Épilogue 1

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FLOREBO QUOCUMQUE FERAR

Je fleurirai partout où je serai portée

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Quelques semaines plus tard

La Comté - Une claire soirée d'hiver

« Il fait de plus en plus froid... » grelotta Kíli en se frottant les mains.

« Tu n'avais qu'à mieux te couvrir, » lui répondit Fíli. « Allez, dépêchons-nous. Ils vont commencer sans nous si l'on tarde trop. »

Kíli poussa un gros soupir et accéléra le pas, calant son rythme sur celui de son frère aîné. La terre gelée du chemin craquait sous leurs bottes tout juste cirées. Les boutons de leur uniforme étaient blancs de givre. La lune se levait sur la Comté ; le vent du soir faisait craquer les arbrisseaux nus qui bordaient les jardins des Hobbits. Les premières lampes s'allumaient dans les demeures.

Plus bas sur le sentier, Kíli et Fíli rattrapèrent un cortège de Hobbits anonymes, qui avançaient en direction du Champ du Repos avec un lent dandinement. Ils les dépassèrent en silence et aperçurent, après un pont de pierres, le lieu du rendez-vous : un petit cimetière planté de stèles funéraires et de tilleuls, éclairé d'une vingtaine de braséros flamboyants.

Tous leurs amis étaient déjà présents : Thorin, Bilbo, Gandalf, les Nains de la Compagnie au complet. Quelques gardes Nains en armure surveillaient de loin le Roi Sous la Montagne. De nombreuses personnes avaient également fait le déplacement : Radagast le Brun, le Seigneur Elrond accompagné de quelques suivants, le Changeur de peau Beorn, et même Tauriel, qui se tenait un peu à l'écart, dans les ténèbres d'un tilleul. Bard, très occupé par la reconstruction de Dale depuis sa récente élection par les Hommes du Lac, avait envoyé la pêcheuse Donéva ainsi que quelques gardes pour assister aux funérailles. Dépêchés par Thranduil, une dizaine d'Elfes sylvains étaient également présents, étincelants sous la lumière des étoiles. Il y avait aussi des Hobbits, beaucoup de Hobbits ; il semblait que toute la Comté s'était donnée rendez-vous là. Peu manquaient à l'appel. Et personne ne parlait. À part le sifflement du vent, il n'y avait pas un bruit dans la nuit naissante.

Les deux frères traversèrent la foule silencieuse en inclinant la nuque avec respect pour saluer toutes les personnes présentes. Ils rejoignirent le carré des Sacquet, situé non loin du plus beau et du plus haut de tous les tilleuls. Devant un grand trou de terre se dressait, massif et grandiose, un sarcophage creusé dans un énorme bloc de marbre que fermait un couvercle de pierre blanche, sur lequel était taillée la silhouette d'Ayrèn en position allongée, les mains croisées sur le pommeau de son épée, à la manière des Rois. Un peu de lumière de lune passait au travers des branchages du tilleul et se mêlait à la lumière des braséros. Dans ce mélange de lumières chaudes et froides, la statue mortuaire irradiait.

La force de cette image coupa le souffle des deux frères, qui restèrent un temps figés, les yeux rivés sur le visage endormi de la statue. Il était si saisissant de ressemblance qu'une sorte de tristesse trouble s'ajouta au chagrin qu'ils éprouvaient déjà.

Ce visage de pierre, Thorin et Bilbo le fixaient aussi. Le Roi Nain, livide, presque sépulcral, était en habit de deuil, une superbe étoffe de noir et de gris qui faisait ressortir la pâleur de son visage. Il était tête nue, sans couronne mais pas sans dignité. À côté de lui se tenait le Hobbit ; il avait revêtu ses habits du dimanche et avait joliment peigné ses pieds. Derrière eux se trouvaient les Nains de la Compagnie. Ils se tenaient les uns contre les autres, le visage grave, les mains jointes devant eux, le regard habité de souvenirs.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant