Chapitre 21. Pris au piège !

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Précédemment

Sans un regard en arrière, Ayrèn s'en fut rejoindre Bilbo à l'intérieur de la caverne. Elle laissait derrière elle un prince Nain complètement désarçonné, et surtout, immensément vexé. Si n'importe qui d'autre qu'Ayrèn avait osé le défier de la sorte, il lui aurait coupé la tête. Au lieu de cela, il restait cloué sur place, inerte, tout à fait stupéfié qu'elle ait eu l'audace de l'intimider de la sorte. Et quelle force elle avait ! Il n'avait pas réussi à la repousser, ni même à la faire chanceler.

Maudissant son incapacité à réagir, il poussa un grognement de frustration et frappa la paroi avec le poing.

« Mais qu'est-ce qui m'arrive ? » murmura-t-il en massant ses phalanges ensanglantées.

Au fond de la grotte, Ayrèn était déjà couchée contre Bilbo. Elle tremblait littéralement de rage, sa peau avait un hérissement furieux. Quand le petit Hobbit lui chuchota doucement de se calmer et d'essayer de trouver le sommeil, elle ferma les yeux et respira à fond. Au fond d'elle, elle craignait d'être en train de redevenir cette guerrière froide, terrible et impitoyable que Bilbo avait mis dix ans à changer...

Celle qui portait en elle l'agonie de l'âme.

Le fantôme d'un péché millénaire.

La mort.

Non. Elle ne voulait plus être cette femme-là.

Et pourtant, l'aurait-il insulté une seule fois de plus...

Elle préférait ne pas y penser.

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Caverne providentielle

Milieu de la nuit

Cette nuit-là, Thorin se sentit particulièrement agité et nerveux. Il avait froid, faim et, sans toutefois vouloir se l'avouer, son bras lui faisait mal. Il savait qu'un hématome en forme de main était apparu sur son biceps. Cette seule pensée le perturbait. La force d'Ayrèn dépassait l'entendement. Jamais n'avait-il connu une telle puissance parmi le peuple des Hommes, chez une femme de surcroît, si bien qu'il commençait à douter qu'elle pût être Humaine.

Même pour une caste guerrière aussi illustre que les Framdrēorig, il lui paraissait inconcevable de pouvoir enfanter une telle guerrière...

... Une guerrière effroyablement puissante, mais surtout bornée, inconvenante, téméraire, séditieuse, susceptible, impolie ! Les qualificatifs manquaient pour décrire à quel point rien ne les destinait à s'entendre. Il savait aussi qu'elle n'hésiterait pas une seule seconde à compromettre la Compagnie si c'était pour protéger le Hobbit, et cette seule pensée le faisait frémir de rage.

Il était totalement insensé qu'il pût éprouver la moindre fascination pour elle, le moindre attachement.

Et pourtant... il avait pris conscience de la force obscure qu'elle exerçait sur lui. Un joug invisible qui le rendait faible et négligent. Il avait été incapable de réagir quand elle l'avait plaqué contre la paroi, quelques heures plus tôt.

Il se raidit en se remémorant la scène. Tûnin Razak était une femme dangereuse pour la Compagnie et peut-être encore plus pour lui-même.

Demain.

Demain, il aurait une conversation avec elle. Il la convaincrait de lui révéler le secret de sa puissance et trouverait le moyen de l'assujettir à la cause des Nains. Il ignorait encore comment, mais il finirait bien par trouver une façon de communiquer avec elle. Son comportement était problématique, mais elle était trop puissante que pour la renvoyer dans la Comté sans autre forme de procès. En revanche, si elle s'entêtait à lui désobéir, elle devrait partir.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant