te l'a volé, je crains que tu ne puisses pas le retrouver dans toute cette foule. Les pickpockets, à cet âge-là, sont assez petits et frêles pour se cacher n'importe où. Je suis désolé, mais nous devons y aller. Nous pourrions manquer les Mandaloriens.
Sa mâchoire se contracte. Sa frustration est grande. Ce couteau est l'un des derniers liens qu'elle garde avec Basile, en plus de ces souvenirs. Et le dernier n'a rien de bien joyeux. Elle finit par se résigner quand son regard tombe sur l'enfant qui la regarde intensément. C'est lui la priorité.
Rapidement, le Mon Calamari qui gère la cantina les fait asseoir à une table et leur demande ce qu'ils veulent manger. L'enfant est affamé, cela se voit. Din lui commande un bol de chaudrée et lance un regard à Eowyn, espérant qu'elle répond pour elle. Mais elle n'a pas faim, alors elle se contente de simplement secouer la tête.
— Les places sont chères ici, lui annonce le Mon Calamari à la peau terreuse. On peut s'asseoir à condition de manger.
— Je peux acheter autre chose, répond le Mandalorien en lui tendant des palets gluants que l'homme-poisson prend sans hésitation, des informations. Nous cherchons des personnes qui me ressemblent.
C'est à ce moment qu'Eowyn perd le fil. Elle repense à ce garçon aux iris de limbes et aux yeux en amande. Elle est en colère contre lui. Elle est en colère contre Belowka qui l'a sauvé de la noyade sur Ongarth. Désormais, elle craint l'eau plus que l'Empire ou les chasseurs de primes. Elle est en colère contre Wartob pour l'avoir fouetté après l'inondation cataclysmique d'Ongarth. Sa cupidité dépasse l'entendement, elle s'en étonnera toujours. Elle est en colère contre elle-même, pour avoir la faiblesse de laisser son passé interféré avec son présent et son avenir.
Elle a du mal à comprendre comment elle aurait pu devenir une Jedi. Comment Pylar aurait pu la rendre aussi courageuse qu'eux ? Elle ne cesse de déroger au Code qu'elle a appris par coeur, elle laisse ses peurs prendre le dessus et la mettre en colère. La peur mène à la colère, la colère mène à la souffrance, la souffrance mène à la haine. C'est ce que lui a dit Pylar, le jour de sa mort. Le problème est qu'elle tombe dans le piège à chaque fois.
Finalement, la notion d'un « bateau » résonne à ses oreilles et la fait se redresser.
— Un bateau ? s'exclame-t-elle soudainement, comme si elle débarquait. Pour quoi faire ?
Elle lance un regard au Quarren, qui est à la place du Mon Calamari présent un peu plus tôt, puis à Din dont elle ne voit toujours pas l'expression.
— Les Mandaloriens se trouvent à quelques heures de bateau d'ici, lui réexplique le Quarren à la peau tout aussi terreuse que le gérant de la cantina.
Elle ouvre la bouche pour désapprouver, elle sait très bien qu'il ne faut jamais faire confiance à un Quarren, mais Din la coupe.
— Tu pourras rester ici, je ne te forcerais pas à monter sur un bateau.
Elle lance un regard mauvais à l'homme poulpe mais approuve qu'il ait pris en compte sa peur de l'eau.
— Vous avez une preuve de ce que vous avancez ?
— Seulement ma parole d'honneur.
— Vous n'avez aucun honneur, vous, les Quarrens.
Elle sent l'homme poulpe se tendre sur son siège et poser ses coudes sur la table, prêt à se lancer dans une bagarre. Elle aurait presque envie de lancer le premier coup, histoire de décharger sa frustration qui persiste. Le dernier Quarren qu'elle a croisé est repartie avec sa navette flambant neuf après les réparations d'Eowyn, sans payer la totalité de son travail.
— Wynnie, s'interpose Din en se levant et en mettant ses mains entre les deux camps. C'est notre dernière chance de trouver les miens. S'il peut nous aider, je ne laisserais pas passer cette chance. Et s'il ment, il sait ce qui l'attend.
Il tourne son casque en direction de l'homme poulpe qui se renfrogne sur son siège, ayant très bien compris que le Mandalorien le tuera s'il fait un pas de travers.
— Bien, cède Eowyn en se levant de table. Dans ce cas, je vais aider celui qui répare le Razor Crest.
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The Travel Dreamer ● Star Wars
FanfictionIl y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...