Chapitre 50. Erebor : la descente aux enfers

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Précédemment

Quand le plafond fut assez haut pour qu'elle se tienne debout, Dwalin lui lâcha le bras. Elle lui donna une tape amicale sur l'épaule, et il la lui rendit. Ils avaient combattu ensemble, ce lien n'était pas aisé à briser.

Thorin surgit de l'ombre du tunnel et la rejoignit. Il posa une main aimante sur sa hanche et il la serra contre lui. Cet enlacement provoqua un petit rictus contrit chez les Nains de la Compagnie, mais personne ne trouva à y redire. Le Hobbit, par contre, regrettait de ne pas pouvoir partager la même étreinte avec Ayrèn. L'envie de tout lui révéler sur le secret de ses pouvoirs devenait de plus en plus prenante...

Rassérénée par le geste tendre de son aimé, Dracà-cwellere jeta un coup d'œil derrière elle et leva son regard sur les gravures de l'arcade. Elle y vit le trône et l'Arkenstone.

Le joyau du Roi était là, sous leurs pieds. Le dragon aussi.

L'heure était venue.

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Sur le pas de la porte secrète

Nuit tombée

« Pour rejoindre les Salles Inférieures par le Passage caché, » expliqua Balin, « rien de plus simple : au moindre croisement, il suffit de prendre le chemin qui descend. »

Le Hobbit répéta, comme pour se rassurer :

« Le chemin qui descend. Ah, c'est plutôt simple, finalement. Oui, très simple.

— Allez mon gars, vous allez vous en sortir comme un chef ! Et puis, entre nous, si Thorin est capable de se repérer là-dedans, n'importe qui le peut ! »

Bilbo pouffa nerveusement :

« Si vous le dites, pourquoi m'inquiéterais-je ? »

Il eut encore quelques petits rires crispés, puis il se mit à faire les cent pas devant l'entrée du Passage caché en respirant profondément. Balin avait beau lui avoir expliqué plusieurs fois ce qu'on attendait de lui, il lui restait au fond de l'estomac une anxiété lourde, une transe affreuse qui lui ceignait les boyaux. Le calme tardait à le retrouver, à cause de l'angoisse qui l'étreignait. C'était l'angoisse de la solitude, la peur de descendre seul dans ce sombre tunnel, où il faisait si noir que rien n'était discernable.

Profitant que Bilbo soit en train de tourner en rond sans faire attention au reste, Ayrèn se pencha furtivement vers Balin et lui demanda tout bas :

« Vous êtes sûr que je ne peux pas l'accompagner ?

— Certain, » murmura Balin. « Vous seriez de trop pour une infiltration dans les Salles Inférieures. Smaug connaît bien l'odeur des Humains, contrairement à celle des Hobbits. Et Maître Sacquet est le plus léger et le plus discret d'entre nous, sans compter qu'il est notre Cambrioleur, choisi et trié sur le volet par Gandalf ! Il devra donc y aller seul.

— Humf... » grogna-t-elle. « Je sais parfaitement comment cacher mon odeur et me faire discrète.

— Grand bien vous fasse. Mais il est prévu de longue date que le plan se déroulerait ainsi, et nous ne le changerons pas à la dernière minute. Vous êtes rodée à ce genre de chose, vous savez à quel point il est malavisé de modifier au dernier moment un plan réfléchi de longue date. »

Croisant les bras pour seule réponse, Ayrèn baissa les yeux et garda le silence. Elle savait qu'il avait raison, quoique cela ne l'empêchait pas de se rembrunir à l'idée de laisser Bilbo s'aventurer seul sous la Montagne. Devant l'imminence de son départ, elle commençait à regretter de ne pas avoir mieux profité de son ami ces derniers jours. Elle se navrait de l'avoir repoussé, d'avoir nié toute tendresse entre eux, alors que cette tendresse existait et qu'elle n'avait jamais faibli. Mais Ayrèn était quelqu'un d'orgueilleux. Il n'était pas aisé de lui faire admettre ses erreurs, grandes ou petites. Cette femme-là était une obstinée, à n'en pas douter.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant