Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...
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Ongarth, quelques mois avant la bataille de Yavin
Elle va chercher une taxe. Wartob l'a fait engager au garage depuis quelques années déjà mais aujourd'hui, elle doit aller chercher une taxe. Et elle déteste ça : dépouiller un villageois qui ne répond pas aux appels. Eowyn ignore bien pourquoi Wartob ne se charge pas lui-même de cela. Eowyn n'est plus aussi petite qu'autrefois et c'est son travail, outre les paris qu'il organise sur des combats d'esclaves officieux. Peut-être lui fait-il payer quelque chose qu'elle a fait ? Wartob n'a pas besoin d'une raison pour me rendre la vie infernale.
Le villageois récalcitrant n'habite pas bien loin de Vogartha, elle peut y aller à pied. Elle doit cependant traverser la montagne qui la sépare de Hoguu, le village d'à côté. Le seul moyen de s'y rendre est de passer par un tunnel, creusé à la main par des autochtones avant l'arrivée des colons, pour traverser le rempart de pierre.
La pluie ne s'est pas arrêtée depuis plusieurs jours. Et ce jour-là, de grosses gouttes tombent sur son anorak qui ne l'abrite pas autant qu'il aurait dû tant il pleut à verse. Les creux vont déborder si ça continue de cette manière. Elle sait que c'est déjà arrivé, bien qu'elle ne s'en souvienne. Elle n'était pas encore née ou alors trop petite pour s'en souvenir.
Elle atteint finalement le tunnel. Il est aussi large qu'une motojet. Autant dire qu'elle doit ramper dans ce cylindre de pierre. Elle a la chance de ne pas avoir peur des espaces confinés. Pour autant, l'idée de traverser la montagne de cette manière ne l'enchante pas. Si jamais l'eau déborde des creux, je vais me noyer.
Elle regarde l'entrée du tunnel puis se retourne pour observer le chemin qui mène à Vogartha. Elle peut voir la taverne de là où elle se trouve. Si je n'y vais pas, Wartob me fouettera.
Eowyn inspire un grand coup et prend son courage à deux mains. Elle se fraie un chemin dans le firmna qui laisse des traces noires sur sa peau et ses vêtements. Elle allume la lampe torche que lui a donnée Wartob. Elle ne voit que la roche abrupte devant elle sans en voir le fond. La montagne est assez large, à peu près un kilomètre à parcourir. Je vais y passer la matinée rien que pour l'aller.
Eowyn commence à ramper. Elle se cogne plusieurs fois la tête tant l'endroit est étroit. Elle perçoit son sang couler le long de son crâne. Elle imagine déjà les multiples plaies sur son cuir chevelu. Et alors qu'elle a parcouru une dizaine de mètres, Eowyn sent quelque chose de froid enrouler ses chevilles. Elle ne prut même pas tourner la tête pour savoir de quoi il en retourne, mais elle sait que c'est de l'eau. Cette dernière atteint finalement ses hanches puis ses coudes. La lumière de sa lampe se reflète dans la flaque sous son nez.
Ses mains se mettent à trembler. Elle ignore la distance qu'elle a parcourue mais elle ne voit pas de lumière extérieure devant elle. L'eau continue de monter.
- C'est pas vrai...
Elle essaie de reculer, ses pas étant gênés par l'eau qui imbibe ses vêtements ainsi que par le chemin loin d'être lisse. Tout est fait pour la ralentir.
Eowyn tente de ne pas paniquer. Elle essaie de toutes ses forces, de même que de reculer. Elle n'a rien à perdre à essayer de revenir sur ses pas. Finalement, son menton baigne dans l'eau qui a recouvert le reste de son corps. La jeune adolescente flotte dans l'eau et l'air va bientôt lui manquer. Soit par asphyxie, soit par noyade.
Elle profite de sa légèreté dans l'eau pour se laisser flotter. Elle pose ses mains sur les parois pour se projeter vers l'arrière, pour rejoindre l'entrée. L'eau finit par remplir l'entièreté du tunnel, elle a à peine eu le temps de prendre une dernière bouffée d'air. La pression de l'eau dans le tunnel la fait glisser plus vite vers l'extérieur. Elle essaie de ne pas paniquer. Elle essaie tellement fort alors qu'elle sent son coeur battre à toute vitesse.
Elle est finalement expulsée par le trou d'où elle était venue. Elle pensait qu'avoir gardé son calme jusqu'à ce qu'elle sorte suffirait, mais elle se trompait. Elle tombe dans une vague. Elle n'arrive pas à remonter à la surface. La fillette lâche sa lampe. Son sac à crédits, qui est attaché en bandoulière, s'échappe dans les vagues.
Elle percute quelque chose, Eowyn réussit à s'y agripper. C'est un arbre. Elle s'y accroche et remonte à la surface. Son visage est trempé, ses cheveux collés sur son crâne et son visage. Elle observe ce qui aurait dû être Vogartha. L'eau a submergé la ville. Elle ne voit plus que les piques montagneux les plus hauts entourant la ville.
Eowyn se serait demandé si Wartob s'était noyé, si l'arbre sur lequel elle se trouvait se s'était pas brisé sous la force de la pression. Sa tête passe à nouveau sous l'eau. Il y a trop de bulles et l'eau est trop sale pour y voir quelque chose. Et encore une fois, elle n'arrive pas à remonter à la surface malgré de grands gestes avec ses bras.
Quand tout l'air de ses poumons est consommé, un réflexe de respirer la prend, bien que toujours sous l'eau. Sa trachée la brûle atrocement. Elle aurait voulu pleurer mais l'inondation glaciale qui la submerge refuse que cela se voit sur son visage. Elle étouffe et elle n'a plus la force de nager.
La jeune fille se décide alors à abandonner. Elle se dit que, au moins, elle n'aura pas dépouillé un énième villageois qui n'a pas assez de crédits pour nourrir sa famille. Que Wartob ne pourra plus la forcer à faire du mal aux gens de cette manière.
La dernière chose qu'elle voit dans sa tête est le visage de tous les villageois à qui elle a pris leurs impots. La colère, la détresse, le désespoir. Je n'en serais plus jamais à l'origine.
Puis elle sent quelque chose agriper son bras et la sortir de l'eau.
♦
La trachée d'Eowyn brûle comme la lave de la Triade. Elle essaie de ne pas paniquer. Elle essaie très fort. La noirceur de l'eau lui rappelle le tunnel de firmna dans lequel elle a failli rester coincée. La froideur de l'eau semble se déverser sur son échine, c'est l'impression qu'elle a. Pourtant la vitre du Razor Crest tient bon. Le glassoverre tient bon.
Sa respiration se fait bruyante, comme si elle cherchait son air. Elle tremble de tout son être, elle a froid. Elle place ses mains sur ses bras et commence à les frictionner pour se réchauffer tout en fermant les yeux pour ne plus se projeter dans son souvenir, mais c'est pire. Elle sent des mains se poser sur ses épaules.
- Eowyn, qu'est-ce qui t'arrive ?
C'est la voix du Mandalorien. Il la secoue doucement, espérant lui faire ouvrir les yeux. Eowyn voudrait se mettre à pleurer, l'eau ne pourrait dissiper ses larmes cette fois. Puis les mains sur ses épaules glissent sur ses joues. La voyant constante dans cet état de transe effrayante, Din comprend qu'elle fait une crise de panique.
- Wynnie, regarde-moi.
Il répète sa demande, suffisamment de fois pour que le son de sa voix la fasse revenir. Elle ouvre les yeux. Ils sont baignés de larmes et il n'a aucun mal à y lire une peur irrépressible. La même qu'il a pu lire dans son regard quand il lui a demandé de le suivre pour s'attaquer au dragon Krayt. Elle est terrifiée.
- Garde ton regard fixé sur moi et écoute le son de ma voix.
Il zyeute rapidement sur les côtés sans bouger sa tête, espérant lui donner l'illusion qu'il la regarde droit dans les yeux malgré son casque, pour chercher l'enfant. Il tend son bras vers le petit qui se tient à côté d'eux et l'attrape. Il le dépose à toute vitesse dans les bras d'Eowyn. Il sait comment l'apaiser.
- Inspire et expire profondément, doucement.
Elle s'exécute, lentement, saccadant sous sa propre torpeur. Il continue de lui parler et caresse ses joues avec ses pouces gantés. Jusqu'à ce qu'un bruit métallique secoue le vaisseau, signe que le port de Trask à lancer une grue pour les sortir de l'eau.
