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Ongarth, neuf ans après la Bataille de Yavin.
Il pleut à torrents. C'est dans ces jours de pluie abondante qu'elle déteste travailler au garage. Elle s'est toujours demandé pourquoi ce garage était ouvert sur l'extérieur, sur une planète où il fait un froid glacial les trois quarts de l'année et où le quart restant est une saison des pluies diluviennes. Si elle supporte assez bien le froid, bien que ça ne soit pas sa tasse de spotchka, la pluie est pourtant une chose qui l'agace plus que les rots et flatulences de Wartob, et son odeur prend très clairement à la gorge, même des individus les plus démunis en récepteurs olfactifs.
La pluie dégouline sur ses lunettes de protection pendant qu'elle soude la coque de l'antiquité qu'est ce V-19. D'après ce que lui a révélé son détenteur, ce vieux tas de ferraille a servi de vaisseau d'assaut durant la Guerre des Clones, près de trente ans auparavant. Rien qu'à en voir l'hyperdrive de classe trois qu'il possède, à l'inverse de ses autres frères de fin de guerre, et son piteux état, elle se demande comment cette chose peut encore voler en hyperespace. Et puis, son petit cockpit entouré par deux ailes latérales et une aile ventrale inférieure possède une esthétique qu'elle n'avait jamais vue jusqu'à maintenant, et cela fait bien des années que des vaisseaux passent sous ses mains.
— Vous êtes sûr que vous ne voulez pas que je bricole un peu votre hyperpropulsion ? Ça vous empêchera de tomber en rade au milieu de la route commerciale et de vous faire exploser.
— Ça ira, jeune fille, lui répond l'Ardennien en croisant ses quatre bras sur son torse. Je suis à court d'histoire.
— Oh mais si, je suis sûre qu'il vous en reste quelques-unes à me raconter. Par exemple, j'aimerais beaucoup savoir pourquoi vous avez rebroussé chemin devant la grotte, sur Felucia. Franchement, un aventurier comme vous, ça m'étonne que vous ayez flippé.
— Eh, doucement fillette. Qui te dit que j'ai rebroussé chemin ?
Elle s'arrête de souder et relève ses lunettes sur son front afin de mieux voir son client. Malgré la pluie oppressante qui clapote fortement sur son anorak, elle arrive à percevoir l'individu qui se tient au pied du vaisseau, quelques mètres plus bas.
— Vous l'avez laissé sous-entendre.
— Je n'ai rien laissé sous-entendre. J'ai dit que j'avais finalement décidé de me concentrer sur ma mission plutôt que de divaguer à jouer aux explorateurs. Nous étions en guerre après tout, nous n'avions pas le temps de nous laisser aller à nos fantaisies.
— Donc vous n'y êtes jamais entré ? J'appelle ça rebrousser chemin.
— Tsss. J'y suis retourné après la guerre, qu'est-ce que tu crois.
Elle lâche un ricanement avant de se remettre à souder.
— Bah alors, racontez.
— Dépêches-toi de finir au lieu de continuer à me retarder.
Elle éteint alors le feu de son chalumeau et se laisse glisser le long de l'aile latérale pour rejoindre son client au pied du vaisseau. Le plastique de son anorak crisse contre la taule du bâtiment, alors elle entreprend un petit saut suivi d'un salto, à mi-chemin du sol, et atterrit sur ses deux pieds telle une voltigeuse.
— C'est bon, je vous libère. Mais si vous repassez par Ongarth, pensez à me raconter la fin de cette histoire.
— J'espère ne jamais avoir à remettre les pieds ici. J'aimerais autant éviter d'être à nouveau l'otage d'une gamine qui me fait du chantage mécanique pour connaître mes aventures.
— Oh arrêtez, vous avez adoré être écoutés, lui sourit-elle en rangeant ses lunettes dans sa poche. Par contre, si vous voulez que je vous libère pour de bon, ça fera deux cent dix crédits.
— Tu ne veux pas que je te paie avec la suite de mon histoire, finalement ?
Elle pose ses mains sur ses hanches et lui offre un regard réprobateur.
— J'aimerais autant éviter d'à nouveau vous retenir en otage en vous faisant du chantage mécanique pour connaître vos aventures. Et puis, j'ai besoin d'argent.
— Ah ça, on a tous besoin d'argent, petite Wynnie. On en a tous besoin.
Elle hoche machinalement la tête, en tendant la main.
— Balance l'oseille, papi.
— Ça va, ça va.
Il lui glisse une bourse et se dirige vers son vaisseau. Juste avant de fermer son cockpit, il lui balance quelque chose qui tinte avant de finir dans ses mains. Trente crédits.
— Pour l'oreille attentive et intéressée.
Il lui fait un salut militaire avant de se glisser dans son siège et de s'envoler dans le ciel nuageux de Vogartha. En moins de temps qu'il ne faut pour dire « karabast », il a déjà quitté l'atmosphère et n'est plus visible dans le ciel.
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The Travel Dreamer ● Star Wars
FanfictionIl y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... L'Empire n'est plus, et ce depuis plusieurs années déjà. La vie a repris son cours mais pour certains, rien n'a changé. Elle est toujours sur Ongarth, elle répare toujours des vais...