11 - Tensions

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Il leur a fallu deux bonnes heures pour rejoindre le village de Belokwa. Un premier train pour rejoindre Gerdyn, la capitale de la planète, et un second train pour rejoindre le village le plus proche de la Triade. Désormais, ils doivent aller jusqu'à cette dernière à pied. Les trains ne se rendent jamais très proches des volcans, la chaleur a tôt fait de les faire fondre, ou bien les coulées de lave détruisent les rails et empêchent le transport du fyrmna. C'est pourquoi, dans un rayon de vingt kilomètres autour de la Triade, c'est plutôt le terrain des autochtones de la planète.

Avant la colonisation par la République, il y a de ça déjà quelques siècles, ils étaient la seule espèce intelligente à recouvrir la surface d'Ongarth. Depuis l'arrivée des colons humains, puis de diverses espèces, ils ont été chassés et ne vivent maintenant plus que dans les alentours des volcans actifs où le reste des envahisseurs n'ose s'aventurer. Autrefois, ils vivaient dans les multiples grottes de la planète qui se sont par la suite transformées en mines. Désormais, ils ne cherchent plus à reconquérir leur planète, reconnaissant finalement que leur mode de vie encore archaïque ne saurait rivaliser avec la technologie des côlons.

Wynnie descend du wagon en bronzium délabré, ses pieds rencontrent la terre boueuse et son crâne est vite assailli par la pluie redevenue lourde.

— Karabast, ça va nous ralentir ces conneries, marmonne-t-elle en entendant le Mandalorien descendre à son tour.

Le berceau volant suit son propriétaire comme son ombre. Elle n'a pas le temps de pester une nouvelle fois contre la météo que l'homme casqué demande :

— C'est encore loin ?

— On en a pour encore trois ou quatre heures de marche. Ça dépend d'à quel point vous marchez vite. Malheureusement, la nuit tombera avant qu'on arrive. Il faudra attendre le lever du jour.

— J'ai de quoi éclairer notre chemin, rétorque-t-il. Ce ne sera pas un problème.

— Si vous souhaitez mourir, je pense que la lumière vous aidera à aller tout droit à votre destination, oui.

Le Mandalorien s'arrête dans sa marche.

— Vous êtes une adepte du sarcasme, constate-t-il.

— J'essaie de nous éviter de mourir, si vous voulez mon avis. Ce serait dommage de vous avoir fait tourner en rond pendant deux jours pour vous donner ce que vous voulez mais mourir en essayant de l'obtenir.

Il lâche un petit rire, ce qui surprend très sincèrement Wynnie.

— Non d'un Blurrg, vous êtes capable de rire.

Il ne répond rien mais secoue la tête. Elle aime à croire qu'il a un petit sourire à ce moment-là.

— Vous vous êtes donc payé ma tête, c'est bien ce que je pensais.

— Ce n'était pas contre vous. C'est juste que je m'ennuie à mourir à Vogartha.

— Pourquoi ne pas partir ? lui demande-t-il en suivant ses pas en direction de la Triade dont il aperçoit déjà l'un des sommets coniques.

— Vous ne croyez pas que je l'aurais fait si j'avais pu ? lui répond-elle par une seconde question qui n'appelle aucune réponse tant elle est évidente.

— Qu'est-ce qui vous en empêche ?

— Ce n'est pas important. Ce qui compte c'est que je ne peux pas quitter cette planète.

Elle se mure alors dans le silence, le Mandalorien ne cherche pas à en savoir plus. Il a compris que si elle lui répond de manière aussi évasive, c'est qu'elle n'a pas envie de lui en parler. Pour autant, cela l'intrigue. Une gamine mécanicienne dans un garage qui joue avec ses clients, cherche à leur extorquer des aventures dû à un manque cruel de rebondissement dans sa vie et qui semble en incapacité de trouver un moyen de quitter cette planète, il est certain que ce n'est pas qu'une question d'argent.

Wynnie a des bouffées de chaleur, ce qui est étrange étant donné qu'elle s'est toujours senti en meilleure forme lors de la saison des pluies puisque cette dernière est tempérée par rapport au reste de l'année. Elle sait éperdument que c'est à cause de cet enfant qui lévite à quelques mètres d'elle, à cause de son lien avec la Force. Même Pylar n'avait pas un lien aussi fort.

— On a encore de la route avant d'arriver au pied des volcans, se décide-t-elle finalement à reprendre la parole. Vous pourriez me payer un peu en avance et me raconter l'histoire de votre armure ? Belokwa ne porte pas de beskar et de ce que j'ai compris, l'Empire en a dépourvu votre peuple. J'en déduis donc qu'elle doit avoir une sacrée histoire.

Elle a ralenti pour être à sa hauteur mais regarde droit devant elle, comme si elle évitait de le regarder mais qu'en même temps elle essayait de combler les blancs.

— Au garage, on vous paie après réparation, non ?

Wynnie lâche un petit rire.

— J'ai compris. J'essaie simplement de faire la conversation.

— Arrêtez d'essayer.

La remarque est lourde pour Wynnie. Jamais aucun de ses clients n'a été aussi réfractaire à sa manière d'être. Si certains pouvaient être un peu bougons ou lasses, jamais ils n'avaient été désagréables. Si Wynnie voulaient lui laisser une chance, elle est désormais certaine que son air dédaigneux a écoulé cette chance.

— Vous êtes franchement désagréable. Vous devriez goûter aux algues dobartans, ça vous apprendrait à vous relaxer.

Elle se met alors à marcher plus vite. Si c'est pour se trimballer un individu pareil et sa créature liée à la Force, autant en finir au plus vite.

— On fera une pause à la nuit tombée, on s'abritera dans une des grottes car les vents sont violents la nuit et que nous sommes en terrain autochtones, ajoute-t-elle en allant toujours un peu plus vite. Ils n'ont pas trop apprécié que les côlons les chassent de leur lieu de vie alors dès qu'on traverse leur territoire, ils n'hésitent pas à s'en prendre aux passants.

Elle s'arrête de marcher et fait même demi-tour. Elle se plante devant le Mandalorien et pose un doigt sur son torse recouvert de beskar.

— Si vous voulez jouer aux casse-cous, à votre guise, mais vous ne m'emmènerez pas dans votre bêtise qui pourrait nous coûter la vie à tous les trois. Vous voulez trouver un Mandalorien ? C'est mieux d'être vivant pour ça. Vous n'aimez peut-être pas ma manière d'être, mais je suis actuellement la seule à connaître le trajet de cet abruti de Belokwa. On n'est pas obligé de parler, si c'est ce que vous voulez, mais il n'est clairement pas nécessaire d'être de la même trempe que Belokwa. Je ne vous ai pas manqué de respect à ce que je sache.

Puis elle se retourne à la volée et reprend son chemin.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant