Épilogue 3

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AMOR MUNDUM FECIT

L'amour a fait le monde

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Quartier militaire d'Erebor

Dix ans plus tard

Ayrèn s'exerçait au maniement de Scathaban dans la salle d'entraînement de la Première Division d'Erebor. Elle y mettait toute son énergie, toute sa concentration. Elle enchaînait de puissants mouvements d'épaules, des torsions du poignet impressionnantes, des estocs et des parades à un rythme étourdissant, s'imaginant vivre une lutte acharnée contre des ennemis invisibles qui surgissaient de toutes parts pour l'attaquer.

Elle y était depuis des heures, sans un moment pour reprendre son souffle ni une pause pour se désaltérer. Son front ruisselait. Une goutte de sueur coula le long de son nez, et s'en alla tomber sur le gant de mithril qui recouvrait les écailles de dragon de son bras droit. À chacun de ses mouvements, le gant scintillait et envoyait des raies de lumière irisée tout autour d'elle.

Et là, dans l'immensité de la salle, des Nains de la Première Division s'entraînaient avec elle. Ils étaient en nage, ils grognaient d'épuisement. Les uns après les autres, ils tombaient de fatigue et se laissaient choir par terre, le souffle court, la poitrine sifflante et les bras en croix. Ils gémissaient et grommelaient qu'ils n'en pouvaient plus.

Cet entraînement, Ayrèn le finissait toujours seule. Personne n'avait jamais réussi à tenir son rythme endiablé jusqu'au bout.

Et comme à chaque fois, après avoir abandonné faute d'énergie pour continuer, les soldats se rassemblaient contre le mur et se laissaient glisser jusqu'au sol, où ils buvaient et mangeaient un morceau pour retrouver leurs forces. Ils en profitaient également pour observer l'entraînement de l'Humaine.

Ils la regardaient avec un œil expert, espérant apprendre le secret de sa force et de son habilité. Elle était une merveille d'épéiste, et beaucoup de ces soldats la jalousaient secrètement. Car à leurs yeux, Tûnin Razak était bien plus qu'une simple Humaine. Rompue à tous les exercices du corps, prête à toutes les bravoures, d'une intelligence aussi saisissante que ses actions, elle inspirait la crainte, un respect profond, et une vague adoration que personne ne comprenait vraiment.

Après un enchaînement de mouvements si rapide qu'il en souleva une bourrasque de vent, Ayrèn puisa dans la magie des dragons pour accélérer encore. L'afflux d'énergie fut immédiat. Ses yeux s'allumèrent d'un doré presque rouge, et son corps se mit à émettre un halo trouble et rougi. Ses gestes devinrent presque invisibles à l'œil nu, et la salle se remplit de l'écho des sifflements de Scathaban qui fusait comme une comète entre les mains d'Ayrèn.

Les Nains ne s'étonnèrent pas de ce changement. Ils avaient l'habitude de la voir ainsi. Ils étaient persuadés qu'elle était une sorte de Magicienne, et qu'elle savait user de sortilèges secrets pour devenir encore plus rapide et dangereuse qu'elle ne l'était déjà. Et si certains s'en méfiaient encore, la majorité la considérait aujourd'hui comme un don de Mahal aux Nains d'Erebor.

Ils savaient aussi que l'usage de la magie annonçait la fin de son entraînement, car elle n'utilisait jamais très longtemps cette étrange source d'énergie qui lui rougissait les yeux.

Soudain, sans attendre la fin de son mouvement, Ayrèn s'immobilisa.

Quelque chose avait attiré son attention.

Elle baissa Scathaban et tourna la tête vers la porte qui donnait sur le couloir principal du quartier militaire. Mais il n'y avait rien à voir de ce côté, si bien que les Nains restèrent confus quelques instants, surpris par ce changement subit d'attitude.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant