Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...
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La taverne est bondée. D'habitude, Wynnie arrive à déjeuner avant que la foule ne rejoigne le bar, mais RK devait être vraiment contrarié car elle a dû finir le travail toute seule. Cela lui a pris plusieurs minutes supplémentaires. Elle espère que le Mandalorien l'attend toujours, elle n'aura peut-être pas d'autre occasion d'analyser les intentions de la créature aux oreilles pointues.
— Désolée du retard, s'excuse-t-elle en s'asseyant au comptoir à côté de son client. Mon astromécano m'a fait faux bond, j'ai dû terminer toute seule.
— Difficile de se fier à ces tas de ferraille, se contente de répondre le Mandalorien alors que le petit essaie encore d'attirer le regard de Wynnie.
Elle tente d'y faire abstraction en se concentrant sur les paroles de l'homme en armure.
— Une mauvaise expérience avec les droïdes ? le questionne-t-elle en remerciant Dob qui lui sert son assiette habituelle. Vous savez, il ne faut pas tous les mettre dans le même panier, y en a des sympas.
Il se contente de déposer une bourse et d'orienter sa tête de telle manière qu'elle a l'impression qu'il la regarde, avec une certaine impatience. Elle veut bien y croire, elle le fait tourner en bourrique depuis hier soir.
— Est-ce que ça suffira pour payer vos informations ? Tout a un prix de nos jours.
Wynnie ne cherche même pas à regarder dans la bourse, elle sait déjà qu'elle est pleine de crédits républicains en or. Elle est alors en proie à un dilemme : accepter cette bourse qui mettra un coup d'accélération à ses économies ou lui demander de lui raconter une de ses aventures. Elle affectionne plus les histoires que l'argent, bien que l'argent puisse un jour lui permettre de vivre ses propres aventures. Elle rapproche la bourse de son propriétaire.
— J'aimerais être payée autrement qu'en crédit.
Elle imagine bien son client hausser les sourcils. Elle ne saura jamais sa réaction derrière son casque.
— Qu'est-ce que vous voulez ?
— Votre armure.
— Elle n'est pas à vendre.
— Je voudrais que vous me racontiez son histoire.
Silence dans les gradins. Même les autres brigands de la taverne semblent s'être calmés car on n'entend plus que des chuchotis. Probablement qu'ils commèrent sur la présence prolongée de ce Mandalorien comme on en voit peu. Le Mandalorien finit par répondre :
— D'accord.
Le cœur de Wynnie se met à battre plus vite, l'excitation est à son comble. Elle sourit pendant qu'il range la bourse.
— Belokwa est sur Ongarth depuis une dizaine d'années. Il vit dans un village minier à une heure de train de Gerdyn. C'est le troisième arrêt. Vous pourrez demander le chemin aux villageois, il habite un peu loin du village. Vous pouvez prendre le train ici pour rejoindre Gerdyn, ensuite vous prenez un second train en direction de la Triade.
— La Triade ? l'interroge-t-il.
— Ce sont les trois volcans de l'hémisphère nord de la planète. Ils forment un parfait triangle où s'écoulent leur lave. Le village où vit Belokwa est loin de la Triade, ne vous en faites pas.
— Vous auriez pu me dire tout ça au garage, fait-il remarquer.
— Vous n'aviez pas proposé de payer mes infos, lui rétorque-t-elle.
Elle risque un regard vers le berceau, le petit la dévisage et son malaise revient en force. Elle voit le Mandalorien quitter son siège.
— Je peux vous demander pourquoi vous le cherchez ? Vous venez le tuer ?
Peu importe la réponse, Belokwa est un abruti qui ne mérite pas qu'on se préoccupe de sa vie. Il ne se préoccupe pas de la sienne non plus. Elle cherche juste à gagner du temps pour sonder le petit.
Elle le regarde et inspire profondément. Ses oreilles se font sourdes, elle ne ressent plus rien mis à part le petit. En un clignement de paupière, tout est noir autour de lui et pourtant, cette créature est lumineuse dans la noirceur. Il la regarde encore et toujours, il semble si innocent et perdu. Ses grands yeux noirs semblent à la fois vides et remplis d'une matière infinie. Le Mandalorien apparaît devant ses yeux et tout redevient comme avant. Le bruit des gobelets qui trinquent, les discussions des clients et l'homme casqué qui s'est interposé entre l'enfant et la mécanicienne.
— Qu'est-ce que vous faites ?
— J'essaie de sonder votre créature de compagnie.
Autant la jouer franc-jeu, les gens se méfient moins quand on leur dit la vérité.
— Il vous fait si peur que ça ? la questionne-t-il avec une voix moins dure.
— Je n'ai pas peur, se contente-t-elle de répondre sans chercher à s'étendre sur le sujet. Je n'ai jamais vu une telle créature ici, donc je me méfie.
C'est un demi-mensonge, il semble d'ailleurs le gober parfaitement.
— Je peux le comprendre.
Wynnie lâche un petit rire. C'est cela, fait comme si tu comprenais.
— Une dernière chose avant que vous partiez, le retient-elle par le bras. Je ne sais pas si vous êtes tous de gros cons, les Mandalorien, mais Belokwa en est un assez bien bâti. Il est très asocial, désagréable et n'hésitera pas à vous menacer de vous brûler le visage s'il vous dit de le laisser tranquille et que vous refusez. Faites attention.
Il hoche la tête avant de quitter la cantina en compagnie de son berceau volant. Le malaise s'amenuise au fur et à mesure qu'ils s'éloignent. Pour autant, le petit est très puissant. Elle n'a pas réussi à aller bien loin. Soit c'était parce qu'il a volontairement bloqué la connexion, soit parce qu'il est tellement inexpérimenté qu'il ne sait pas quand s'ouvrir et quand se fermer à la Force.
