18 - Douloureuse confession

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— D'accord, j'ai aussi une question pour toi.

L'agacement qui avait commencé à l'envahir s'arrête dans son foisonnement. Elle est un peu étonnée de l'attention qu'il lui porte au point d'avoir une question à lui poser la concernant. Elle a plus l'habitude qu'on s'intéresse à elle pour des services à rendre, des heures sup' à faire ou des tournois supplémentaires à faire quand Wartob commence à lui postillonner dessus.

— Tu as l'air d'avoir l'insulte facile, peut-être même les poings faciles, bien que je n'aie jamais eu l'occasion de te voir réellement t'énerver, mais je doute que la cicatrice sur ton épaule ne soit le fruit d'une prise de bec où tu as dû en venir aux mains.

Elle bascule son regard sur la fameuse cicatrice qui balafre sa clavicule et son épaule gauche, visible à travers son débardeur. Une ligne noirâtre à cassures multiples contrastant avec sa peau si blanche qu'on la croirait morte si elle était inerte.

Les souvenirs lui reviennent en mémoire, elle semble en proie à ses remords, ou à ses démons. Le Mandalorien remarque que la jeune femme est désormais loin dans ses souvenirs.

— Si c'est trop personnel...

— C'est personnel oui, le coupe-t-elle soudainement, comme si elle était loin dans ses souvenirs mais encore alerte. Mais il est temps que j'en parle, ça commence à me peser, ces conneries.

Le bruit de la pluie s'arrête immédiatement, le bruit de fond disparaît. La mise en scène est étrange, comme si tout le monde retenait son souffle. Eowyn aussi retient son souffle. Elle n'a raconté cette histoire qu'une seule fois, même Pylar ne l'a jamais entendu. Elle inspire un grand coup en caressant la joue de l'enfant avec son pouce.

— Quand j'avais dix ans, Wartob, un Cloddogran à la tête du système des impôts de la planète, m'a envoyé chercher une taxe dans une maison un peu reculée de la capitale, de l'autre côté de la planète. J'y suis allée avec Basile, un autre esclave.

C'est la première fois qu'elle sous-entend être esclave en la présence du Mandalorien. Elle comptait sur sa langue dégourdie et son sens de l'humour pour donner l'impression d'être une femme libre, elle sait très bien qu'il ne se doutait de rien. Il ne réagit pas, ou probablement qu'elle ne le voit pas, caché par son casque.

— C'était mon meilleur ami. Je le considérais comme un frère. Il a toujours été d'une extrême gentillesse à mon égard. Il m'a appris tout ce que je sais sur la mécanique. Il a accepté de m'accompagner car c'était la première fois que je me rendais aussi loin des grandes villes. On a été surpris par un tremblement de terre provenant de la Triade, annonçant une nouvelle coulée de lave. On est tombé dans des galeries souterraines qui abritaient des dragons Loweecri. Ils sont peu agressifs d'ordinaire, mais il faut croire que débarquer dans leur habitat ne leur a pas plu du tout.

Elle fait une pause dans sa narration, le temps de reprendre son souffle. Elle parle presque trop vite. Qu'on en finisse au plus vite avec cette histoire.

— Ils m'ont mordu à l'épaule, mais nous avons réussi à sortir des grottes. Je ne savais pas que j'étais capable de courir aussi vite en perdant autant de sang en même temps. Quand nous avons enfin vu la sortie, nous y avons vu notre salut. Ils détestent la lumière, leur vision est adaptée à la noirceur des grottes. Sauf qu'il y en a un que ça n'a pas arrêté. Il s'est jeté sur Basile. Il m'a dit d'aller chercher de l'aide. J'ai couru chercher de l'aide, mais je me suis effondrée à l'entrée de la capitale. Quand je me suis réveillée, je leur ai dit d'aller aider Basile, mais ils ne sont jamais allés le chercher.

Nouvelle pause où le silence l'honore de sa présence. Elle en oublie presque la présence du petit et du Mandalorien, comme si elle était directement revenue à cette époque et qu'elle revivait la scène.

« — Qu'est-ce que je peux bien avoir à faire de Basile, lui a dit Wartob alors qu'il était assis sur une chaise à côté de son lit d'hôpital. Ce n'est même pas mon esclave. »

— Ouais, reprend-elle la parole en se parlant à elle-même. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien avoir à faire de la vie d'un esclave ? Il y en a d'autres partout dans la galaxie qui n'attendent plus que d'être vendus.

Le gamin s'est endormi sur ses jambes, c'est loin d'être le cas du Mandalorien. Il n'a pas raté une seule miette de son histoire, ni de sa décadence durant sa narration. Il ne sait pas comment réagir. Lui dire qu'il est désolé de ce qui lui est arrivé ? Aller poser une main sur son épaule en réconfort, réconfort qu'elle ne trouvera probablement jamais ? Il se doutait qu'elle avait une histoire longue comme un TB-TT, que c'était ce qui l'empêchait de quitter cette planète, mais il était loin de se douter que c'était parce qu'elle était esclave.

Elle semble doucement revenir à la réalité, puis elle bloque son regard sur sa visière.

— Désolée, je dois partir.

En moins de temps qu'il ne faut pour dire « Karabast », elle a déposé l'enfant, sans le réveiller, dans les bras du son protecteur et s'est éclipsée.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant