Chapitre 48. Dernière nuit à Dale

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Précédemment

Balin eut un tout petit rire attendri qui fit bruisser sa cotte de mailles.

Ne comprenant pas ce nouveau revirement de ton (revirement qu'elle savait typique des Nains), Ayrèn plissa les yeux en espérant le percer à jour mais, voyant qu'elle n'y parvenait pas, elle demanda directement :

« Que voulez-vous dire ?

— Eh bien, c'est simple, » souffla-t-il faiblement. « Mes erreurs me rattrapent et, croyez bien que cela me débecte, je me dois de les assumer. Aussi respecterai-je sa décision et m'efforcerai-je de la défendre auprès du peuple. »

Pour la première fois depuis le début de cette discussion, Ayrèn fut déstabilisée. Elle le lorgna avec de gros yeux stupéfaits, à tel point que ses yeux bridés étaient devenus ronds.

Puis elle balbutia :

« Vous... vous ferez quoi ? »

Un long soupir passa, et Balin répéta lentement :

« Le jour venu, je vous soutiendrai. »

Voyant qu'Ayrèn le dévisageait toujours, il s'expliqua en lui adressant un regard navré :

« Nos ancêtres étaient de grands ennemis, Tûnin Razak. Mais nous, nous ne sommes pas obligés de l'être. »

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Campement de la Compagnie

Centre-ville délabré de Dale

Quand Thorin revint au campement ce soir-là, il fut surpris d'apercevoir de loin Ayrèn assise devant le feu, au coude à coude avec Dwalin et Balin, en train de siroter une tasse de thé fumant. Il subsistait entre eux une légère tension, qui se remarquait au petit creux qui se dessinait au milieu de leur front. Mais les deux frères comme les autres Nains toléraient sans peine la présence d'Ayrèn auprès d'eux.

Toute la journée, ils avaient pourtant développé un trésor d'ingéniosité pour éviter le regard de l'Humaine. Leurs yeux avaient pris une mobilité surprenante et s'étaient agités de toutes sortes de ruse grâce auxquelles ils avaient pu l'espionner sans jamais la regarder de face. Et à présent, ils ne fuyaient plus son visage, leurs regards s'étaient apaisés. Ils avaient même recommencé à parler avec elle.

Les Nains et Ayrèn étaient d'ailleurs en pleine conversation : ils échangeaient avec une cordialité paisible sur l'opportunité ou non de la laisser partir en éclaireur dès l'aube. Après tout, elle marchait plus vite que les Nains et affirmait pouvoir encore forcer l'allure s'il le fallait, cela ne la dérangeait pas de prendre de l'avance pour gagner du temps dans le repérage du Passage caché. Cette idée fut toutefois assez vite abandonnée car la Compagnie n'appréciait pas d'avoir à se séparer. Nul ne savait ce qui les attendait plus en avant des terres désolées de la Montagne. Il était encore possible de croiser des Orques sur leur chemin.

Au moment précis où Thorin rejoignit le cercle de la Compagnie autour du feu, la conversation en arrivait à l'itinéraire à suivre au petit matin, et Dwalin venait de gratter une allumette pour allumer la pipe qu'Ayrèn lui tendait à bout de dents. Leurs fronts se touchaient presque, la petite flammèche qui crépitait au bout de l'allumette éclairait leurs deux visages par en dessous.

Déstabilisé par l'apparence tranquille de la scène qui se déroulait devant lui, Thorin avança encore de quelques pas et s'immisça d'un coup dans la discussion :

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant