Chapitre 26. Le Changeur de peau

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Au pied du Carrock

Quelques instants de répit

Ayrèn et Thorin rejoignirent la Compagnie au pied du Carrock, où coulait une grande rivière traversée d'un gué de galets. Kíli partit chasser pendant que les autres Nains se reposaient sur les rives de l'eau courante. Là, ils lavèrent leurs corps et soignèrent leurs blessures. Les flots prirent une étrange teinte noire où les Nains et Bilbo se baignaient ; elle se dilua plus loin dans la ravine, où l'eau faisait des clapotis contre les rochers.

À l'ombre mouchetée d'un saule, Ayrèn et Gandalf restèrent à l'écart, leur tournant le dos.

« Ma chère Ayrèn, vous avez encore fait preuve d'un grand courage, » commença Gandalf en inspectant l'aspect flétri de son grand chapeau. « J'en suis soulagé.

— Comment ça ? » demanda-t-elle en s'asseyant sur un rocher.

« Je vous ai décrite comme un Héros auprès de la Compagnie. Je suis donc soulagé de ne pas m'être avancé un peu trop vite. »

Elle plissa les yeux :

« Vous doutiez encore de moi ?

— Pas exactement, » répondit-il en tapotant le tissu de son chapeau.

Un nuage de poussières en jaillit par à-coups.

« Disons plutôt que j'étais... inquiet que vous ne reveniez pas de cette falaise. Vous êtes une bien curieuse personne, Ayrèn Framdrēorig de Forodwaith. Mais il est facile de s'attacher à vous.

— Vous n'êtes pas bien méchant non plus, vieux bouc. Même si vous attirez les problèmes comme les bouses attirent les mouches. »

Gandalf éclata d'un rire sincère et répondit :

« Ah ! Vous avez de la chance que je vous apprécie ! »

Il remit son chapeau sur sa tête et fit les gros yeux :

« ... Ou je vous aurais transformée en chèvre !

— Vous ne savez pas faire ça, » fit Ayrèn en levant un sourcil.

« Ne me tentez pas, il pourrait me venir l'envie d'essayer.

— Vous n'oseriez pas, » dit-elle d'un ton de défi.

« Non, en effet, » admit Gandalf en reprenant son sérieux. « Je n'ai pas pour habitude de jouer avec la magie. Ceux qui en abusent n'en retirent jamais rien de bon, et je ne souhaite pas être de ceux-là. »

La femme des Hommes s'étonna de ce subit changement de ton :

« Vous pensez à quelqu'un en particulier ?

— Eh bien... »

Il baissa la voix :

« Pour tout vous avouer, oui. Je pensais à quelqu'un en particulier. Quelqu'un de bien peu recommandable... »

Il la regarda d'un œil sombre.

« Ayrèn, ce que je m'apprête à vous raconter recèle de biens terribles présages. Il va sans dire que tout ce que je vous dirai dès à présent devra rester entre nous.

— Ce n'est pas votre genre de me mettre dans la confidence. Que vous arrive-t-il ?

— Je ne plaisante pas, alors tâchez de ne pas rendre tout cela plus compliqué que cela ne l'est déjà. Tiendrez-vous votre langue ? »

Troublée, Ayrèn n'eut d'autre choix que d'obéir :

« Vous avez ma parole.

— Excellent ! » se réjouit le Magicien. « Maintenant, écoutez-moi, et soyez attentive, car je ne me répéterai pas.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant