52 - Ce qu'elle ressent

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Assise sur le cockpit, Eowyn s'assure qu'il est bien hermétique. La boîte de chauffage est en miettes, il sera impossible d'avoir un endroit chauffé où se mettre à l'abri la nuit, mais quand elle aura remis le moteur en état de marche, tout le monde pourra se réfugier dans le cockpit pour faire le voyage jusqu'à une planète où il y aura un garage et du matériel pour réparer le vaisseau.

Din est en face d'elle et lui tend les outils quand elle en a besoin. Ils ne se sont pas échangés plus de quelques mots depuis le début des réparations. Uniquement des banalités. Et c'est encore une banalité qui perce le vent :

— Tu n'as pas froid ? demande le Mandalorien dont le beskar a gelé par endroits.

— Ça va.

La réponse d'Eowyn est si brève qu'on pourrait la croire aussi froide que la grotte dans laquelle ils ont atterri. Elle est simplement concentrée sur son travail dont dépend la survie de chacun. Elle lève rapidement son regard sur Din dont l'absence d'expression de son casque commence à la rendre folle. J'ai l'impression d'être avec un droïde de protocole parfois.

Elle a pas mal réfléchi à ce grand froid entre eux, quand elle travaillait sur le moteur qu'elle laisse désormais reposer après l'avoir trituré de fond en comble. La mécanicienne aimerait que tout redevienne comme avant, quand elle ne sautait pas sur n'importe quelle occasion de l'enguirlander. Quand elle ne ressentait pas le besoin de voir les traits de son visage être en colère contre elle quand elle le contredit ou se sentir bête quand elle lui fait des reproches recevables. Désormais, elle en a besoin. Ce combat contre le dragon Krayt pour une simple armure nous a vraiment divisé. Elle essaie de mettre de côté l'espèce de rancoeur qu'elle ressent à chaque fois qu'elle repense à la peur qu'elle a ressentie en entendant le cri de la bête, quand elle a dû courir pour sauver sa vie. Il ne comprend pas la terreur que j'ai vécue, pour une armure qu'il ne m'autorisera jamais à porter en plus. Pour autant, elle aimerait que les choses s'arrangent. Le problème est qu'il s'est déjà excusé. Qu'espère-t-elle obtenir de plus ?

— Je suis désolée, Din.

Il lève sa visière vers elle. Elle aimerait voir de la surprise refléter sur le casque.

— De quoi tu t'excuses ?

— De cette distance entre nous. J'aimerais oublier que ton obsession pour ton credo qui a failli me coûter la vie, mais c'est dur.

Il ne dit rien. Il doit être vexé. Eowyn aimerait qu'il le soit, un peu comme elle-même l'est.

— Je ne sais pas quoi te dire de plus, Eowyn. Je me suis déjà excusé.

— Je sais, je ne te demande pas de t'excuser encore.

Elle aimerait lui expliquer ce qu'elle a ressentie, qu'il comprenne que c'est l'une de ses plus grandes peurs, que son passif avec Basile et le dragon Loweecri ne s'effacera pas de sa mémoire en claquant des doigts, de même que sa peur. En repensant au corps de Basile, allongé dans la boue ensanglantée, elle sent les larmes lui monter aux yeux. C'était il y a si longtemps et ça me hante encore. Eowyn le croit trop brute de décoffrage pour ne serait-ce qu'envisager de penser à tout ça. Mais elle se trompe.

— Est-ce que tu veux me parler de ce que tu ressens ? lui demande-t-il finalement.

Elle s'arrête dans sa besogne, surprise. Elle toise sa visière qu'elle voudrait faire fondre avec son soudeur.

— Si tu en as envie, bien sûr.

Une colère sourde s'agite dans son ventre. Pourquoi ne m'a-t-il pas posé la question avant de s'engager auprès de Mos Pelgo ?

— Ce que je ressens, c'est de l'incompréhension, en plus de la colère. Je ne comprends pas pourquoi tu m'as forcé à te suivre dans cette histoire.

— Je pense que tu aurais trouvé un moyen de me reprocher de ne pas l'avoir fait.

Son visage se défigure, offensé.

— Tu crois vraiment que j'aurais fait ça, alors que je t'ai bien dit que je ne voulais rien avoir à faire avec le dragon ? Après t'avoir montré avec véhémence à quel point il me terrifiait ?

Il inspire un grand coup avant de répondre.

— Je sais que tu rêves d'aventures. À force d'écouter celles de tes clients pour échapper à ta réalité sur Ongarth, quoi de plus normal. Je t'ai déjà empêché de sortir du vaisseau, une fois sur Todorim. Peut-être aurais-tu aimé te battre avec moi contre les hommes de Gor Koresh, tu les aurais battus à plate couture sans ton plâtre. Mais pour ta sécurité, je t'ai emprisonné dans le Razor Crest. Exactement ce qu'un ancien esclave ne veut pas vivre, j'imagine. Alors quand j'ai vu ton excitation pour Tatooïne, ta capacité à t'adapter aux conditions météorologiques sans aucune difficulté, toi qui ne rêves que de liberté, je ne me voyais pas te laisser dans un village sans surveillance avec ton plâtre. Enfin, je pensais que tu aurais besoin de beaucoup plus de temps pour te remettre de ta fracture. Si j'avais su ça, je ne t'aurais pas forcé à venir avec nous. Au fond, j'espérais que malgré tes réticences, tu verrais cela comme une aventure. J'avais tort il faut croire.

Réellement déconcertée par la réflexion du Mandalorien qui laisse bien moins à désirer que sa réputation de gros bras ne le prétend, Eowyn ne sait pas quoi répondre sur le moment.

— J'aurais pu rester avec les enfants aux villages, on aurait fait des jeux tous ensemble jusqu'à ce que vous reveniez.

Elle regrette tout de suite cette phrase, ce n'est même pas ce qu'elle aurait voulu lui dire. Elle voulait le remercier d'avoir pensé à elle de cette manière, plutôt que de lui donner des éventualités d'une situation dont on ne reviendra pas en arrière. Pourquoi ressasser ce qu'on ne peut changer ?

— Pardon, je ne voulais pas dire ça. Cette décision d'emmener les enfants ne venait même pas de toi. Les habitants de Mos Pelgo n'avaient aucune raison de laisser leurs enfants à une inconnue avec une jambe dans un plâtre. Je...

Elle se sent bête.

— Merci pour ta sollicitude, mais tu as mal préjugé.

Mando fait un petit geste de la tête. Je ne vois toujours pas son foutu visage.

— Enfin, non, je ne voulais pas dire ça comme ça... s'excuse-t-elle encore une fois. Bref, je commence à partir en vrille à force de me sentir bête.

Étrangement, un courant d'air, différent de celui de la grotte, l'enveloppe. Elle croit distinguer, dans la Force, un rictus qui accompagne son petit rire.

— Ce n'est pas grave. J'aurais dû être plus attentif à ton ressenti. Je t'ai mis en danger, j'en ai bien conscience. Je n'aime pas du tout te savoir en colère contre moi mais je l'accepte, c'est moi qui ai foncé tête baissée. Tu n'es plus une esclave et nous sommes compagnons de voyage, j'aurais dû prendre en compte ton avis au lieu de n'en faire qu'à ma tête. Cela ne se reproduira plus.

La colère s'amenuise dans son ventre jusqu'à disparaître totalement. Elle est stupéfiée par son discernement. Je le sous-estime bien trop.

— Merci.

Ils se toisent sans qu'elle puisse voir ses yeux. Il lui tend la main, paume vers le ciel. Elle glisse ses doigts en son creux.

— Ne sois plus fâchée s'il te plaît.

Sa voix trahit son inquiétude. Eowyn sourit, mélange de timidité et de satisfaction face à sa sollicitude.

— Je pourrais essayer l'armure ? demande-t-elle en espérant faire un peu d'humour. Enfin, si on ne l'a pas perdu un peu plus loin sur la planète pendant que tu faisais des pirouettes.

— Jamais de la vie.

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The Travel Dreamer ● Star WarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant