Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...
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Bleu contre rouge. Les étincelles tombent comme une pluie au-dessus d'elle. La peur n'est désormais plus un mot assez fort pour exprimer l'effroi d'être poursuivi par ce Sith particulièrement résolu. Et la République a beau lui avoir attitré un Jedi pour la protéger de la menace, cette menace est trop déterminée pour se laisser entraver par un moine aux principes trop peu égoïstes à son goût.
Rior Klof tient bien malgré lui, la force du Sith est impressionnante. Mais il a une mission. Protéger la Régente de Jovak attendant de pouvoir être élue Reine. L'une des dernières en lice pour accéder au trône. Presque tous ses concurrents ont été décimés. Tous des hommes, uniquement des hommes. Ce carnage n'est dû qu'à une seule et unique personne, et il est actuellement en train de le combattre.
— Sauve-toi, Klinaë !
Sa stupeur s'évapore quand elle sent la chaleur du laser effleurer sa jambe mais carboniser une partie de son pantalon. Elle se relève à la hâte et se remet à courir entre les arbres qui étaient censés la cacher. Comment a-t-il fait pour la retrouver ?
— Ne te sauve pas mon amour ! lui ordonne le Sith en essayant de garder un ton doux qu'il lui est difficile d'avoir quand il n'a pas ce qu'il veut.
Ses jambes la portent aussi loin et aussi rapidement que possible. Il faut qu'elle retourne au vaisseau, il suffirait qu'elle décolle et passe en hyperespace pour le semer. Mais Klinaë sait très bien qu'il finira par la retrouver. C'est ce qu'il a fait aujourd'hui alors qu'elle est protégée par la République.
La Régente aperçoit le vaisseau du Jedi en contre bas, bien trop loin. Son souffle lui manque et ses jambes sont coupées par sa course folle. Elle n'arrivera jamais à l'atteindre, que le Jedi ait assez d'énergie pour le retenir ou non.
— Arrête de courir.
Une main se pose sur son épaule et la fait sursauter au point de trébucher dans la terre. Etalée sur le sol, elle reconnaît les bottes de son assaillant. Son cœur est sur le point d'exploser.
— Qu'as-tu fait de Rior ?
— Il est mort.
Klinaë serre les dents.
— Pourquoi me fuis-tu de la sorte, Klinaë ? Ne m'aimes-tu plus ?
La lame rouge crépite encore dans sa main, menaçante. Mais tout ce que Klinaë arrive à faire, c'est froncer les sourcils. Elle se relève.
— Es-tu à ce point aveuglé par le Côté Obscur ? Ne vois-tu pas le mal que tu as fait ? Tu as décimé l'entièreté de mes concurrents masculins par refus de me voir monter sur le trône !
— Devenir Reine te force à former un binôme paritaire pour régner sur Jovak. Je croyais que tu m'aimais suffisamment pour ne pas te lancer dans la course. Je croyais que tu m'aimais trop pour envisager un avenir avec un autre homme !
— Je t'aimais, Bren. Je t'aimais vraiment. Mais toi non plus tu n'arrivais pas à envisager de faire de sacrifice, de te tourner vers la Lumière. Tu sais que nous, Khaalists, vénérons les Jedi. Aimer son opposé revient à trahir qui je suis au fond de moi.
— Tu n'as jamais eu besoin de suivre les préceptes de ton peuple. Tu n'avais besoin que de moi.
— Et tu n'as jamais eu besoin de toute cette puissance puisque tu avais mon amour ! Aucun de nous n'était prêt à concéder ce qui est d'une importance capitale pour l'autre. Notre amour était voué à l'échec depuis le début.
Les deux amants se contemplent, la déception mordant leur visage telle une attaque de molosse corrélien. Désormais défigurés par leurs convictions mutuelles, l'issue de cette discussion est sans appel. L'un d'eux doit mourir.
— Si je ne peux t'avoir, reprend Bren en resserrant sa prise autour de sa poignée de sabre, personne d'autre ne le pourra.
— Qu'il en soit ainsi.
Le Sith s'approche doucement de sa belle qui lui paraît toujours aussi magnifique malgré la tragédie qui se profile. Il sait qu'il sera anéanti par sa propre action, mais il le sera toujours moins en sachant qu'elle n'aura aimé personne après lui.
— Je t'aimerais jusqu'à ma mort, Klinaë.
— Je ne peux pas en dire autant.
Malgré la volonté de lui faire mal, Bren ne lui en veut pas. Il a trop de respect pour elle, pour sa nature généreuse. La seule lumière qu'il accepte dans sa vie, c'est elle. Et elle est sur le point de s'éteindre. Il pose une main sur la joue de sa bien-aimée. La lame rouge rentre dans sa poignée. Le Sith positionne cette dernière entre lui et elle, la sortie en direction de Klinaë.
— Adieu, Klinaë Darkanx, amour de mon existence.
— Adieu, Bren Wynver. Que le reste de cette existence te soit solitaire et pleine de chagrin, autant qu'à toutes les personnes à qui tu as enlevé un proche dans ta folie pour me garder à tes côtés.
— Si tel est ton désir, qu'il en soit ainsi.
Klinaë ferme les yeux, ne souhaitant pas voir son visage au moment de mourir. Mais la chaleur cuisante de la lame ne la transperce pas. Elle attend. Elle attend encore.
— Qu'attends-tu, fais-le ! lui hurle-t-elle, toujours les yeux fermés.
Le silence lui répond, alors elle se répète.
— C'est... c'est trop dur...
Quand elle ouvre les yeux, elle le voit reculer de quelques pas et finir à genoux, ses jambes étant incapables de le soutenir et les larmes baignant son visage. Ses immenses yeux orange brillent moins fort de sa folie. Klinaë doit lutter de toutes ses forces pour ne pas avoir pitié de lui.
— Vois-tu enfin ? Toute cette puissance que tu as accumulée, enseignée par le Côté Obscur, vois-tu enfin qu'elle ne t'apporte rien et qu'elle t'enlève tout ? La guerre est terminée, Bren. Les Sith ont été défaits. Rejoint la Lumière.
— Toujours à prêcher la Lumière, constate son ancien amant en riant entre deux coulées de larmes. Ma cause est perdue, Klinaë.
La Régente vient s'accroupir à côté de lui et attrape ses mains.
— Si tu te rends à la République, il y a encore de l'espoir.
Il secoue la tête.
— Peut-être... peut-être même qu'il y a encore de l'espoir pour nous deux.
Bren lève son regard. Les yeux mauves de la Régente l'hypnotisent comme au premier jour.
— Tu n'as jamais été une menteuse, mais cette fois, je sais que tu mens.
Klinaë ouvre la bouche pour répondre, pour lui dire que les hypothèses ne sont pas des mensonges mais des postulats soumis au temps et aux fluctuations de l'esprit. Elle ne peut rien lui garantir, il faudra qu'il fasse les efforts nécessaires pour revenir sur le droit chemin et pour la reconquérir. Ce sera un cheminement long qui nécessitera de la patience. Et même si l'incertitude qu'elle lui pardonne un jour reste tout autant une hypothèse, s'il a réussi à revenir vers la Lumière, alors cela sera déjà une belle rédemption. Mais Klinaë ne pourra jamais lui dire tout cela. Tout cet avenir qu'elle lui envisageait, part en fumée quand un sabre bleu travers son thorax, manquant de la brûler elle aussi.
Ses genoux sont, à leur tour incapables, de le porter et il s'étale sur le sol, dévoilant Rior derrière-lui, chancelant et blessé à l'abdomen mais toujours en vie. Klinaë baisse son regard sur son amant qui a déjà quitté ce monde, ses yeux étant devenus verts, comme autrefois quand le Côté Obscur ne s'était pas encore emparé de lui.
