Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...
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La lumière extérieure l'aveugle quand elle sort à toute vitesse de la salle de classe. Elle ressent la sensation de vertige et, quand elle rouvre les yeux, elle la voit très bien. Les petits bâtiments du centre-ville ne cessent de tanguer vers la droite, puis reprennent leur place initiale à chaque fois qu'elle cligne des yeux avant de vaciller, encore et encore. Des yeux mauves, du sang noir, une peau blafarde, une meilleure adaptation aux hauteurs, des facilités d'apprentissage. Eowyn ne cesse de se repasser en boucle ce que le droïde lui a appris sur les Khaalists. Un mot qu'elle a déjà entendu dans la bouche de Pylar une fois, maintenant qu'elle y repense.
La jeune femme l'avait surpris, pendant qu'il faisait les cents pas devant son vaisseau, quelques jours après avoir commencé sa formation. Elle ne lui faisait pas encore confiance à ce moment-là. Alors, quand il lui a donné rendez-vous à l'aube pour un nouveau cours théorique sur les Jedi, n'ayant pas ressenti le besoin de dormir, elle avait décidé de l'épier. Elle était arrivée au moment où il marchait de long en large sur la plateforme circulaire du garage. La pluie ne semblait pas le déranger et Eowyn l'avait entendu dire quelques phrases avant qu'il ne remarque sa présence.
« — Tu crois que je devrais lui en parler ? Elle a déjà tellement de choses à apprendre. Elle a de la chance que l'Empire ne l'ait pas découverte sur cette planète. Je dois lui inculquer rapidement les concepts de l'Ordre, qu'elle sache ce que les Inquisiteurs recherchent pour qu'elle le refoule et que la chance n'ait plus une place aussi grande dans sa survie. La culture Khaalist n'est pas une priorité. Heureusement, cette espèce apprend toujours très vite. »
À l'époque, elle n'avait rien compris à son charabia. Elle n'avait d'ailleurs pas compris que son interlocuteur était son vaisseau, l'Atlas, qui semblait être son confident. Elle sait que Pylar et elle n'étaient pas fait pour faire un bon duo maître et apprenti. Dans les circonstances actuelles, il n'essayait pas de la former, il essayait de la protéger. Il n'essayait pas de faire d'elle un Jedi, une bonne personne, il essayait de lui enseigner comment ne pas en être un. Pour que l'Empire ne la découvre jamais. C'est probablement la raison de son comportement sanguin et rébarbatif. Il n'essayait pas d'être un bon maître, respectable et respectueux, il essayait d'être le maître dont elle avait besoin à ce moment-là.
Et pourtant, même en sachant cela depuis bien longtemps, elle ne peut pas s'empêcher de le mépriser. Il a essayé d'enfouir tout ce qui fait d'elle une personne généreuse, autant qu'elle pouvait l'être malgré son statut. Un trait propre à son peuple injustement massacré. Et il savait, il savait qu'elle était une Khaalist.
— Tu savais et tu ne m'as rien dis, espèce de salaud.
Eowyn s'assied à même le sol, adossé à un bâtiment elle ne sait où dans Nevarro City après s'être éloignée de l'école sans être attentive à la direction qu'ont pris ses pas. Les gravillons gris sous elle sont pointus, ils lui piquent les jambes et les fesses. Cela a le don de la faire revenir à la réalité. La mécanicienne constate que l'enfant est à côté d'elle, ses oreilles pointues baissées et la mine triste. Il n'essaie même pas de la toucher, de l'apaiser comme il le fait d'ordinaire. Il se contente de monter sur sa cuisse pour rejoindre son ventre et l'enlace doucement. C'est alors que la jeune femme laisse échapper ses larmes.
— Je suis désolée, petite grenouille. Je suis partie en te laissant seul là-bas, je n'aurais pas dû.
Elle pose ses mains dans son dos et dépose un baiser humide sur le sommet de son crâne. Il ne semble pas lui en tenir rigueur. Probablement qu'il a ressenti toutes ses émotions.
— Tu connais les Khaalists, toi ? lui demande-t-elle en espérant qu'elle percevra quelque chose dans la Force.
Mais cette dernière ne dit plus rien. Plus rien depuis Mos Pelgo, depuis sa fuite devant le dragon Krayt. Est-ce que je me suis fermée à elle devant des évènements bien trop familiers ?
Il se passe beaucoup trop de choses dans sa tête, beaucoup trop de questions sur son présent et son passé. Tout se mélange, elle n'arrive pas à séparer les choses. Les questions affluent sans pouvoir déterminer laquelle est la plus importante, celle à poser en premier. Et à qui la poser ?
— Eowyn ! l'interpelle une voix.
Au début, elle croit à une hallucination. Elle qui ne cesse de ressasser ses souvenirs. Cette voix est un mélange de toutes les personnes qui l'ont un jour appelé. Mais c'est le casque de Din qui apparaît devant ses yeux quand elle relève la tête.
— Je vous ai cherché partout, ajoute-t-il avant de remarquer ses yeux boursouflés et encore humides. Qu'est-ce qui se passe ?
Elle ne répond pas, serrant un peu plus l'enfant dans ses bras. Elle baisse son regard sur les gravillons gris. Devant le manque de réaction de sa compagne, il entreprend de la lever en la prenant sous les bras.
— Eowyn, parle-moi.
— Vous avez fini de parler affaires ?
Décontenancé par la discordance de l'expression de son visage avec sa question, il prend quelques secondes avant de répondre.
— C'est pour ça que je vous cherchais. On doit retourner au Razor Crest. Greef et Cara sont en mauvaise posture. Ils ont besoin d'un soutien aérien.
Devant l'appel à l'aide des deux amis du Mandalorien, Eowyn se réveille. Elle laisse de côté ses questions, sa frustration, sa détresse et sa tristesse pour se concentrer sur sa nouvelle mission. Aider.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Il restait une base impériale sur Nevarro qui cachait un laboratoire. On l'a fait sauter mais les autres ont été pris en grippes par des Stormtroopers et des chasseurs TIE, explique-t-il avant d'attraper ses épaules pour qu'elle concentre son attention sur lui. Est-ce que ça va, Eowyn ?
