Chapitre 43. Réprobation

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Précédemment

« Dors, Thorin... » chuchota Ayrèn. « Un long voyage nous attend encore. »

Là, elle s'allongea sur le côté en se lovant contre lui, un bras en travers de son torse massif, l'autre sous sa nuque pour qu'il s'en servît comme d'un oreiller.

Il la remercia d'un baiser dans les cheveux avant qu'elle ne finît d'ajuster sa position contre lui. Il devait être encore plus fatigué que ce qu'elle pensait, car à peine fut-il assuré qu'elle resterait dormir avec lui et qu'il eut senti sa respiration tiède caresser son cou, il s'endormit. Et l'Humaine, le front penché vers le visage endormi de son amant, regardait fixement le feu, les paupières battantes. Derrière le garde-feu, les flammes baissaient, une clarté orangée se mourait, au-milieu de l'âtre devenue noire.

Puis le feu s'éteignit tout à fait, et Ayrèn tomba dans l'engourdissement de son sommeil de plomb, comblée par la chaleur presque suffocante du corps robuste étendu contre elle.

'Tic-tac, tic-tac, tic-tac...'

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Chambre de Thorin - Auberge du Gai Pêcheur

Le lendemain matin

Il y avait peu de choses plus agréables dans ce vaste monde que de se réveiller aux côtés de la personne que l'on aime. À vrai dire, Ayrèn n'aurait jamais pensé vivre un réveil comme celui-là. Mais voilà, elle ouvrit lentement les paupières, et la première image à se former sur sa rétine, après que ses yeux se furent habitués à la pâle lueur du petit matin qui filtrait à travers la lucarne faîtière, c'était le visage endormi de Thorin.

Il était paisible, détendu ; ses lèvres, légèrement entrouvertes, laissaient passer un souffle régulier et tranquille (1). Ses traits, habituellement empreints de majesté, étaient pourtant ingénus ce matin-là. Elle voyait un homme très différent de celui qu'elle connaissait, mais elle ne l'en adora que davantage.

La cheminée s'était éteinte depuis longtemps et il régnait dans la chambre un froid humide et pénétrant ; or, sous la couverture qu'elle partageait avec Thorin, où leurs jambes étaient emmêlées et leurs corps enlacés, il faisait bon, d'une tiédeur réconfortante. Elle était heureuse, bien au chaud aux côtés de l'homme qu'elle aimait. En humant son odeur mêlée à celle de la sueur, témoin de leurs longs et tendres ébats, un frisson de bonheur fourmilla sur sa nuque.

Et 'Tic-tac, tic-tac, tic-tac...', faisait tranquillement l'horloge.

Lentement, d'un geste encore lourd de sommeil, elle dégagea un bras de l'étreinte et caressa le visage du Nain, plaçant par la même occasion quelques mèches de cheveux grisonnants derrière ses grandes oreilles, toutes rondes. Les contacts ne le réveillèrent pas, mais ils lui tirèrent quelques moues contrariées. Il se mit à grommeler des mots incompréhensibles dans son sommeil.

Une phrase vaguement intelligible finit par se frayer un passage parmi les autres :

« Kíli, la prochaine fois que tu caches des baies laxatives dans le repas de mes conseillers, je te donne une fessée déculottée devant tout le Royaume... »

Ayrèn pouffa, puis cessa ses caresses.

Au même moment, Thorin ouvrit un œil en poussant un soupir endormi.

Son demi-regard s'attacha à celui d'Ayrèn. Il la fixa quelques secondes sans réagir et, quand il recouvra enfin le fil de ses pensées, un sourire radieux prit place sur ses lèvres.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant