Précédemment
« Je vous dis solennellement : bienvenue ! Bienvenue, et encore bienvenue, Roi Sous la Montagne ! »
Des vivats et des applaudissements survoltés retentirent dans la foule comme des tambours enfiévrés. Tout Lacville ovationnait son Maître et leurs incroyables hôtes. La Compagnie exultait et partageait des regards satisfaits.
Le visage du Maître prit une expression d'ironie méchante, accentuant la courbe naturelle de sa bouche. De la sueur perlait sur son visage potelé. Il était comblé de contentement. Son humeur se fit plus joyeuse encore quand il vit l'embarras plein de terreur qui s'était installé sur la figure blêmissante du batelier. Donéva s'approcha lentement de lui ; elle lui parla tout bas en caressant son bras d'un geste amical. Loin de le réconforter, des larmes montèrent aux yeux de Bard, les faisant briller à la lueur vacillante des torches. Il arborait le visage terrifié d'un Homme qui sentait les doigts éthérés de la Mort se refermer sur sa gorge.
Une expression funeste qui convainquit Ayrèn qu'un affreux malheur se profilait sur leur chemin.
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Lacville
Peu de temps après
Le Maître ordonna en tous sens qu'on choya la Compagnie de la manière la plus délicieuse et la plus satisfaisante. Il avait décidé d'organiser un grand banquet, qui devait avoir lieu le soir-même dans la plus belle et la plus grande salle de Lacville. Les convives avaient été triés sur le volet parmi les habitants les plus loyaux à sa cause, et tout indiquait que la fête serait somptueuse.
En attendant l'achèvement des divers préparatifs, les Nains furent conduits dans leurs quartiers pour faire un brin de toilette et se changer pour l'événement. L'auberge du Gai Pêcheur avait été réquisitionnée pour les accueillir. Un établissement tout à fait respectable, offrant des prestations de qualité, inaccessibles aux maigres bourses des habitants de Lacville. De fait, il était fermé la majeure partie de l'année, et ne servait que pour héberger les quelques riches étrangers qui faisaient halte sur leur itinéraire entre les Monts de Fer et les Royaumes humains de l'Ouest, ou pour loger les émissaires du Roi Thranduil, quand ils prenaient la peine de se déplacer pour faire affaires.
Une jeune fille fluette, habillée d'une longue robe verte cintrée d'un tablier, se faufila parmi les Nains attroupés dans le hall. Elle avança jusqu'à Ayrèn et s'inclina profondément devant elle. Sa peau était couleur de miel, ses cheveux noirs d'une raideur satinée et ses longs yeux, bruns, d'une forme subtilement bridée.
« Ma Dame, j'ai été chargée de m'occuper de vous ce soir, » dit-elle avec déférence. « Je suis absolument enchantée de faire votre illustre connaissance.
— Euh... ? » fut tout ce qu'Ayrèn parvint à répondre.
L'épéiste était troublée par le physique de la servante. Elle ressemblait étrangement aux Lossoth de Forodwaith, à quelques détails près.
« Je me nomme Hàlanei, ma Dame, » poursuivit la jeune fille sans se redresser. « J'ai pris l'initiative de vous faire couler un bain chaud dans le caldarium (1) des femmes. J'espère que cette attention saura vous satisfaire.
— Ah... Je suppose que... oui ?
— Merveilleux ! » s'exclama-t-elle en se relevant. « Je vous prie de me suivre, dans ce cas ! »
Étonnée par tant d'égards, Ayrèn suivit la jeune fille en adressant un regard confus au reste de la Compagnie. Les Nains et Bilbo la regardèrent s'éloigner avec un rictus gouailleur. Elle fut tentée de leur répondre d'un geste obscène, mais se retint juste à temps.
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Dracà-cwellere, la Tueuse de dragons
FantasyUne épéiste humaine frappée d'anathème. Un conflit ancestral entre un clan de chasseurs de dragons et le peuple des Nains. Une quête extraordinaire pour la Montagne Solitaire. Un choix entre la vie qu'elle laisse derrière elle et l'aventure de toute...