Chapitre 31. L'interrogatoire d'Ayrèn

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Précédemment

Dans l'éclat vif-argent du regard de son amant, Ayrèn pouvait se représenter les Nains mourant de faim et les sujets de Durin poussés à l'exil, puis des colonnes et des colonnes de Nains parcourant la Terre du Milieu, sans logis, endeuillés, à ruminer de sombres pensées. Elle pouvait voir Erebor en cendres, et les centaines de corps carbonisés du peuple de Mahal gésir au milieu des grands halls de la Montagne.

Et elle y vit le feu du dragon.

Le feu qui lui avait tout pris.

Tout détruit.

Tout ce qu'elle pouvait espérer désormais, c'était que la Compagnie ne serait pas la prochaine à brûler.

Cet instant n'avait pas duré plus d'une seconde. Thorin avait déjà disparu de son champ de vision. Elle pouvait l'entendre vociférer de terribles insultes aux deux Elfes qui le maintenaient sous bonne garde jusqu'aux cachots.

Cet échange avec le Nain l'avait assommée. D'un unique coup d'œil, il avait pénétré au fond de son âme ; ce seul regard lui avait dit que la suite des événements dépendrait peut-être d'elle...

Elle n'en était pas aussi persuadée.

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Plateforme royale

Le Roi ne sembla pas prêter immédiatement attention à Ayrèn. Il passa d'abord une main sur son visage, et dit d'une voix recrue :

« Qu'on m'apporte de l'eau je vous prie, je suis assoiffé... »

Il leva la tête vers Legolas lorsque celui-ci s'avança vers lui :

« Ah oui, j'allais oublier. Legolas, pourquoi as-tu conduit cette Humaine ici, plutôt que de l'enfermer directement aux cachots avec les autres ? Qui est-elle ? »

Legolas fit signe aux Elfes qui maintenaient Ayrèn de s'avancer. Ils s'exécutèrent en la traînant avec eux jusqu'au milieu du cercle de runes, au-devant du trône.

« Elle était avec les Nains, père, » répondit Legolas.

« Oui, je me doute, » dit-il d'une voix lasse. « Pourquoi est-elle maintenue de la sorte ? Est-ce qu'elle te fait peur ?

— Certainement pas ! » s'écria Legolas, plus vivement qu'il ne l'avait voulu.

Il se reprit aussitôt :

« Père, je la soupçonne d'être bien plus qu'une simple roturière au service des Nains. Il a fallu quatre de nos soldats pour la maîtriser, malgré ses blessures. J'ai pensé que vous souhaiteriez échanger quelques mots avec elle... »

Le Roi Thranduil s'agita sur son siège, et Ayrèn surprit un éclair dans son œil, tel le vif éclat d'une lanterne au fond d'une grotte :

« Quatre soldats ? Étonnant, très étonnant... »

Il se leva de son trône et en descendit lentement les marches. Il s'approcha d'Ayrèn avec grâce, puis se pencha vers son visage. Contrairement à sa conversation avec Thorin, il n'eut guère besoin de s'incliner pour placer leurs yeux au même niveau ; après tout, Ayrèn et lui faisaient sensiblement la même taille. Après un instant de méditation, il plissa les yeux, et elle sentit son regard la sonder.

« Que sais-tu d'autre sur elle ? » demanda-t-il à son fils, sans la quitter des yeux.

« Elle refuse toujours de nous donner son nom... Mais elle était en possession d'une épée d'une très belle facture. »

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant