Chapitre 18. Une soirée avec la Compagnie

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Précédemment

Il n'y avait que Bilbo pour la faire sourire comme ça.

Et cette exclusive affection que vouait l'Humaine à ce petit Hobbit, Thorin ne la comprenait pas ; pis, il l'enviait.

« Bilbo est mon ami le plus cher, » finit-elle par répondre. « J'ai juré de donner ma vie pour le protéger.

— Je vois. »

Il avait parlé d'un ton très raide. Il bondit brusquement sur ses pieds et s'en alla sans autre cérémonie.

Décontenancée par ce départ soudain, Ayrèn le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière le porche des bains. Il était parti si précipitamment qu'il en avait oublié ses bottes au bord de l'eau.

« Je ne comprendrai jamais les Nains... » pensa-t-elle à voix haute.

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Fondcombe

Une semaine plus tard

Une semaine plus tard, la Compagnie était toujours à Imladris. La convalescence de Dracà-cwellere l'avait amenée à prolonger d'autant son séjour (1).

À l'exception de quelques sorties surveillées aux bains d'Imladris, Ayrèn n'avait été autorisée à quitter le dispensaire que quatre jours après sa sortie de coma. Les soigneurs, qui craignaient une récidive de l'infection au sang de Troll, l'y avaient placée sous surveillance renforcée. Fort heureusement, Ayrèn était de constitution inhabituellement coriace, et les remèdes des Elfes - de goût et d'odeur douteux - tenaient de la panacée. Chaque jour, elle recouvrait un peu plus de ses forces, sa peau retrouvait son teint d'opale, et les douleurs qui irradiaient dans le haut de son corps se dissipaient pour ne plus devenir qu'un résidu d'élancements sourds et de courbatures superficielles.

Maintenant qu'elle était de nouveau libre d'aller où bon lui semblait, Ayrèn tâcha de passer le plus clair de son temps en compagnie de Bilbo et de Gandalf... mais pas seulement.

Depuis son réveil, elle s'était surprise à apprécier la présence des Nains, bien davantage que celle des Elfes, chose qu'elle n'aurait jamais cru possible. Elle les trouvait plus francs que les Elfes et avait appris à tolérer et parfois apprécier leurs manières.

Le soir, au lieu de fumer seule dans son coin et de faire comme si les Nains n'existaient pas, elle s'asseyait à leurs côtés autour du feu et elle les écoutait discuter. Leurs conversations et leurs centres d'intérêts n'étaient pas aussi insipides que ce qu'elle avait présumé jadis, et ce qu'elle avait pris pour de la grossièreté cachait en réalité une franche camaraderie de la part des Nains ; un peu inélégante, mais pas dépourvue de bienveillance. Elle se gardait toutefois bien de s'immiscer dans les discussions des Nains, qu'elle trouvait imprévisibles et même un peu déstabilisantes. Elle avait en effet du mal à interpréter leurs réactions et leur gestuelle, ne comprenait pas les quelques mots Khuzdûl qui agrémentaient leurs conversations, et se trouvait souvent bien embêtée quand elle ne parvenait pas à déterminer une façon adaptée de leur répondre.

Les Nains se disaient entre-eux qu'elle était parfois un peu bizarre et maladroite, sans se douter des difficultés qu'elle éprouvait à les comprendre.

Ayrèn n'éprouvait toutefois pas les mêmes difficultés pour converser avec Thorin. Elle avait remarqué à quel point il s'efforçait de ne parler qu'en Langue Commune en sa présence, de limiter au maximum l'usage de l'iglishmêk quand il parlait avec elle, et de lui expliquer clairement tout ce qui concernait la culture et la coutume des Nains lorsqu'elle ne comprenait pas le sens de certaines conversations.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant